Lexa, histoire d’un deuil pas comme les autres. Du refus de la mort à l’immortalité

Lexa, histoire d’un deuil pas comme les autres. Du refus de la mort à l’immortalité

Par JACOT Clara

Le 3 mars 2016, lors de la diffusion de l’épisode 7 de la saison 3 de la série The 100, Lexa (personnage de commandante lesbienne badass) mourait tuée d’une balle perdue, peu après avoir consommé son amour avec Clarke, l’héroïne principale de la série 1. D’apparence banale dans l’univers des séries télé, cette anecdote est en fait d’une importance cruciale selon bien des points. Cet article s’intéressera à l’appropriation de sa mort par les autres personnages et par les fans, notamment à travers la pérennité de sa présence au-delà de sa mort corporelle, au sein de la série mais aussi dans les productions de fans, l’activisme lesbien et l’industrie des séries télé. Jusqu’en septembre 2020, alors que sortaient les derniers épisodes de la série, les fans réclamaient encore le retour de Lexa et un #ClexaEndGame, qui aurait été crédible d’un point de vue scénaristique, au vu des sujets touchant à l’immortalité et la réincarnation des deux dernières saisons du show. Pourtant, Jason Rothenberg (showrunner de The 100) ne la ressuscitera pas en chair et en os, comme il l’a fait pour d’autres personnages, mais elle bénéficiera bien de deux morts, trois semi-résurrections, et un deuil s’étalant sur quatre saisons, quatre longues années… Dans tous les cas, jamais une morte n’a été si vivante : rendue iconique par les fans lesbiennes d’une part, ressuscitée dans leurs fanfictions, porte drapeau d’un activisme lesbien pour la qualité des représentations LGBTQ dans les médias, mais également présente dans la série à travers une puce électronique vénérée (intelligence artificielle qui collecte et conserve l’esprit de chaque humain l’ayant portée), son personnage en est devenu immortel.

 

Des lesbiennes leaders de la Terre et d’une série : oui, mais pas trop quand même

The 100 est une série post-apocalyptique pour teenagers et jeunes adultes. Après une Troisième Guerre mondiale nucléaire, ce qu’il reste de l’humanité s’est réfugié dans l’espace et vit depuis quelques centaines d’années dans une station spatiale. Face à un manque critique d’oxygène à venir, un groupe de 100 jeunes délinquant.es est constitué et envoyé de force sur Terre pour tester la respirabilité et leur chance de survie. Parmi elleux, Clarke, jeune fille de 16 ans, personnage principal, qui va progressivement s’assumer en leader naturelle. Arrivé.es à destination, iels découvrent qu’iels ne sont pas les seul.es représentant.es de l’humanité, mais que la Terre est occupée. Les choses commencent à se gâter très rapidement avec les grounders (les « Terrien.nes »), souvent opposés aux Gens du ciel par leurs traditions respectives. Si les grounders sont tout d’abord représenté.es comme un peuple primitif et violent, il s’avère que celleux venant de l’espace ne valent finalement pas mieux : toute la série, course effrénée vers un soi-disant monde meilleur, révèle en réalité les pires instincts humains, dans une lutte âpre pour la survie. C’est en essayant de briser cette dynamique que le personnage de Lexa s’illustre. Elle est la Commandante des grounders ce qui fait d’elle le personnage au plus haut niveau hiérarchique sur Terre. Elle a gagné le droit d’être commandante lors d’une lutte à mort appelée conclave et a reçu alors l’intelligence artificielle appelée «Flamme », qui se transmet de Commandant.e en Commandant.e, et conserve leurs esprits dans une puce électronique. En plus de la Flamme qui l’aide à gouverner, Lexa est dotée d’un esprit personnel très fort, qui lui a permis de réussir à allier sous son égide les douze clans de grounders. Cette alliance, déjà fragile, va se voir bousculer par le peuple de Clarke qui introduit de nouvelles personnes, de nouvelles traditions, et de nouvelles armes. Lexa, c’est cette badass qui maîtrise aussi bien les doubles épées que la stratégie politique, qui tient en respect et vénération tous les hommes à son service, qui est juste et apparemment sans pitié, belle et forte, et lesbienne. La rencontre avec Clarke (jusqu’alors hétérosexuelle) crée des étincelles : les deux femmes se respectent et s’admirent, chacune faisant évoluer l’autre, la rendant plus forte, meilleure. Les relations de pouvoir entre elles s’alternent et s’équilibrent. C’est une relation pleine de frustrations (pour elles mais aussi pour les fans), car leur devoir de leaders les empêche d’avoir une vie intime et la relation ne commence jamais vraiment. Mais c’est également une relation saphique dont le fait même d’être saphique ne constitue dans la série aucun problème, ne crée aucune surprise ou ne justifie d’aucun arc narratif propre : l’homosexualité est en quelque sorte normale (ce qui peut expliquer en partie l’attachement des fans LGBTQ à cette histoire). Après l’épisode 02x09 2 où Lexa signifie à Clarke qu’elle a déjà aimé une femme, il faut attendre l’épisode 02x14 3 pour un premier baiser, puis après trahison, réconciliation, tuerie de masse, serment, quiproquo, arrive l’épisode 03x07. Cet épisode à haute tension cumule deux climax pour les fans de Lexa et Clexa 4 : une scène de sexe (enfin!), et tout de suite après, la mort de Lexa, tuée d’une balle perdue destinée à Clarke, tirée par son conseiller Titus. Ce dernier avait peur que la présence de Clarke ne déclenche une mutinerie et ne fasse tuer Lexa : c’est finalement sa peur et de sa main que cette dernière meurt. La scène de la mort est à la fois très courte (5 min d’épisode) et très longue (Lexa agonise pendant quelques heures, tandis que Clarke essaye de la sauver, avant de se résigner à la laisser partir), entrecoupée d’une page de pub, et Clarke et les spectateur.trices comprennent à ce moment la présence de la puce IA dans la tête des Commandant.es (sorte de justification scénaristique à la mort de Lexa). Entre la fin de la scène de sexe et la fin de l’épisode 10 minutes s’écoulent. Six minutes séparent la fin de la scène de sexe et la mort de Lexa. Finalement, en 13 minutes chrono, les scénaristes ont à la fois commencé officiellement et mis un terme à Clexa.

