<em>Orages en terre de France</em> de Michel Pagel : une réactualisation du passé pour sauver l’avenir

Orages en terre de France de Michel Pagel : une réactualisation du passé pour sauver l’avenir

Par ABROUGUI Mohamed Anis

Charles Renouvier, qui fait paraître en 1876 Uchronie, (l’utopie dans l’histoire) : esquisse apocryphe du développement de la civilisation européenne tel qu’il n’a pas été, tel qu’il aurait pu être… 1, est l’inventeur du terme « uchronie », mais il n’est pas l’auteur de la première uchronie : C’est Louis-Napoléon Geoffroy-Château avec Napoléon apocryphe. Histoire de la conquête du monde et de la monarchie universelle, 1812-1832 2 qui a produit l’œuvre fondatrice du genre uchronique. Le néologisme de Renouvier reprend celui de Thomas More dans De optimo rei publicae statu, deque nova insula Utopia 3, utopie, en remplaçant le terme renvoyant au lieu, topos, par chronos, qui renvoie au temps. Ainsi, au lieu imaginaire, des auteurs comme Geoffroy-Château et Renouvier ont préféré le temps imaginaire et plus précisément l’Histoire imaginaire ou contrefactuelle. Leurs projets gagneraient en crédibilité en étant appliqués non dans une contrée lointaine et isolée, comme c’est le cas dans les utopies, mais dans le monde réel et dans un contexte historique précis, issu lui-même de l’Histoire réelle, ce qui impose une analyse concrète de la situation qui fera office de cadre au récit.

 

Chez Geoffroy-Château, le point de divergence se situe en 1812 pendant la campagne de Russie menée par Napoléon Bonaparte. Bonaparte adopte une stratégie plus agressive contre les russes et ne campe pas longtemps à Moscou. Ainsi, en altérant quelques détails et quelques décisions de l’Empereur des Français, l’auteur parvient, par voie de conséquence, à changer un désastre militaire en un éclatant succès. L’histoire de Bonaparte mais aussi celle du monde basculera au fil de l’intrigue. Les uchronies françaises du XIXe siècle sont fouillées du point de vue historique à tel point que Gérard Saint-Gelais critique leur écriture « à l’instar d’un manuel ou d’un livre d’Histoire 4. » Jacques Van Herp dira de l’uchronie fondatrice de Geoffroy-Château : « l’ouvrage est assez ennuyeux, ainsi qu’un livre d’histoire normal 5. » Le XXe siècle verra fleurir les uchronies de science-fiction surtout chez les Anglais et les Américains du point de vue de la production, puis chez les Français. Certaines uchronies, dites littéraires pour les démarquer de celles de science-fiction, peinent à faire valoir leurs particularités et continueront à être publiées sous couvert de SF sans y appartenir.

 

Parmi ces uchronies littéraires contemporaines, se démarque par son succès Orages en terre de France de Michel Pagel. Cette uchronie fut éditée pour la première fois chez « Fleuve Noir » dans la collection « Anticipation » dédiée à la science-fiction en 1991, rééditée en 1998 chez le même éditeur, et enfin reprise par les éditions « Les moutons électriques » en 2014 - ce qui prouve le succès et la vitalité de l’œuvre - dans leur collection « la bibliothèque voltaïque » dédiée là encore au fantastique et à la science-fiction. Orages en terre de France représente ce qu’aurait pu être la situation en France si la guerre de Cent Ans ne s’était pas achevée au Moyen-âge, devenant une guerre de presque mille ans, et opposant dans un conflit non seulement politique mais aussi religieux, la France et l’Angleterre. L’œuvre est un recueil de quatre nouvelles intitulées « Ader », « Bonsoir, maman », « Le Templier » et « L’inondation » ordonnées chronologiquement, les faits supposés avoir eu lieu respectivement en 1991, puis en 1992, ensuite en 1993, et enfin en 1995. P.J.G. Mergey affirme que « plus qu'un roman, l'ouvrage se présente comme une succession de nouvelles, une suite de saynètes 6. » Même si dans « cet ouvrage, qu'il faut bien se résoudre à appeler un recueil 7 », chaque récit est indépendant des autres, ayant son propre cadre spatio-temporel et ses propres personnages, un lien existe entre les quatre parties de l’œuvre et on ne peut comprendre la dernière sans avoir lu les trois autres. En effet, le cadre ou la situation générale de chaque texte est préparé par celui qui le précède. Ainsi, « Ader » est l’histoire d’un savant français qui tente de fabriquer une machine volante alors que cela est proscrit par l’église. Il est aidé par un ami à lui qui finit par le dénoncer en allant se confesser puisque rongé de remords en ayant participé à la construction de l’engin. Le savant est décapité mais son ami est récupéré par le gouvernement pour continuer son projet en secret. « Bonsoir, maman » se passe en territoire occupé par les Anglais et c’est l’histoire d’une réunion familiale plutôt extraordinaire : la mère malade est morte à l’hôpital mais on lui a administré un « remède » qui est censé la faire revivre pendant quelques jours encore, jours qu’elle passe auprès de sa famille. La troisième partie relate un complot du gouvernement contre un « télévangéliste » assez radical et qui a une grande influence sur la population française afin de le discréditer et ouvrir ainsi la voie à une propagande qui permette de justifier religieusement le recours aux avions dans la guerre contre les Anglais. La dernière partie, enfin, relate un chapitre de la guerre entre Anglais et Français en s’intéressant surtout au destin de quelques personnages, dont des soldats, qui finissent par se retrouver dans un même endroit, peu avant que la France ne lance sa première attaque d’avions contre les Anglais qui se sont dotés d’une armée de morts-vivants ressuscités grâce au « remède » déjà présenté dans l’intrigue concernant la mère mourante.

