Celle dont j'ai toujours rêvé... L'étrange cas de Caroline Farrell, alias Echo

Celle dont j'ai toujours rêvé... L'étrange cas de Caroline Farrell, alias Echo

Par CASTA Isabelle-Rachel

Je suis attiré par le mystère. Ce n’est pas que je m’abandonne avec complaisance aux charmes des féeries ou à la poésie du merveilleux. La vérité est tout autre : je n’aime pas ne pas comprendre, ce qui est très différent d’aimer ce qu’on ne comprend pas, mais s’y apparente cependant sur un point très précis qui est de se trouver comme aimanté par l’indéchiffré  1.

 

La référence à La Maison de poupée, la pièce de Ibsen 2, rémanente dans Dollhouse 3, l’une des séries du créateur et showrunner Joss Whedon, installe d’emblée la tonalité énigmatique de l’œuvre, entre la gravité d’une démonstration eschatologique (qu’en est-il de nos fins dernières, si nous ne finissons jamais et que nous ressuscitons toujours ?) et l’excitation d’un substrat prostitutionnel toujours puissamment attirant 4, puisque la dollhouse en question est une forme sophistiquée de « bordel » où de riches clients louent, pour une prestation souvent sexuelle, une « poupée », mâle ou femelle, autrement dit un être humain à part entière dont on a vidé la mémoire pour lui implanter des personnalités temporaires, à la demande du consommateur : vers une éternité transhumaniste 5 ?

Les noms originels sont également effacés, pour des identités sommaires – à dire vrai, de simples initiales développées – empruntées au domaine aéronaval militaire 6 (Alpha, Echo, Sierra, Victor, Whiskey, November… dans la Dollhouse de Los Angeles), ou à la cosmogonie grecque (Apollo…) dans une autre Dollhouse (puisque chaque grande ville a la sienne). L’attention va se focaliser sur Echo, incarnée par la comédienne Eliza Dushku, dont les multiples engagements vont déboucher sur l’implosion du système, dans la mesure où les effacements ne fonctionnent bientôt plus sur elle et qu’elle est en proie à des identités multiples, entre lesquelles elle va s’habituer à muter en une fraction de seconde. L’autre en moi, l’autre moi, les états d’un moi qui ne se sait pas être multiple… interrogent le monde de représentations depuis – s’il faut une borne d’entrée – le roman de Mary Shelley Frankenstein ; or la critique actuelle symétrise les mythes de Prométhée, de Pandore et de Frankenstein en une sorte de réflexion générique sur l’ubris humain, et son « sur-équipement » mental et physique : c’est sans doute là qu’interstitiellement se glisse Dollhouse, compromis sériel entre l’A.I. de Spielberg 7 et le plus récent Real Humans 8. Cependant, comme l'indiquent Nils C. Ahl et Benjamin Fau, « cette fois plutôt que de lorgner vers Anne Rice, Joss Whedon tire son intrigue du côté de Philip K. Dick, la science-fiction plutôt que la littérature gothique, avec une dose de pulsion de mort moins déterminante mais plus d’angoisse existentielle 9. »

L'extinction rapide de la série (deux saisons, et puis s'en va !) tient-elle à cette juxtaposition de genres intrigante, mais brinquebalante (multipersonnalité du début, military SF à la fin...) ? Un épisode (01x10, Post-Mortem) en tout cas transcende ces ruptures de style, et montre ce qu'est de fait une résurrection temporaire, merveilleux codicille et adieu touchant avant extinction définitive. Nous y reviendrons.

Nous interrogerons d’abord les mécanismes de résurrection partielle, qui ritualisent les identités successives, exclusives les unes des autres ; puis nous verrons en quoi la systématicité mortifère des « retours » finit par ruiner la cybernétique de la Dollhouse, afin de conclure en observant le désastre irrémédiable qui vient clore, d’une façon palingénésique, l’histoire d’Echo, de ses 38 identités et de son couple anéanti avec Paul Ballard 10, l’homme qu’elle aurait dû aimer.