 

Réception située : une mort qui ne passe pas chez les fans LGBTQ

À présent que le contexte fictionnel est posé, intéressons-nous au très long et très intéressant processus de deuil que cette mort a engendré, en mobilisant les études de réception. Car les spectateur.trices de The 100 sont tout sauf un public passif consommant un contenu culturel sans pensée critique. Au contraire, on a là un bel exemple d’une réception ou d’un décodage oppositionnel5 de grande ampleur, d’une ampleur peu commune dans l’univers des séries télé. Car ce que J. Rothenberg n’avait pas anticipé en faisant mourir si vite son personnage, c’est la particularité de son public : des fans d’une part, mais surtout des fans lesbiennes, car n’oublions pas que la réception des médias est située en fonction des rapports de classe, de genre, de race, de sexualité, etc. En effet, les fans sont sûrement les plus actifs de tous les publics, car la notion de fan représente un paradoxe : le mélange entre fascination et frustration vis à vis du contenu qu’iels reçoivent puis s’approprient en créant à leur tour des contenus culturels 6. Mais les fans sont aussi un public en quête de reconnaissance sociale. Iels utilisent la création pour (re)constuire leur idéal et échapper à la vie quotidienne : le partage leur dégage des espaces de gratifications. Les fans ajoutent ainsi une dimension collective à la réception et à la production de sens. En formant des communautés, iels s’approprient et créent des ressources identitaires, mais aussi des espaces où se développent de nouvelles formes d’échange où iels expérimentent leur pouvoir d’agir. Quant aux lesbiennes, qui souffrent d’une invisibilisation dans l’espace public et dans la société en général, et ont un long chemin de construction identitaire à faire 7, se voir représentées peut être pour elles d’une importance cruciale. Bien souvent, pour les spectatrices lesbiennes comme pour les jeunes en questionnement autour de leur orientation sexuelle, les personnages de fiction sont les seules lesbiennes qu’elles connaissent, leurs seuls modèles, la seule représentation de leur vie affective. C’est pour cela que l’attachement aux personnages est si fort, et que les attentes du public lesbien sont si hautes. Or qui dit grandes attentes, dit potentiellement grandes déceptions. Mais quand les spectatrices lesbiennes en pleine construction identitaire rencontrent les joies et le potentiel du partage communautaire des activités de fan, elles trouvent alors un moyen d’exprimer et de revendiquer leur quête de reconnaissance sociale. Et inversement, c’est dans le désir de changer, renouveler, remodeler les normes télévisuelles à la lumière de leur passion, et pour certaines plus politisées, de redéfinir les normes sociétales, qu’elles puisent leur construction identitaire. Être fan et se définir lesbienne peut être alors intimement corrélé et l’on comprend l’importance des représentations fictionnelles et l’attachement parfois sans limites qu’elles provoquent. Pour les fans lesbiennes donc, la mort de Lexa et la fin de la relation Clexa, la disparition soudaine de ces deux modèles, étaient juste intolérables.

 