 

Malgré le fait que le monde décrit soit uchronique et différent du monde que nous connaissions durant les années 1990, « on se sent finalement peu dépaysé par un contexte malheureusement propre à la grande majorité des conflits connus par l'humanité et qui rappelle fréquemment la Première Guerre mondiale 8. »

« Toutes les uchronies ne présentent pas nécessairement d’événement fondateur daté 9 », affirme Eric B. Henriet. Cela dit, le point de divergence de cette œuvre peut être deviné de manière imprécise, car « nulle part, Michel Pagel ne dévoile les clefs de cette France différente. Aucun point de divergence ne nous est donné 10. » En effet, plusieurs indices dans le corps du texte renseignent le lecteur sur le fait que dans cette histoire contrefactuelle, la guerre de Cent ans ne s’est point arrêtée et que la France et l’Angleterre se livrent désormais un combat millénaire. Cela dit, P.J.G. Mergey remarque que « nous ne pouvons pas savoir si c'est l'absence d'une Jeanne d'Arc ou le génie d'un Prince noir qui a été la source de cet univers sombre et décalé 11. » Le lecteur ne peut comprendre autre chose au-delà du fait que l’auteur ait écrit son roman « en imaginant une guerre de Cent ans qui ne s'est pas arrêtée avec la victoire française de Castillon 12. »

 

Comparé à l’uchronie fondatrice de Geoffroy-Château qui suit une trajectoire dite linéaire, le récit de Michel Pagel suit une trajectoire sinueuse, pour reprendre la terminologie d’Emmanuel Carrère reprise et adoptée par Eric B. Henriet : « Linéaire, c’est Geoffroy où tous les faits et gestes de l’empereur Bonaparte suivent une logique implacable depuis la prise de Moscou jusqu’à la conquête de la terre entière 13 » ; sinueuse, c’est Michel Pagel qui place sa divergence au Moyen-âge à l’époque de la guerre de Cent ans puis fait un saut dans le temps pour décrire le monde qui résulte de cette divergence en quatre tableaux successifs datés respectivement en 1991, 1992, 1993 et enfin en 1995. L’auteur ne suit donc point pas à pas les conséquences de sa divergence, mais choisit d’en montrer certaines à une époque éloignée de la date de l’événement divergent. Bertrand Campeis et Karine Gobled notent que « l’auteur de l’uchronie peut le situer loin dans le passé et projeter son lecteur dans un futur modifié 14 » et considèrent deux types de points de divergence : « le point de divergence peut être explicite ou implicite 15. » Il est explicite dans le cas de l’uchronie du Napoléon Apocryphe dans laquelle la divergence est datée précisément et explicitée par l’auteur et c’est la décision de Bonaparte de quitter Moscou dès le début de son incendie. Il est implicite lorsque la date et la nature de l’événement divergent ne sont pas livrées au lecteur directement. Henriet ajoute à ce propos que :

 

De très nombreux textes offrent un monde qui apparaît clairement au lecteur comme alterné sans pour autant en fournir la clef, à savoir la date et l’événement précis de la divergence de l’Histoire. D’autres donnent des indications sur la période de la divergence sans être plus précis  16.

 

Ainsi, par rapport à l’uchronie fondatrice, l’uchronie de Pagel se distingue par un point de divergence implicite et une trajectoire narrative dite sinueuse à partir de ce point.

Michel Pagel, dans Orages en terres de France, développe une trame purement fictionnelle. La distance opérée entre le point de divergence placé au Moyen-âge et l’intrigue qui se déroule à la fin du XXe siècle affaiblit grandement la rigueur historique du texte puisqu’il n’est pas permis au lecteur de juger de la justesse des choix de l’auteur concernant le monde qu’il imagine. En effet, si sur les traces de Geoffroy, un lecteur averti peut faire des recherches historiques pour évaluer la plausibilité des événements de l’uchronie, cette opération ne peut être menée concernant l’œuvre de Michel Pagel car il ne livre pas les clés qui fondent ses conceptions. L’auteur nous impose le monde tel qu’il aurait pu être qu’il a imaginé sans révéler aux lecteurs la chaîne causale de sa genèse.

 

Un des traits les plus saillants entre l’histoire qui sert de fond au roman de Pagel et l’Histoire, c’est le retard technique et technologique qui frappe la civilisation européenne. Ce retard se manifeste par divers aspects :

 

Sur le plan militaire, il est étonnant de constater qu’une guerre ayant lieu durant les années 1990 fasse encore tonner le « canon 17 », qui de plus est chargé avec de la « mitraille 18 ». Les canons et la mitraille sont typiques des guerres du XIXe siècle et non du XXe. La qualification concernant les bombes conforte cette interprétation puisqu’elles sont désignées comme de « récents engins meurtriers qu’on appelait des bombes 19 » alors qu’en réalité les bombes de tout type ont été massivement utilisées dès la première guerre mondiale et à la fin de la seconde fut utilisée la bombe atomique contre le Japon.