 

Nulla ignoti cupido11

Une mystérieuse compagnie aux buts obscurs et conspirationnistes, la Rossum Corporation, une maquerelle de choc, Adelle DeWitt, un staff complet composé d’un geek, Topher Brink, jeune savant ultra-brillant et totalement amoral, d’un « gardien de l’ordre », M. Dominik, d’une femme médecin au visage balafré, Dr Sanders, de nombreux « protecteurs référents » (chacun étant lié, par un serment spécial 12, à une poupée en particulier) et des jeunes « pensionnaires », qui ont accepté d’être des corps sans âme pendant cinq ans ou plus, contre la promesse de récupérer leur « vraie » identité à la sortie… forment le personnel humain de la Dollhouse.

Dès le début pourtant, des signes de décrépitude ou de dysfonctionnement sont perçus : étrange flash-back d’un massacre, allusions voilées à un certain « Alpha », poupée dissidente qui n’hésite pas à tuer, ou encore brefs souvenirs de scènes ou de rencontres antérieures au dernier effacement. Pourtant, entre deux engagements, les « réactifs » sont pris en charge comme dans un spa de luxe avant d'être plongés le soir dans une profonde narcose, à l’intérieur d’un sarcophage de verre dans lequel elles/ils s’allongent comme la Belle au bois dormant, après l’effacement de l’identité précédente effectué sur une « chaise » aux électrodes inquiétantes. En rouvrant les yeux, ils prononcent toujours la même formule, et obtiennent toujours la même réponse : « j’ai dû dormir un peu, je crois… » ; ce à quoi on leur dit « à peine quelques minutes… ». Ne manque même pas le flic obsédé par cette légende urbaine qu’est la Dollhouse, qui n’a bien sûr pas d’existence officielle mais suscite tous les fantasmes : Paul Ballard, amoureux d’Echo sans la connaître, mais lui-même désiré par une jeune voisine – ou ce qu’il croit être une jeune voisine, Mellie.

Pourquoi cette course après soi ? D’abord, quelques mots sur les puissances de l’imaginaire véhiculées par l’actrice Eliza Dushku ; elle fut Faith, singeant Buffy 13 en lui volant son corps… mais elle est aussi Tru Davies, cavalant comme une perdue après les dernières 24 heures (chrono ?) de la vie des cadavres qui lui sont confiés à la morgue où elle travaille (Tru Calling : compte à rebours) : elle est charnelle, et elle court… comme, par exemple, on pédale dans Stephen King pour échapper aux monstres ; pédaler ou mourir, courir ou mourir. En Echo se réarticule ce que Marianne Chaillan appelle « la métaphysique des meurtres », en ce sens qu’on peut la doter de savoirs et d’expertises que n’importe lequel d’entre nous mettrait une vie à apprendre : grande choriste, agent secret, douce épouse, mère aimante ou « domina » sado-maso… le feuilleté d’étants que cela permet donne le vertige et la nausée. C’est de ce résurrectionisme imposé qu’il convient de parler – ce trop de possibles, ce trop de lambeaux girovagues, qui se résolvent de moins en moins et s'intoxiquent de plus en plus.

À la question vernienne « où étions-nous, quand nous n’étions pas encore ? », la série Dollhouse répond qu’on nait/est toujours déjà… mais qu’en exhumant cela on ouvre la brèche au Monstre, et on s’abîme dans la putréfaction du passé. Pourtant, au début peut-être, on s’amuse de voir déambuler ces beaux jeunes gens, aux réflexions d’enfants, aux corps superbes, d’un sauna à une salle de sports, d’une cantine joyeuse à une niche confortable ; autrement dit, un idéal humain déjà promu par Pic de la Mirandole ou même Condorcet, mais cette « économie de réseaux de l’infinie perfectibilité » n'aurait pas dû basculer dans l’hypercapitalisme et la marchandisation généralisée, là où paradoxalement Jeremy Rifkin voyait la fin du capitalisme. À ce titre, la trajectoire d’Echo ré-arme des pensées conjointement présentes chez Francis Fukuyama, Michael J. Sandel, ou Jürgen Habermas :