Appropriation artistique et politique : faire de Lexa un symbole pérenne

Pour illustrer la détresse dans laquelle les fans ont été plongées, j’ai mené une enquête de terrain sur internet, en utilisant les principes de la netnographie, et l’observation participante non intrusive. À partir de l’analyse de vidéos Youtube, de commentaires sur différentes plateformes (Twitter, Tumblr et Youtube), et de diverses productions de fans (fanfictions sur Archive of our Own [Ao3] et dessins sur Deviant Art) j’ai pu mettre en lumière l’impact énorme qu’avaient eu Lexa, sa mort, mais aussi Clexa sur les fans lesbiennes. Passés les moments d’appréhension pré-épisode, puis les premières réceptions « à chaud » qui illustrent tristesse, désespoir, déni, empathie, distanciation et colère 8, ce qui nous intéresse ici est l’appropriation de cette mort par les fans, illustrant diverses manières (traditionnelles et nouvelles) de faire face à un deuil, au sens psychanalytique du travail de deuil 9 mais aussi au sens d’ « accueil » des défunts par les vivants, comme l’entend Vinciane Despret 10. Une grande part du travail des fans consiste en un travail créatif autour de la fiction. En se basant sur les vidéos, billets, fanfictions et dessins les plus populaires sur Youtube, Tumblr, Ao3 et Deviant Art, on peut remarquer nombre de traits communs. Les premiers fanarts qui émergent sur internet sont des hommages à Lexa : dessins, vidéos, Gifs, petits textes sur le modèle d’épitaphes. Dès les jours qui ont suivi sa mort, de nombreuses vidéos Youtube ont été postées, retraçant son parcours, son amour pour Clarke, ses moments forts et ses phrases clés. Les fans rivalisent d’ingéniosité sur le montage de ces vidéos hommages et sur le choix de la meilleure musique à ajouter. Une grande part des commentaires de ces vidéos expriment les mêmes sentiments que les réactions à chaud, auxquels s’ajoute le manque, à mesure que la date de sa mort s’éloigne. Certains commentent le travail du.de la fan qui a posté la vidéo dans des termes presque toujours élogieux et accentuent la puissance du partage. « Je commence à croire que je suis débile. Seule une personne débile regarderait continuellement quelque chose qui fait clairement souffrir ! Je pleure tellement fort ! Lexa va tellement me manquer ! Super montage !!  11 » La vidéo hommage qui a le plus de vues sur Youtube12 (676 480) 13, publiée 2 mois après le 3 mars 2016, reprend un thème musical de film, en redéroulant de manière chronologique les moments forts de la vie de Lexa jusqu’à sa mort, le tout agrémenté de phrases élogieuses à son égard prononcées par d’autres personnages de la série. On peut noter que chaque année aux alentours du 3 mars, il y a un regain de vidéos postées en hommage à Lexa. Les fans célèbrent en effet les anniversaires de sa mort, comme le montrent les hashtag #1/2/3/4YearsWithoutLexa que l’on retrouve sur Tumblr notamment, et les regains de publications concernant Lexa sur les différentes plateformes à cette occasion. Une vidéo Youtube 14 publiée pour les trois ans anniversaires de sa mort se penche sur son héritage du point du vue des personnes LGBTQ, retraçant l’impact de sa mort, mais aussi tous les mouvements positifs qui en ont découlé, concluant sur le fait que Lexa et Clarke étaient « âmes sœurs ». En effet, on remarque que les 50 premières publications les plus populaires proposées, suite au seul fait de taper « Lexa » dans les moteurs de recherche de ces différentes plateformes, concernent en grande majorité Clarke ou Clexa : trente vidéos mentionnent leur relation sur Youtube, vingt dessins les représentent toutes les deux sur Deviant Art, et quarante-neuf fanfictions tournent en premier lieu autour de leur relation sur Ao3. Finalement, pour les fans, Lexa et Clexa sont éternellement liées, appuyant donc sur le côté queer du personnage mais aussi sur le fait que par le deuil d’un personnage, elles doivent faire également le deuil d’une relation. Autre fait notable : sur l’ensemble des vidéos Youtube où le nom de Lexa est mentionné, il y en a qui sont caractérisées par l’absence d’image de ce personnage. En effet, les fans jouent avec la sensation de manque et la très présente absence de Lexa tout au long de la série. Sans même forcément d’images de Lexa, ces vidéos ne font que parler d’elle et sont parmi celles qui émeuvent le plus les fans. « J’ai tellement pleuré : Je ne suis même pas gêné.e d’admettre que ça me fait pleurer. Elles sont la définition même d’âmes sœurs et cette vidéo le met en lumière magnifiquement. Elles briseront toujours mon cœur. Tout dans cette vidéo est si beau, genre je suis en admiration devant. C’est p*tain de génial, vraiment. ❤️ 15. »