 

Sur le plan des moyens de transport, on peut mentionner l’absence de transports aériens expliquée par l’anathème jeté par l’église concernant ce type de tentatives. On remarque aussi le déplacement de personnages du XVIIIe siècle : « Le procès et l’exécution des frères Montgolfier, une trentaine d’années plus tôt, restaient dans toutes les mémoires. Et cette… cette chose était encore pire que leur ballon 20. » En réalité, cette tentative a eu lieu en 1783. On a fait voler à l’aide d’une montgolfière un mouton, un canard et un coq en présence de la famille royale et de la cour et ces animaux seront reçus dans la ménagerie royale pour avoir participé à l’expérience. Le texte mentionne une « chose » : il s’agit d’un avion à moteur construit par le personnage Clément Ader en 1991. Or le premier vol motorisé date de 1903 grâce aux frères Orville et Wilbur Wright et les avions seront massivement utilisés en reconnaissance et pour le bombardement dès la première guerre mondiale.

 

De plus, les voitures ne sont pas bien avancées en 1991 ; on retrouve ceci au sujet du personnage Jehan Fillioux : « Il referma avec délicatesse la porte de la chambre, avant de descendre au sous-sol où l’attendait la 2 CV Citroën flambant neuve qu’il venait d’acquérir à crédit 21. » Même si la Citroën 2 CV a été produite entre le « 7 octobre 1948 et le 27 juillet 1990 22 », elle est dépassée et il n’est plus commun d’en acheter une neuve lorsqu’on est professeur comme Jehan Fillioux car « au début des années 1980, [...] elle se fait vieille et n'est plus exactement au goût du jour même si elle a su dépasser les modes et les époques 23. » Son ancien professeur et ami Clément Ader ne fait guère mieux puisque Jehan « se gara près de l’antique Panhard-Levassor que Clément ne se décidait pas à échanger contre un véhicule plus moderne 24. » Quand on sait que « Panhard & Levassor est un constructeur automobile français dont l'activité civile a été arrêtée en 1967 25 », il faut comprendre que le vieux Ader possède une voiture d’au moins 34 ans d’âge. Le fait que Jehan achète une Citroën 2 CV neuve à une date durant laquelle, en réalité, elle n’est plus produite, et que son ami possède une voiture d’un constructeur qui a arrêté son activité il y a 34 ans, nous pousse à penser que l’auteur imagine que ces deux constructeurs ont continué leur activité au-delà de ces dates, ce qui est sûr concernant la Citroën. En repoussant les limites de production de telles voitures, on peut constater qu’il exprime ce retard technologique de la civilisation européenne de manière subtile. En effet, en 1991, une Panhard-Levassor ne devrait même pas exister chez un particulier anodin, et ce serait la Citroën 2 CV qui devrait être qualifiée d’antique. Dans ce roman, la Citroën est une voiture neuve et c’est la Panhard-Levassor qui est antique. Il y a donc une sorte de glissement temporel qui s’opère dans les conceptions concernant les voitures, glissement éloquent car il traduit bien le retard des techniques dans le domaine des automobiles et de la mécanique en général.

 

Les autres volets de la science ne sont pas épargnés par le retard, puisque Jehan Fillioux déclare à son ancien professeur en 1991, là encore : « Je croyais que les recherches sur le laser étaient encouragées par l’Etat 26. » Ceci prouve qu’à la fin du XXe siècle, les européens sont encore sur la voie de la recherche d’une manière de maîtriser le laser. Or, si l’on vérifie ce qu’il en est en réalité, on retrouve que Jeff Hecht écrit ( La traduction est la nôtre ) :

 

Personne ne débat sérieusement de qui a construit le premier laser: C’était Theodore H. Maiman, qui l’a opéré pour la première fois il y a exactement 25 ans, le 16 mai 1960, à Hughes Research Laboratories à Malibu, en Californie  27.

 

Le principe du laser est théorisé au début du XXe siècle et dès les années 1970 le laser est utilisé dans l’industrie pour le micro-usinage et au début des années 1980 il sert déjà pour la lecture des codes à barre et des disques compacts avec des ordinateurs 28. Ainsi, on constate un retard d’environ un demi-siècle voire plus concernant la maîtrise de cette technologie.

 

Ce retard technique cohabite néanmoins avec une avancée technologique comparable à celle attestée en réalité pour la fin du XXe siècle sur d’autres plans. En effet, on retrouve à plusieurs reprises dans l’ouvrage de Michel Pagel la mention d’ordinateurs plus ou moins avancés comme un « ordinateur central 29 » ou un « ordinateur de bord 30 » qui commande les réglages de l’avion construit par le personnage Clément Ader. On retrouve de même l’« interphone 31 » utilisé dans les bâtiments. Même si dans le monde uchronique de Pagel le premier avion n’est construit qu’en 1991, ce première modèle possède quand même un ordinateur de bord ! Toujours au sujet des ordinateurs, on retrouve les traces du développement de logiciels comme « ces nouveaux programmes de correction d’erreurs mis au point sur les ordinateurs modernes 32 », ce qui fait référence dans la réalité aux programmes qui permettent de corriger automatiquement les fautes de grammaire et d’orthographe lorsqu’on écrit sur ordinateur.