 

S’il n’ignore plus les conséquences désastreuses des pouvoirs déréglés de l’homme sur la nature, le pouvoir politique, encore fasciné par « le passé, les frontières, l’identité perdue », demeure dans l’ignorance des nouveaux pouvoirs de l’homme sur l’homme – accrus par ces nouvelles technologies regroupées sous l’acronyme « NBIC » : nanotechnologies, biotechnologies, informatique […] et cognitivisme  14.

 

Mais, comme nous l'annoncions plus haut, c’est dans l’épisode intitulé Post-Mortem (01x10), que l’interrogation métaphysique est la plus prégnante, car Echo est implantée avec l'esprit d'une amie de DeWitt, Margaret, qui vient de mourir. Elle a souhaité enquêter sur son propre assassinat, qu’elle pressentait, et qui a bien eu lieu… Une conversation s’engage alors, entre Boyd, le protecteur d’Echo, le jeune nerd surdoué Topher et la maquerelle Adelle :

 

Boyd. — Alors on peut donner la vie après la mort ?

Topher. — Seulement si on vous estime beaucoup.

Boyd. — La morale n'existe pas s'il n'y a pas la crainte de la mort.

DeWitt. — Je ne prévois pas de diriger la fin de la civilisation occidentale. Cette situation est exceptionnelle.

 

Contre toute attente, le fils de Margaret reconnaît sa mère dans le corps et sous les traits d’Echo (ses rituels, la confiance du cheval qu’elle montait, son dégoût quand il a essayé de la séduire...) ; cette déduction n'a été possible que parce qu'il est un client d’une autre Dollhouse (celle de Manhattan) : « La vie éternelle en passant de corps en corps, brillant ! » conclut-il. En parallèle à l’enquête de la victime elle-même, DeWitt s’inquiète par ailleurs à propos de Topher « Parfois les personnes qui ont le plus besoin de communiquer sont celles qui en sont le moins capables » (du coup, elle l'autorise à utiliser des réactifs comme amis pour son anniversaire – tant est grande sa solitude).

Mais au terme de son enquête Margaret découvre que son fils est bel et bien son assassin… et, affligée mais sereine, elle fait alors ses adieux à travers un testament « post-mortem ». À DeWitt qui lui demande si elle a pensé s'enfuir avec/dans le corps d'Echo, elle répond : « J'ai eu ma chance et les personnes que j'aime poursuivent leur vie ». L'effacement dans la chaise prend ici un tout autre sens, car Margaret a conscience qu'elle va disparaître à jamais: « Adi, toute ma vie va défiler devant mes yeux ? » (avec angoisse) ; DeWitt lui répond : « Chaque instant un par un » (elle lui serre la main affectueusement, tandis que son âme quitte pour de bon cette terre).

Nous sommes bien au cœur du questionnement : ressusciter, oui, mais pourquoi, pour qui ? Ce sont ces scènes, déchirantes si on entre dans la logique de la série, un petit peu risibles si on reste extérieur, qui ont amené le jugement porté par les deux spécialistes de la sérialité Nils C. Ahl et Benjamin Fau :

 

Il s’agit toujours d’un mélange profondément ludique de culture populaire américaine, de littérature et d’existentialisme sans sucre, augmenté d’un peu de satire sociale et d’une réflexion sur le pouvoir. Le nœud dramatique repose encore une fois presque entièrement sur la sexualité et le désir de ses personnages. Mais cette fois plutôt que de lorgner vers Anne Rice, Joss Whedon tire son intrigue du côté de Philip K. Dick, la science-fiction plutôt que la littérature gothique, avec une dose de pulsion de mort moins déterminante mais plus d’angoisse existentielle  15.