Si certaines fans « acceptent » malgré tout la mort de Lexa et décident de lui rendre hommage, d’autres cherchent désespérément une fin alternative pour le personnage et pour la relation Clexa. Dans ce domaine-là, les fanfictions et les dessins devancent la vidéo, pour des raisons de moyens techniques évidents. On peut toutefois remarquer une vidéo Youtube 16 de réécriture fictionnelle qui change la scène de mort de Lexa. Grâce à un habile montage à l’aide d’autres scènes de la série, sans rapports avec Lexa, cette fan réussit à faire une vidéo très crédible où la mère de Clarke (qui est médecin) sauve Lexa et reconnaît leur amour en passant ! Dans les commentaires on remarque l’enthousiasme des fans : « OMGGGG JE SUIS EN TRAIN DE PLEURER meilleure fin alternative du monde ❤️❤️❤️ merci pour ça », « omg, c’est TELLEMENT bien monté, <3 merci d’avoir sauvé Lexa »17. Si cette pratique est souvent utilisée sur Youtube par les fans d’autres séries, le peu de moments de paix dans la série The 100 ne laisse pas grand choix de séquences heureuses à assembler pour réécrire l’histoire. C’est là qu’intervient le pouvoir de la littérature et donc des fanfictions. Sur Ao3 Lexa apparaît en tout dans 12 669 fanfictions 18, ce qui est beaucoup pour un personnage de série télé n’étant apparu que dans 17 épisodes. En comparaison, il y a 5 551 fanfictions sur Lincoln et 3 159 sur Finn (autres personnages dont la mort a provoqué une polémique dans The 100), 8 577 sur Robb Stark (mort tragique et choquante dans Game of Thrones 19) et 9 387 sur Daenerys (autre leader féminin de la trempe de Lexa qui meurt dans GoT). En comparaison d’autres personnages lesbiens de séries télés, Lexa a définitivement le plus de fanfictions chez les mortes, et bat presque toutes les vivantes à l’exception d’Alex Danvers, la sœur de Supergirl 20. En revanche, Clexa est bien la relation lesbienne canon 21 de série télévisée qui a le plus grand nombre de fanfictions, avec 11 520. Sur les 12 669 fanfictions où apparaît Lexa, 91 % parlent en fait surtout de la relation Clexa. La première date du 21 janvier 2015 (quelques jours après la diffusion de l’épisode où l’on apprend la sexualité de Lexa) et la plus récente a été mise à jour aujourd’hui (26 mai 2020, ajout d’un chapitre). Certaines, comparables à des romans, font plus de 175 chapitres. Que les fans reprennent l’univers de la série, ou fasse évoluer Clexa dans un univers alternatif, le point commun est de réécrire leur histoire pour à la fois nier la mort de Lexa, mais aussi (s)explorer une relation amoureuse qui manque de scènes physiques. Ainsi, sur ces 11 520 fanfictions autour de Clexa, 39 % sont classées « mature » ou « explicit », signifiant la présence de scènes de sexe allant de l’érotisme à la pornographie. D’ailleurs, ces dernières sont à la fois les plus lues, les plus commentées, et les plus longues. Lexa y est ici bien vivante, non plus seulement iconique, mais également au paroxysme de son incarnation. Ces fanfictions érotiques permettent de rendre visible la sexualité lesbienne, traditionnellement niée dans la société, et donc très peu ou pas fidèlement montrée dans les médias (autre grande frustration des fans lesbiennes). Concernant le fameux épisode 03x07, certaines écrivent que Lexa survit à sa blessure, d’autres que Titus la loupe, d’autres plus rares inventent un retour dans le temps, mais la grande majorité des auteures ignorent complètement l’épisode, niant sa mort et réécrivant sa vie (en même temps que leur vie). Entre les vidéos qui, reconnaissant son sort, lui rendent hommage, et les fanfictions qui inventent une vie tout à fait différente pour Lexa et son amante, pour prolonger et faire exister le plaisir des fans et nier l’épisode 03x07, il y a les fanarts dessinés. Souvent sur un format bien plus court (essentiellement une image, des fois une petite planche de BD), ces images se partagent entre les hommages et les réécritures, sans forcément prendre place clairement dans l’une des deux catégories. On note que, si Lexa est représentée le plus souvent en portraits figés sans indice spatio-temporel, Clexa est plutôt représentée par des scènes alternatives, le plus souvent physiques. Finalement si Lexa est devenue un symbole immobile et hors du temps, une icône LGBTQ et guerrière, Clexa et donc la représentation du couple est ce qui manque réellement aux fans et qui les fait utiliser le plus leur imagination. Pour les deux entrées, on trouve encore des images ajoutées la semaine dernière ; sur Youtube de nouvelles vidéos ont été ajoutées il y a quelques heures aujourd’hui (le 20 mai 2020). La particularité de ce deuil consiste donc en sa prolongation dans le temps (excessivement long pour un personnage de série télé), la pérennité, le nombre et la fréquence des créations de fans. Que ce soit dans la célébration d’un personnage iconique, ou la réécriture fictionnelle de son histoire d’amour avec Clarke, Lexa est soit devenue iconique (forme d’acceptation accueillante), soit tout simplement jamais morte (forme de négation, légitimée par le cadre fictionnel). Le travail de deuil au sens freudien n’est finalement jamais achevé par les fans, car si sa mort peut être acceptée dans certains cas, son absence et sa non-existence ne le seront jamais. Au contraire, les fans inventent une nouvelle relation au personnage défunt, qui les pousse à l’action dans la vie réelle et entretient un travail de mémoire assurant que Lexa ne tombe jamais dans l’oubli.

Car en plus du déni et de la tristesse, une très grande colère a explosé, colère que ni les scénaristes ni les actrices n’avaient anticipée : c’est en ce point-là que le deuil de Lexa est original et symbolique. Les fans lesbiennes refusent de procéder au traditionnel travail de deuil, refusent de rationaliser leurs sentiments et la mort de Lexa, mais décident plutôt d’accueillir leurs émotions et de s’en servir comme levier d’action dans la vie réelle. En faisant un beau pied de nez au cliché (trop) souvent utilisé de la fan hystérique dépassée par ses émotions (stéréotype discriminant dénoncé par les études féministes et les fans studies 22), leur colère et leur tristesse les mettent en branle et leur donne l’énergie d’empowerment nécessaire à leurs réclamations. De cette manière, Lexa ne disparaît jamais, mais commence au contraire une nouvelle forme d’existence : celle de porte-drapeau pour les droits LGBTQ dans les médias. Elle devient un symbole d’injustice et de lutte, qui aide les vivant.es à se battre pour leurs droits. En effet, sa mort a été la goutte d’eau faisant déborder le vase des frustrations des fans LGBTQ et surtout lesbiennes, réveillant les « activistes dormantes 23 » qui les habitaient. Grâce aux réseaux sociaux et à la multiplicité des capacités d’action des fans, elles ont créé une vague de protestation conséquente et efficace, regroupée sous le hashtag #Lgbtfansdeservebetter. Elles ont dénoncé le trope Bury your gays 24 avec tant de force qu’elles sont parvenues à ébranler l’industrie des séries télévisées. Entre les hashtags tendances sur Twitter, les campagnes de levée de fond pour des associations LGBTQ au nom de Lexa, l’intelligence collective 25 des fans dans la recension des représentations problématiques de personnages LGBTQ, elles ont dès mars 2016 inventé une nouvelle forme d’activisme lesbien. Devant ces dénonciations sur les réseaux sociaux, mais aussi grâce à l’aide de conventions de fans comme la Clexacon et aux preuves statistiques apportées par les fans, les scénaristes, les showrunners, les acteur.trices et les chaînes de télé ont commencé à prendre conscience de l’homophobie plus ou moins inconsciente qui frappait les personnages LGBTQ. Certain.es, se sont même engagé.es à rectifier le tir. Passée 2016, année hécatombe pour les personnages queer féminins, on enregistre désormais de moins en moins de mort.es, et toujours plus de personnages LGBTQ, avec des représentations plus diversifiées et de meilleure qualité 26. Et tout cela, à cause de la mort de Lexa, ou plutôt grâce à Lexa, qui, revenue d’entre les nombreuses mortes de 2016, est accueillie par les vivantes comme leur leader.