Ce paradoxe peut s’expliquer par le message véhiculé par l’œuvre de l’auteur. Dans le roman, l’humanité est capable de construire des ordinateurs à la même époque que l’humanité dans la réalité, mais ce qui freine la technologie, c’est apparemment le pouvoir de l’Eglise. Cette hypothèse se voit confortée surtout par deux éléments : D’abord, concernant le laser, Clément Ader essaye de préparer son ami Jehan Fillioux psychologiquement avant de lui dévoiler qu’il est en train de tenter de construire une machine volante, ce qui le choquerait sûrement car ceci est interdit par la religion. Jehan Fillioux, en tentant de deviner ce que son ami veut lui dévoiler, pense au Laser :

 

[…] Je ne t’ai jamais parlé de cet endroit ni de ce que j’y fais. Ce n’est pas parce que je n’ai pas confiance en toi : c’est par prudence. Si ça peut te consoler, je n’en ai jamais parlé à personne.

- Par prudence ? Répéta Jehan, abasourdi. Je ne comprends pas.

- C’est tout à fait normal, concéda Clément.

- Il vaudrait peut-être mieux que je vous laisse.

- Pas question ! Je te connais, mon garçon : tu es plus curieux qu’un chat. Si je te permettais de repartir, tu n’arrêterais pas de te poser des questions et, tôt ou tard, tu reviendrais ici pour fouiner. Ou bien tu finirais par en parler à quelqu’un et ce serait encore pire.

- Pourquoi ? Je croyais que les recherches sur le laser étaient encouragées par l’Etat  33.

 

Ainsi, on peut comprendre implicitement que les recherches sur le Laser ont peut-être été interdites ou freinées partiellement à une époque passée puisque Jehan pense après les avertissements de son ami que ce dernier fait des recherches secrètes dans ce domaine. On peut donc comprendre qu’au fond, l’ordinateur est un élément qui en dit long sur le message véhiculé par l’auteur : les ordinateurs dans ce monde uchronique sont sans doute privés de leurs lecteurs de disque fonctionnant au laser, non que les hommes de ce monde soient moins ingénieux que ceux de la réalité, mais parce que le pouvoir politique et religieux freine et encourage les sciences à sa guise. Ensuite, si le premier avion inventé dispose d’un ordinateur de bord, c’est que comme l’église a interdit les machines volantes, les techniques ont continué à évoluer normalement dans les champs où l’église n’est pas intervenue ce qui a permis de disposer d’ordinateurs et même de correcteurs automatiques d’erreurs, mais à cause de l’église, il n’y aura pas d’avions avant 1991. Le premier avion avec un ordinateur de bord est une allégorie parfaite de ce paradoxe entre le génie humain et la bêtise du pouvoir religieux qui en restreint les limites. Par ailleurs, dans Orages en terre de France, l’intrigue développe un complot mêlant politiques et religieux qui se décident à utiliser les avions pour avoir un avantage stratégique certain contre leurs ennemis Anglais, et pour ce faire, ils éliminent un homme de religion influent et radical, Frédéric d’Arles, pour amoindrir les critiques quand le pape décidera de ne plus assimiler les tentatives de vol à de la sorcellerie alors que la France se sera déjà dotée d’une armada volante en secret en utilisant le savoir de Jehan Fillioux. Son ami Clément Ader a été pourtant décapité pour avoir transgressé les lois divines ce qui permet de montrer que l’état français respecte les lois de l’église, officiellement. Sous l’impulsion du pouvoir politique et religieux, la construction des avions se développe rapidement et tellement que le ministre qui subventionne Fillioux déclare : « Le professeur m’a affirmé qu’il travaillait sur une nouvelle version de son engin, plus rapide et plus maniable que la première. Il a bon espoir d’aboutir avant deux ans 34. » Cela montre le pouvoir qu’exercent la politique et la religion aussi bien pour freiner que pour encourager l’avancement technologique. Même si des explications directes ne sont pas livrées par l’auteur pour interpréter le retard technique concernant les voitures et l’armement sous ce même angle, on peut avancer que de manière générale, l’esprit conservateur de l’église fait que dans beaucoup de domaines, le monde uchronique est en retard par rapport au monde réel et la cohabitation d’éléments modernes comme les ordinateurs avec des éléments dépassés ne laisse pas un grand choix d’interprétations : des hommes capables de construire des ordinateurs auraient été tout à fait capables de construire des voitures plus avancées et des armes plus perfectionnées tout comme ils auraient pu inventer les avions et le rayon laser. C’est le pouvoir politique et religieux qui joue un rôle néfaste et qui est à l’origine du retard technique considérable que le lecteur remarque entre le monde du roman et le monde réel.