 

Une très présente absence : fanservice, queerbaiting 27 ou utilité scénaristique ?

Lexa est spéciale vous l’aurez compris, tout comme le créateur de la série après avoir perdu 10 000 abonné.es sur Twitter en 24 heures, reçu des lettres de menace et/ou suicidaires et peiné à maintenir son score d’audience au-dessus du million après la saison 3 28. Après de plates excuses publiques suite à l’épisode fatidique 29, J. Rothenberg décide de faire garder à Lexa une place exceptionnelle dans l’univers narratif, prolongeant son deuil jusqu’à la toute fin. Ainsi, elle ne meurt pas qu’une mais bien deux fois, et ne ressuscite jamais complètement, mais bien trois fois à moitié. Bien qu’absente des quatre dernières saisons de la série, elle y exerce une présence récurrente. Est-ce pour le showrunner l’occasion de ressusciter les fans LGBTQ, de re-susciter l’envie de regarder la série dans l’espoir d’y voir Lexa ? Est-ce pour les appâter afin de faire de l’audience, sans jamais leur donner ce qu’iels attendent ? Est-ce pour se faire pardonner de l’épisode 03x07 ? Où est ce que tout simplement, Lexa continue d’accompagner Clarke comme elle le lui a promis, d’une manière ou d’une autre, jusqu’à la toute fin ? Sûrement un peu de tout cela à la fois. Si Clarke avait fait le deuil de Finn (son premier amour, mort brutalement lui aussi) en un épisode, Lexa restera la grande relation de sa vie, dont elle ne s’est jamais entièrement remise et dont elle parlera pendant toutes les saisons suivantes de The 100. Peu de temps après sa mort, elle dira à sa mère en pleurant qu’elle l’aimait. Le personnage de Lexa laisse un grand vide, pour les fans mais aussi pour la série, car aucun.e nouveau.elle Commandant.e ne prend officiellement sa place sur Terre, et Clarke ou d’autres personnages importants porteront la puce électronique dans sa boite pendant deux saisons, au péril de leur propre vie, pour garder tout ce qui reste de Lexa. Alors qu’un de ses amis, en proie à une colère destructrice, tente de fracasser la puce, Clarke le supplie de ne pas le faire et s’écrit en sanglots : « c’est Lexa !» L’ami et les autres témoins de la scène s’arrêtent, interdits et respectueux.euses du deuil de Clarke, lui rendant la Flamme, dans sa boite 30. Lexa est donc toujours là. Son esprit vit, et tant que son esprit vit, l’espoir des fans de la retrouver un jour vit aussi. J. Rothenberg rend ainsi légitime la troisième phase du deuil psychologique ; après le déni et la colère : la négociation. On se demande si tel ou tel acte (ici tel ou tel choix scénaristique) ne pourrait pas la ramener. Cette phase de deuil, qui dans la vie réelle débouche sur une éventuelle dépression lorsque l’on se rend compte que rien ne peut ramener en chair et en os une personne décédée, est en fait totalement légitimée ici dans cet univers sériel de science-fiction. Le créateur de la série capitalise sur cet aspect pour maintenir l’espoir des fans, de ses personnages, et son chiffre d’audience. Car, comme l’a si bien dit un fan : « Une série sans LEXA, une série avec RIEN. Salut 31 », et la chute d’audience entre la saison 3 et la saison 4 l’a prouvé. Le créateur a donc trouvé un moyen de maintenir une certaine présence de Lexa sans l’actrice. Il prolonge cette négociation du deuil durant quatre saisons et demie, empêchant par cela les fans et surtout Clarke de tourner la page, puisque la possibilité d’une résurrection est réelle.