 

Mis à part le retard technique, le second élément saillant concernant le brassage du matériel historique dans le texte littéraire de Pagel concerne la transposition de personnages de la réalité dans son roman avec des rôles plus ou moins différents que ceux qu’ils ont assumés réellement pour jouer de ce qu’on appelle le procédé du clin d’œil au lecteur et sur la valeur symbolique de tels décalages. C’est ainsi que l’on retrouve comme roi de France un certain « Charles XI 35 », désigné par un des personnages du roman dans cette réplique par le qualificatif « grand » : « Le grand Charles avait raison. U.K. go home, il disait ! 36 ». Le prénom et la période du règne de ce roi laissent penser que c’est un double romanesque de Charles de Gaulle. L’invraisemblance historique quant à la montée au trône royal du général de Gaulle est indiscutable, et c’est pourquoi ce choix de l’auteur a surtout une valeur symbolique : une valeur patriotique. En effet, le rappel d’une marque de voiture française disparue comme la Panhard-Levasseur ainsi que la référence à un bijou tel que la Citroën 2 CV et la référence à un personnage historique comme Charles de Gaulle traduisent une volonté de la part de l’auteur d’exalter un certain nationalisme français en plantant dans le décor des éléments purement français et qui peuvent rendre fier tout lecteur portant cette nationalité. Dans la réalité, les alliés sortis vainqueurs durant la seconde guerre mondiale comptaient traiter la France en pays vaincu et projetaient même son administration, mais c’est Charles de Gaulle qui arrive à imposer la France entre les grands et à mettre en place rapidement un état centralisé qui a obligé les pays étrangers à ne plus intervenir dans les affaires internes de la France. La phrase « U.K. go home » est sans doute un clin d’œil à cette situation et à la politique de Charles de Gaulle qui n’a pas accepté la notion de « dette » envers les britanniques et a tenu à rembourser les aides financières faites à la résistance française. Il a défendu les intérêts de son pays lorsqu’il a usé du veto pour fermer la porte aux Anglais qui voulaient entrer dans la communauté économique européenne et ne s’est pas laissé influencer par le rôle joué par eux durant la seconde guerre. Dans le roman on retrouve la référence à un débarquement des Anglais au nord de la France en 1944 pour aider le pays, et à ce roi Charles qui leur demande de rentrer chez eux par la suite : le personnage garde la même attitude que l’original qui l’inspire.

 

On retrouve dans le roman un autre personnage, « Henri Castanet […] archevêque de Toulouse 37 ». C’est lui qui demande à Jehan Fillioux de reconstruire l’avion de son ami Clément Ader et lui explique la stratégie de l’église qui condamnera à mort son ami pour se laver de tout soupçon de mollesse mais qui préparera l’avènement des avions lentement mais sûrement. C’est un personnage plutôt visionnaire au sein de cette église conservatrice et qui montre un esprit assez émancipé pour un prêtre, comprenant les contraintes et les enjeux pragmatiques qui mènent les affaires de la religion. En réalité, une personne du même nom est née en 1954 et elle se lance, à 35 ans, "à fond" dans la pratique de l'aviation générale. Tour à tour breveté pilote de planeur, pilote d'avion, instructeur de vol à voile et formateur de pilotes instructeurs, il poursuit son métier d'enseignant bien au-delà du collège en créant, au Soler, un cursus aéronautique inédit au niveau national 38. Ainsi, ce personnage d’homme de religion qui permet la construction des avions en France est dans la réalité un aviateur professionnel. C’est comme si, dans un monde ultraconservateur et dominé par l’église catholique, cet aviateur aurait pu devenir prêtre, mais garder au fond de lui cette passion du vol, qu’il réalisera d’une toute autre manière. Le choix du nom du personnage n’est donc pas aléatoire mais bien significatif.

Quant à « François de Troyes 39 », ministre de la guerre, on le retrouve dans la réalité dans la figure de François de Troy, peintre portraitiste né à Toulouse en 1645 et mort à Paris 1730. Ce ministre porte un intérêt à l’art puisque, contre l’avis même de l’archevêque de Toulouse, il pense qu’une femme pourrait corrompre Frédéric d’Arles si elle a les talents d’une actrice professionnelle, et s’évertue à monter des scénarios comme une tentative de meurtre durant laquelle la femme sauvera la vie d’Arles pour mieux le séduire. Il étudie le profil de sa cible pour cerner les moindres détails de sa personnalité et avoue avoir rassemblé un dossier de plus de trois cents pages au sujet de Frédéric d’Arles, comme un peintre doit embrasser de son regard tous les détails d’un visage pour en faire le portrait fidèle. Ce ministre use de l’art du portrait, de l’art dramatique, et on voit bien là encore qu’il a raté sa vocation en devenant ministre de la guerre.

Le pape dans le roman s’appelle « Pie XIII 40 », en réalité il n’y a jamais eu un pape avec ce nom à Rome, mais le nom existe réellement. Il s’agit en fait de Lucian Pulvermacher qui a vécu entre 1918 et 2009 et qui a fondé la « véritable église catholique » décrétant que les quatre papes ayant succédé à Pie XII n’avaient aucune légitimité et que le siège papal était vacant ce qui lui permet de se proclamer pape, soutenu par des personnes ayant adhéré à son discours. Il prend le nom de Pie XIII, mais le mouvement qu’il crée s’éteint avec lui à sa mort. 41 Le fait que le pape dans le roman soit un usurpateur illuminé jette l’ombre sur les conceptions que se fait l’auteur de la valeur du pape et de sa légitimité à se prétendre guide pour tous les pratiquants.