Lexa bénéficie d’une première semi-résurrection à la fin de la saison 32 : elle fait une ultime apparition dans le monde virtuel contrôlé par l’IA destructrice. Clarke utilise sur elle-même la puce des Commandant.es (IA alliée), pour rejoindre le monde virtuel avec la force et les esprits des ancien.nes Commandant.es afin de tenter de désactiver une IA ennemie. Elle croise alors Lexa, qui la sauve deux fois et lui permet de réussir ses plans. Au cours de cette rencontre virtuelle, Lexa et Clarke s’embrassent et Clarke lui dit « Je t’aime » (ce qu’elle n’avait pas fait dans la vie réelle), ce à quoi Lexa répond : « Je serai toujours avec toi. » La dernière vision que l’on a de Lexa est sa version guerrière badass : on la voit au ralenti se jeter en sautant avec ses deux épées sur une centaine d’ennemi.es, pour permettre à Clarke de désactiver l’IA ennemie. Cette semi-résurrection montre Lexa dans son intégralité, corps et âme, seulement, ce n’est pas dans le monde réel mais dans un monde virtuel qui sera détruit en même temps que l’IA ennemie. Ce faux retour de Lexa vaudra un petit sursaut d’audience à la série, mais un double déchirement pour les fans et pour Clarke, qui doivent lui dire au revoir une deuxième fois. Puis, durant deux longues saisons Lexa n’existe qu’à travers la puce, qui est laissée précieusement dans sa boite. Elle est dessinée, mentionnée, toujours regrettée, par Clarke, et par les fans. Pour ne pas perdre son public LGBTQ, Jason crée à ce moment-là une aventure entre Clarke et une autre femme, qui ne satisfait pas les fans mais a le mérite de préciser clairement que Clarke ne redevient pas hétérosexuelle. Le temps passe et Clarke se trouve une fille adoptive, avec qui elle vit seule pendant six ans, ce qui nous amène à la deuxième semi-résurrection de Lexa. La fille adoptive de Clarke, Maddie, reçoit la puce et devient Commandante à son tour. Maddie fera alors parler Lexa à travers elle, ressuscitant son esprit et donnant aux fans un faux air de réunion de famille teintée d’inquiétante étrangeté 33. Là encore, Lexa intervient dans des moments cruciaux pour Clarke, et à travers la voix de sa fille lui sauve la vie 34, lui rappelle ce qui est important, ce qu’elles s’étaient dit 35. Elle continue de veiller sur elle et de la conseiller, comme promis. Malheureusement, Clarke refuse cette inquiétante étrangeté qui consiste à entendre parler la femme aimée décédée à travers le corps, la bouche, la voix de sa fille, elle bien vivante, et oublie leurs principes. Lexa ne se fera plus entendre après cela. La puce est finalement extraite de Maddie puis détruite à la fin de la saison 6, emportant avec elle l’espoir de voir Lexa revenir d’une manière ou d’une autre. Pour un moment seulement, puisque malgré la destruction de l’objet technologique, le code de la Flamme a subsisté et peut être retéléchargé dans une autre puce. Mais malgré la pression des fans et cette longue période de négociation, Jason Rothenberg a décidé de ne pas vraiment ressusciter Lexa. L’existence de Lexa se termine bel et bien lors de la destruction totale des codes de la Flamme, dans l’épisode 13 de la dernière saison 36. Son esprit est détruit, ainsi que tous ceux des autres Commandant.es : c’est la deuxième mort de Lexa, la fin de la période de négociation légitime. Seul Sheidheda (un autre Commandant) réchappe à la destruction de la Flamme, car il avait eu la possibilité de s’incarner avant : les fans sont alors complètement déçu.es et choqué.es que la résurrection de la série soit celle d’un méchant, et non celle du personnage tant regretté. Malgré leur déception, si ce n’est leur dépression, les plus braves ou les plus crédules gardaient un espoir fou de la revoir ne serait-ce qu’une fois. Et c’est lors de l’épisode final de la série que son créateur ramène Lexa, pour sa troisième semi-résurrection. Il n’y a ici aucune vraie résurrection, Lexa elle-même n’est pas réellement présente. C’est en fait l’entité supérieure qui se charge de faire passer le test de transcendance aux humains (savoir s’iels méritent de transcender pour faire corps et esprit avec les autres espèces plus évoluées, ou bien d’être éradiqués de l’Univers) qui prend l’apparence de Lexa pour deux scènes 37. Cette entité est sensée s’incarner en un.e humain.e en fonction de l’humain.e qui passe le test. Elle s’incarne soit en son grand mentor, son grand ennemi ou son grand amour. Lorsque l’entité prend forme devant Clarke, elle s’incarne en Lexa, tout en n’étant pas elle. L’actrice est donc revenue incarner une dernière fois son personnage, tout en en jouant un autre, renouvelant une fois encore ce phénomène d’inquiétante étrangeté chez Clarke et chez les fans. Clarke se jette dans ses bras, lui disant combien elle lui a manqué, ce à quoi l’entité répond : « Je ne suis pas elle ». Et Clarke répond qu’elle sait, tout comme les fans le savent : c’est la confrontation au fait que la perte est irréversible, la fin des négociations pour le retour de Lexa. Durant le temps excessivement long de cette négociation du deuil, Jason Rothenberg aura ramené Lexa sous toutes ses formes, excepté dans son intégrité : finalement la résurrection n’aura pas lieu. Après Lexa corps et âme, mais dans un monde virtuel, Lexa sous forme d’esprit pendant quatre saisons, c’est le corps, la voix, le costume de Lexa que l’on retrouve dans cet épisode final, sans son esprit. En revanche, ce personnage rappelle Lexa s’agissant de sa position de mentor pour Clarke. Dans la première scène, Clarke échoue le test, rongée par l’amertume, la violence, la douleur, les deuils : la dépression de Clarke se manifeste ici, en quelque sorte. Lors de la seconde scène avec l’entité/Lexa, qui est aussi la scène finale, l’humanité est sauvée, une bonne partie a transcendé, exceptée Clarke, qui est punie et devra finir ses jours sur Terre. S’en suit un dialogue de fin, où malgré son échec au test, l’entité/Lexa admire cette force humaine qu’incarne Clarke, et lui donne le droit d’enfin se reposer, de vivre et non de survivre, de tourner la page sur les horreurs et les pertes. Finalement Clarke a le droit de vivre, mais pour cela échappe à la transcendance, et donc à l’immortalité et la fin de toute douleur. Elle reste purement humaine, avec ses fardeaux, ses douleurs et ses joies (quelques ami.es ont décidé de ne pas transcender pour rester avec elle jusqu’à leur mort naturelle), mais elle aura l’occasion de faire ses deuils proprement, à commencer par celui de Lexa, qui disparaît en un instant pour laisser Clarke avec les autres, avec Gaia (potentielle love interest), avec les vivants. Clarke esquisse un mouvement de surprise et de déception à la disparition de l’entité/Lexa, mais accepte finalement de se tourner vers la vie, elle qui était depuis si longtemps Wanheda, la commandante de la mort. Elle termine son deuil, accepte la perte de Lexa et arrive finalement à embrasser le credo que Lexa et elle avaient : « Life is about more than just surviving. »