Un autre clin d’œil se retrouve au sujet d’un homme appartenant au monde des médias : « émission proposée et animée par le père Frédéric d’Arles, réalisée par François Marollin 42. » En fait, « François Rollin est un humoriste, acteur et scénariste français né le 31 mai 1953 à Malo-les-Bains 43. » Ce clin d’œil renforce plus ou moins le réalisme des éléments imaginés par l’auteur et montre qu’un humoriste du monde réel et libre aurait pu devenir réalisateur d’une émission religieuse dans d’autres conditions.

Clément Ader enfin, le scientifique qui a inventé l’avion dans le roman, est en réalité l’inventeur du premier avion non motorisé. En 1870 il compte aider les militaires en inventant une sorte de planeur capable de transporter un homme et dès 1890 il réussit à construire son premier prototype : l’Eole. Ainsi la transposition de ce personnage sous la figure d’un scientifique du XXe siècle dans le roman est-elle fortement significative puisqu’il représente ce génie scientifique capable de permettre à l’humanité de réaliser un bond important dans l’avancement des techniques.

 

Force nous est d’affirmer qu’on retrouve une exaltation du nationalisme français prononcée, et en même temps une critique acerbe du pouvoir politique et religieux pour le rôle néfaste qu’ils jouent en freinant à la fois l’évolution générale de l’humanité au niveau de l’avancement technologique – en interdisant temporairement les recherches sur le laser et au sujet des machines volantes -, mais aussi en détournant les ambitions personnelles des personnes pour faire d’un aviateur comme Castanet un prêtre qui soutient l’aviation, d’un humoriste comme Rollin un réalisateur d’émissions religieuses, et d’un artiste peintre un ministre de la guerre qui pratique l’art dans les combines montées par son ministère. L’auteur ne s’arrête pas là et reprend des pratiques de l’église au Moyen Age pour les transposer à la fin du XXe siècle uchronique qu’il imagine. En guise d’exemple, la torture durant les interrogatoires : « Que la torture est illégale ? Elle l’est. Si tu m’examinais, tu n’en trouverais aucune trace. Ils travaillent à l’électricité 44. » On peut ajouter le recours à la « guillotine 45 » pour décapiter Clément Ader en place publique. Enfin, en reprenant les inondations de 1995 qui sont un phénomène naturel neutre dans son roman, il permet de faire voir la stupidité de l’église qui l’expliquait comme étant une « première plaie 46 » de Dieu pour prévenir les hommes contre les exactions de l’ennemi, à savoir, les « scandaleuses expérimentations biologiques des anglicans 47 » qui ont mis au point une méthode pour faire revenir à la vie un homme mort pour quelques jours de plus et utiliser cette découverte afin de constituer des régiments de zombis qui peuvent aider dans l’effort de guerre. Pour les Anglais, ce sont plutôt les recherches françaises au sujet des avions qui expliquent le déluge qui s’abat sur la France et ainsi se voit la vanité d’une telle démarche de la pensée. Le fait que dans le roman, une organisation interdite, l’Internationale athée, soit l’organisation qui défend les idées de république et qui tente d’instaurer la paix entre la France et l’Angleterre en soulignant le caractère vain de cette guerre prouve là encore que Pagel s’en prend au pouvoir des idéologies et de la religion en les peignant sous un mauvais jour et en les responsabilisant au sujet des maux qui sévissent dans le monde qu’il imagine, et montre par opposition au pouvoir dominant une résistance de la part de personnes qui défendent les idées de tolérance, de liberté, et de démocratie. « L’internationale Athée, c’est juste une appellation pratique : parmi nous, il y a des croyants. Simplement, ils en ont marre des conneries du pape et de l’autre abruti. Ce qu’on veut, c’est faire cesser la guerre 48 », explique une femme, membre de l’organisation, à un soldat, et ajoute « nous, notre truc, c’est justement la tolérance 49. » On comprend que la dimension internationale sert à dépasser un nationalisme guerrier qui consume deux populations depuis des siècles, et que le qualificatif d’athée sert surtout à référer à une émancipation de l’institution cléricale dogmatique et non forcément à un combat contre la religion puisque des croyants luttent aux côtés des athées au sein de cette organisation.

 

Cela dit, cette critique de l’église et du pouvoir religieux sur les hommes opérée dans le roman de Pagel peut se lire d’une manière tout à fait différente avec un peu plus de recul. En effet, imaginer que la guerre de Cent ans a continué indéfiniment a permis à l’auteur d’extrapoler un monde dans lequel l’église domine encore les esprits avec tout ce que cela comporte d’éléments sociaux négatifs soulignés par l’auteur : le recours à la torture, à la persécution des athées, les libertés étouffées, l’enrôlement forcé dans une guerre de dimension sainte, pour ne citer que ces exemples. Pourtant, notre monde, qui n’a pas connu une Guerre de Cent ans qui a dépassé les limites temporelles du Moyen Age et qui n’a donc pas hérité d’une église qui contrôle la politique et la vie des gens, n’est pas si différent et tous les éléments critiqués dans le roman comme étant du fait de l’église existent en réalité sans que cette institution soit derrière ces actes. La guerre sévit toujours dans le monde moderne, les cas de torture et de persécution des minorités sont innombrables, et les gens qui se font la guerre sans trop savoir pourquoi, menés par des politiques corrompus ou des fanatiques utopistes sont monnaie courante dans la réalité contemporaine. Ainsi, la faute n’est peut-être pas dans le régime ou dans l’idéologie, mais plutôt dans l’humain lui-même qui, quel que soit le contexte historique dans lequel il évolue, finit par suivre la même pente et créer le mal. A ce propos, P.J.G. Mergey remarque :

 

Que deux trames historiques si différentes dans leurs fondements, la nôtre — qui paraît en regard presque préférable — et celle de cet univers sombre et sanglant, aboutissent finalement aux mêmes types de résultats n'est peut-être pas innocent. L'auteur paraît avoir une vision déterministe de l'histoire : les hommes, mis dans des conditions différentes, font le même type d'erreurs et aboutissent aux mêmes genres de résultats. La société guerrière, fanatique et sub-nationaliste de Pagel n'est certes pas enviable à la nôtre : elle n'est là que pour nous montrer que l'homme a encore bien du chemin à faire pour parvenir à une véritable sagesse  50.

 

Tel est le message profond que veut faire passer Michel Pagel par le biais de son uchronie, qui se présente « plus [comme une] œuvre de spéculation humaine que de spéculation historique ou scientifique 51 » au regard des anachronismes et des clins d’œil qu’elle se permet, et qui sapent la crédibilité historique de l’intrigue, et pour ce faire, « c'est avant tout aux victimes qu'il s'intéresse 52. » L’angle de vue du monde uchronique est celui de personnages du commun et non celui des dirigeants qui agissent directement sur la marche des événements et même quand on rencontre quelques personnages de grands ecclésiastiques ou de ministres, c’est grâce à ces personnages du commun qui entrent en contact avec eux directement ou indirectement. Pour emprunter le vocabulaire du cinéma, l’uchronie fondatrice ainsi que le courant des uchronies historiques placent la caméra en plongée, présentant les faits d’en haut, alors que le courant des uchronies littéraires, s’intéressant non à la dimension de la haute politique mais plutôt aux personnages du peuple vivant dans ce monde, et use plutôt d’un axe de caméra en contre-plongée.

Eric B. Henriet remarque une différence majeure entre l’uchronie au XIXe siècle et celles produites au siècle suivant : « Chez Renouvier et Geoffroy, l’uchronie a pour but de mettre en place un monde meilleur 53. » En effet, Geoffroy Château dans son Napoléon Apocryphe imagine un règne idéalisé de Bonaparte sur la terre entière. Cette idéalisation utopique induit le fait que l’auteur préfère sa trame imaginaire au monde réel. Henriet en tire une catégorisation d’ordre théorique : « Ces uchronies sont dites pessimistes puisqu’elles considèrent que le monde réel n’est pas le meilleur qui soit 54. » Ainsi, Henriet opère une distinction entre les uchronies dites pessimistes du XIXe siècle alors qu’il considère que les « uchronies modernes sont optimistes et mettent en jeu des mondes où les conditions de vie auraient pu être pires que dans le nôtre 55. » Eric B. Henriet remarque aussi que les uchronies modernes du XXe siècle sont souvent porteuses de messages : « Les uchronies sont bel et bien des récits à messages 56. » En effet, la trame fictive sert à critiquer indirectement la réalité ou à avertir contre les possibilités qui pourraient se réaliser dans le futur, en « mettant en scène des mondes cauchemardesques pour nous mettre en garde contre un futur possible et peu souhaitable 57. » L’aspect critique peut toucher à plusieurs thématiques aussi bien politiques, économiques, religieuses ou sociales. Gabriel Compayré note à ce propos :

 

Si l’histoire vraie, avec ses fautes et ses hontes qu’on ne peut cacher, est tout de même considérée comme la leçon de l’avenir, que dire de l’histoire fictive, imaginaire, conçue et pour ainsi dire reconstruite d’après un plan rationnel ?  58 

 

Même si les uchronies « peuvent avoir de multiples desseins 59 », les uchronies littéraires se distinguent par la place qu’elles laissent à leurs auteurs pour critiquer, via les mondes fictifs qu’ils imaginent, la situation de leurs contemporains, et par le traitement de thématiques diverses en profitant des situations imaginaires dans lesquelles évoluent les personnages de l’œuvre. Au lieu des héros historiques comme Bonaparte, l’uchronie littéraire moderne « préfère les pions, les victimes, les manipulés aux grands de ce monde, ce qui augmente encore son efficacité 60. »

 