 

Les fans disent donc au revoir à la série, en même temps que Clarke dit au revoir à Lexa et décide d’enfin passer à autre chose. Ce faisant, J. Rothenberg assure aux fans que Clexa était canon, il prouve officiellement que Lexa était le grand amour de Clarke et met fin aux spéculations sur le ship Bellarke. C’est un maigre lot de consolation pour les fans lesbiennes, qui auraient voulu un ClexaEndgame, mais cette « canonisation » de Clexa permet aussi d’accepter enfin sa mort. Oui Lexa était importante, Lexa était canon, il le comprend maintenant, le reconnaît. Si Lexa est canonisée fictionnellement par le showrunner, qui a entendu les fans et leur offre cette reconnaissance d’importance comme aide au deuil (de Lexa, mais aussi de la série), les fans elles l’ont en quelque sorte canonisée religieusement, depuis longtemps déjà. Pour effectuer un clin d’œil – osé – aux nombreuses références bibliques présentes dans The 100, on pourrait même dire que Lexa est la Sainte patronne des fans lesbiennes. Finalement, on est amené à faire le deuil de la série en même temps que celui de Lexa, excepté le fait que la fin de la première n’entache pas le moins du monde l’existence de la seconde. Lexa deserved better, certes, mais si le personnage a fini de remplir son rôle fictionnel auprès de Clarke comme dans la série, son fight is not over dans la vie réelle, où elle continue d’être le porte-étendard d’un activisme lesbien pour une meilleure représentativité dans les médias. Et ça, ce n’est pas près de se terminer. Finalement, grâce à l’activisme et les résultats obtenus, la pérennité et la puissance de son symbole, mais surtout l’amour, la créativité et l’engagement des fans, Lexa en est devenue immortelle.

 