  1. Cf. Charles Renouvier, Uchronie (l'utopie dans l'histoire) : esquisse historique apocryphe du développement de la civilisation européenne tel qu'il n'a pas été, tel qu'il aurait pu être..., Paris, Bureau de la critique philosophique, 1876 (Ouvrage publié la première fois en 1857 dans la Revue philosophique et religieuse de Charles Fauvety, revu et augmenté en 1876).
  2. Cf. Louis-Napoléon Geoffroy Château, Napoléon apocryphe. Histoire de la conquête du monde et de la monarchie universelle, 1812-1832, Paris, Paulin, 1841 (Ouvrage publié une première fois en 1836 chez Dellaye puis augmenté en 1841).
  3. Cf. Thomas More, L'Utopie de Thomas Morus, traduction nouvelle, par M. Victor Stouvenel, avec une introduction, une notice bibliographique et des notes par le traducteur, Paris, Paulin, 1841
  4. Richard Saint-Gelais, L'Empire du pseudo. Modernités de la science-fiction, Québec, Editions Nota Bene, 1999, p. 46.
  5. Jacques Van Herp, « Dans les corridors de l’espace-temps », dans Panorama de la science-fiction : Les thèmes, les genres, les écoles, les problèmes, Verviers (Belgique), Gérard & Company, « Marabout », 1973.
  6. P.J.G. Mergey, Critique : Michel Pagel - Orages en terre de France. Dans La Clepsydre, n° 1, 1999, p. 9-12.
  7. Ibid.
  8. Ibid.
  9. Eric B.Henriet, L'uchronie, Paris, Klincksieck, 2009, p. 38.
  10. P.J.G. Mergey, Critique, op. cit.
  11. Ibid.
  12. Ibid.
  13. Eric B.Henriet, L’histoire revisitée, Panorama de l’uchronie sous toutes ses formes, Paris, Encrage, 2004, p. 73.
  14. Bertrand Campeis, Karine Gobled, Le guide de l’uchronie, Chambéry, ActuSF, 2015, p. 23.
  15. Ibid.
  16. Eric B.Henriet, L'uchronie, Paris, Klincksieck, 2009, p. 38.
  17. Michel Pagel, Le casino perdu suivi de Orages en terre de France, Montélimar, Les moutons électriques, 2014, p. 257.
  18. Ibid.
  19. Ibid., p. 329.
  20. Michel Pagel, Le casino perdu suivi de Orages en terre de France, Montélimar, Les moutons électriques, 2014, p. 265.
  21. Ibid., p. 259.
  22. Citroën 2 CV. (2015, octobre 19). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 4 novembre, 2015 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Citro%C3%ABn_2_CV&oldid=119643451
  23. Ibid.
  24. Michel Pagel, op. cit., p. 260.
  25. Panhard. (2015, novembre 3). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 4 novembre, 2015 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Panhard&oldid=120148450
  26. Michel Pagel, Le casino perdu suivi de Orages en terre de France, Montélimar, Les moutons électriques, 2014, p. 262.
  27. “No one seriously disputes who nuilt the first laser: it was Theodore H. Maiman, who operated it for the first time exactly 25 years ago, on 16 May 1960, at Hughes Research Laboratories in Malibu, California.” Jeff Hecht, Photo finish for the laser pioneers, New Scientist, Vol.106, n°1456, 16 Mai 1985, p. 43. (Notre traduction)
  28. Les informations sont tirées de : Laser. (2015, octobre 11). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 4 novembre, 2015 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Laser&oldid=119391166
  29. Michel Pagel, op. cit., p. 334.
  30. Id., p. 268.
  31. Id., p. 274.
  32. Michel Pagel, Le casino perdu suivi de Orages en terre de France, op. cit., p.266
  33. Id., p. 261-262.
  34. Id., p. 299.
  35. Id., p. 294.
  36. Ibid.
  37. Id., p. 299.
  38. Henri Castanet, un pilote émérite. Dans L'indépédendant URL : http://www.lindependant.fr/2012/10/28/henri-castanet-un-pilote-emerite,175149.php (Page consultée le 07/11/2015).
  39. Michel Pagel, Le casino perdu suivi de Orages en terre de France, op. cit., p. 299.
  40. Id., p.265
  41. Les informations sont tirées de : True Catholic Church. (2015, avril 4). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 7 novembre, 2015 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=True_Catholic_Church&oldid=113542126 (Page consultée le 07/11/2015)
  42. Michel Pagel, Le casino perdu suivi de Orages en terre de France, op. cit., p. 304.
  43. François Rollin. (2015, novembre 1). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 7 novembre, 2015 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Fran%C3%A7ois_Rollin&oldid=120062321 (Page consultée le 07/11/2015).
  44. Michel Pagel, Le casino perdu suivi de Orages en terre de France, op. cit., p. 275.
  45. Id., p. 286.
  46. Id., p. 327.
  47. Id., p. 279.
  48. Id., p. 342.
  49. Ibid.
  50. P.J.G. Mergey, Critique : Michel Pagel - Orages en terre de France. Dans La Clepsydre, n° 1, 1999, p .9-12.
  51. Ibid.
  52. Ibid.
  53. Eric B.Henriet, L’histoire revisitée, Panorama de l’uchronie sous toutes ses formes, Paris, Encrage, 2004, p. 107.
  54. Id., p. 108.
  55. Ibid.
  56. Id., p.110
  57. Ibid.
  58. Gabriel Compayré, Analyses et comptes-rendus. Uchronie de Renouvier, Revue philosophique, n°2, 1876, p. 296.
  59. Ibid., p. 200.
  60. Eric Vial, Orages en terre de France (Fleuve Noir, SF Métal) - Michel Pagel - Critique de Éric Vial. Dans Galaxies, n° 10, septembre 1998 (Disponible en ligne à l’adresse : http://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=6625 (Page consultée le 02/11/2015).
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