  1.  Jason Rothenberg, The 100, 03x07, Thirteen, © The cw, 2014, 27:32 scène de sexe, 31:53 la balle perdue, 36:50 mort de Lexa.
  2.  Jason Rothenberg, The 100, 02x09, Remember me, 18:26.
  3.  Jason Rothenberg, The 100, 02x14, Bodyguard of lies, 28:18.
  4.  Clexa est le mot valise que les fans ont choisi pour shipper (supporter) la relation Clarke/Lexa.
  5.  Stuart Hall, « Encoding and Decoding in the Television Discourse », Paper for the Concil of Europe colloquy, Leicester, University of Birmingham, 1973.
  6.  Mélanie Bourdaa, « Les fans studies en question : perspectives et enjeux », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], n°7, 2015, http://journals.openedition.org/rfsic/1644.
  7.  Sur ce sujet voir : Anne Revillard, « L'identité lesbienne entre nature et construction », Revue du MAUSS, n°19, 2002, p. 168-182, p. 176 ; Stéphanie Arc, Philippe Vellozzo, « Rendre visible la lesbophobie », Nouvelles Questions Féministes, vol. 31, no. 1, 2012, p. 12-26 ; Raymonde Gerard, Hétérosexisme et lesbophobie, Colloque « Visibilité/invisibilité des lesbiennes », Coordination lesbienne de France, 2007.
  8.  Les résultats de l’enquête dans son intégralité sont exposés dans mon mémoire : Clara Jacot, « Bury your gays : Lexa ou la goutte de trop, réception, appropriation et activisme chez les fans lesbiennes de séries télé », Mémoire de master : études sur le genre, Université Paris 8, 2020.
  9.  Sigmund Freud, Deuil et mélancolie, Aline Weill (trad.), Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2011.
  10.  Vinciane Despret, Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent, Paris, La Découverte, « Les Empêcheurs de penser en rond », 2015.
  11.  « I'm starting to think I'm stupid. Only a stupid person would continuously watch something that clearly causes pain! I'm crying so hard! I'll miss Lexa so much!! Amazing edit!! » [notre traduction].
  12.  Foomatic21, « Leksa kom Trikru || The 100 », Youtube, 07/05/16, https://youtu.be/9CllqQLlfRI .
  13.  Tous les chiffres avancés dans ce paragraphe correspondent à mon enquête réalisée en mai 2020. Après vérification en janvier 2021, bien que les chiffres aient augmenté, les conclusions tirées de ces chiffres sont toujours les mêmes.
  14.  Lexa_Katniss, « Lexa's legacy #lexadeservedbetter », Youtube, 16/05/19, https://youtu.be/HwlnshNZhmY .
  15.  « I cried sooo much:( I’m not even embarrassed to admit this made me cry. They are the very definition of soulmates and this video showcases that magnificently. They’ll forever break my heart. Everything about this video is so beautiful, like I’m just in awe of it. It’s f*cking amazing, truly. ❤️ » [notre traduction].
  16.  Cornelia Olivia, « Clexa Alternate Ending - Abby saves Lexa », Youtube, 11/08/16, https://youtu.be/byJdM1KNy2o .
  17.  « OMGGGG I'M CRYING Best alternative ending of the world. ❤️❤️❤️ thank you for that », « This is the most beautiful thing I've ever seen », « omg, this is SO well edited. <3 thanks you for saving Lexa » [notre traduction].
  18.  Toutes les fanfictions de Lexa : https://archiveofourown.org/tags/Lexa%20(The%20100)/works .
  19.  David Benioff, Daniel Brett Weiss, Game of Thrones, © HBO, 2013, 03x09, The Rains of Castamere.
  20.  Greg Berlanti et Ali Adler, Supergirl, The cw, 2015.
  21.  Canon dans le domaine des récits de fiction signifie officiel, qui existe réellement dans l’histoire de base, qui a été écrit par le.la créateur.trice. La plupart des auteur.trices de fanfictions se positionnent donc selon le canon qu’iels respectent plus ou moins. La relation Clarke/Bellamy, par exemple, bien que tant désirée par les shippers de Bellarke, n’est pas canon.
  22.  Voir notamment les travaux d’Angela Mc Robbie comme « Settling Accounts with Subculture: A Feminist Critique », Screen Education, n°39, 1980, p. 16-34
  23.  Armelle Weil, « Vers un militantisme virtuel ? Pratiques et engagement féministe sur Internet », Nouvelles Questions Féministes, vol. 36, n°2, 2017, p. 66-84.
  24.  Trope scénaristique dénoncé par les fans lesbiennes relevant d’un inconscient homophobe des scénaristes, affectant les personnages LGBTQ mais surtout les femmes queer de la manière la plus radicale qui soit : les faire mourir souvent (plus fréquemment que les personnages hétéros), de manière violente et/ou stupide. Les années 2014, 2015 et surtout 2016 atteignent le paroxysme de ce trope avec plus de 50 % des personnages queer tués dans les séries télé étasuniennes.
  25. Selon le concept de Pierre Lévy dans L’intelligence collective : pour une anthropologie du cyberespace, Paris, La découverte poche, « essais », 1997, repris par de nombreux.euses chercheurs.euses en fan studies.
  26.  Riese, « In 2018, Lesbian and Bisexual TV Characters Did Even Better », Autostraddle, 09/01/19, https://www.autostraddle.com/in-2018-tv-got-even-better-for-lesbian-and-bisexual-characters-444171/.
  27.  Procédé communicationnel et scénaristique qui consiste à « appâter » le public queer, c’est à dire à faire croire aux spectateur.trices LGBTQ, par des stratégies audiovisuelles et commerciales, qu’il y aura un ou des personnages queer, ou une relation queer dans le contenu que les showrunners vont produire. Et bien souvent dans le rendu final, il n’y a pas ou très peu de scènes queer, ou bien elles ne correspondent pas à ce que les annonces promettaient, et que les spectateur.trices attendaient. Véritable mensonge des producteur.trices, ce procédé rapporte aux industries un public en manque de représentation qui se laisse avoir, sans se lasser d’y croire.
  28.  Scores d’audience de The 100 : https://www.spin-off.fr/audiences-serie-1374-The-100.html.
  29.  Jason Rothenberg, « The life and death of Lexa », Medium, 24/03/16, https://medium.com/@jrothenberg/the-life-and-death-of-lexa-e461224be1db#.ntmel1c0f.
  30.  Jason Rothenberg, The 100, 03x11, Nevermore, 33:22.
  31.  « A show without LEXA, a show with NOTHING. Bye » [notre traduction].
  32. Jason Rothenberg, The 100, 03x16, Perverse Instantiation : part two, 18:40.
  33.  Sophie de Mijolla-Mellor, « inquiétante étrangeté (L') », dans Alain de (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse, Hachette, 2005, p. 860-861.
  34.  Jason Rothenberg, The 100, 05x09, Sic Semper Tyrannis, 38:30.
  35.  Jason Rothenberg, The 100, 05x12, Damocles : part one, 31:10.
  36.  Jason Rothenberg, The 100, 07x13, Blood Giant, 33:53.
  37.  Jason Rothenberg, The 100, 07x16, The Last War, 15:50 première scène, 39:28 deuxième scène.