 

« Ciascuno pensi ed operi a suo talento: e anche la morte non manchera di fare a suo modo 16 »

Parmi les nombreuses journées critiques consacrées à Dollhouse, rappelons celle qui a réuni, dans le cadre des Philoséries 17, des spécialistes qui, tels Pascale Molinier ou Anne Besson, ont débattu des, je cite, « hétérotopies amoureuses et corps multiples. Le cabinet du docteur Topher Brink » (en référence patente au docteur Caligari et à ses expériences douteuses). Anne Besson avait choisi quant à elle de s’interroger sur la mise en abyme qu’offre la série par rapport à sa propre discontinuité, en montrant l’endos de multiples identités en l’analogon du renouvellement épisodique, exhibant en effet ses sutures comme condition même de son essence, au lieu de les gommer ou de les lisser par conformité à une fluidité narrative plus classique. Hugo Clémot, et ce sera notre dernier exemple, s’était penché sur « le moi, l’expérience ordinaire et l’inconscient optique », ce qui lui a permis d’affirmer que nous sommes tous plus ou moins les « poupées » du système capitaliste – par opposition aux théories de François Jost, qui voit dans les séries un processus d’affirmation d’une singularité acquise par l’expérience.

On le voit : à l’instar des séries à fort potentiel mythologique (Battlestar Galactica, X Files, Fringe, The Strain…) Dollhouse, au-delà même de ses brèves deux années d’existence, a essaimé en de nombreux sous-produits, tel iZombie, où l’on retrouve la même topique de la transmission de dons et de souvenirs, entre un cerveau désormais mort et un nouvel hôte ; donc de résurrection. La réactivation à distance de capacités endormies s’illustre aussi plusieurs fois ; par exemple, DeWitt laisse sur le répondeur une phrase codée pour réveiller Mellie, une active dormante, sauvagement attaquée. Elle tue son agresseur avant d'être désactivée vocalement : « Trois fleurs sont dans un vase, la troisième fleur est verte/jaune » ; autre exemple de manipulation neuro-génétique : un sérum « mémoriel » qui permet de lever les inhibitions de l'hippocampe et d'exploiter les capacités cachées du cerveau, est utilisé comme drogue récréative sur un campus, mais un étudiant qui en a reçu une dose massive se suicide.

La réaction, contagieuse, amène le directeur du groupe pharmaceutique Rossum, lié à Dollhouse, à demander une « armée » de réactifs, car ils sont a priori immunisés, n'ayant pas de mémoire refoulée… Toutefois, quoique plus résistants, les réactifs sont affectés et des scènes traumatiques resurgissent dans leur conscience (viol de Sierra par Nolan, scène de guerre pour Victor/Anthony, agression et phrase codée de déclenchement pour November-Mellie). De son côté Echo, de retour sur son ancien campus, est reconnue par une de ses professeurs, et se souvient du chemin secret pour le building Rossum où elle s'est infiltrée quand elle était Caroline, militante « explosive » contre la vivisection. Elle revoit des scènes de son passé (mort de son petit-ami dans la fuite), puisque c'est à la suite de ces événements que DeWitt a établi le contact avec Caroline… et lui a inculqué le rite du « traitement » (l’effacement).

Mais de temps en temps Echo se révolte : « Vous voulez votre traitement ? — Non » (Boyd et Echo) ; un principe supérieur au stimulus la guide, ce qui sera aussi le cas d’Alpha, une poupée mâle devenue criminel psychopathe… Topher dit d’ailleurs à Ballard au sujet d'Alpha : « On ne peut pas faire son profil, ce n'est pas une personne. Il est devenu comme les gens dans Soleil Vert, quelqu'un de pluriel. » Il présente en effet une forme d'hybridation maximale : 48 personnalités (dont une multiple !) entrées toutes en même temps, non par fragments, mais entièrement constituées. A la question de Paul Ballard, le flic obsédé par la Dollhouse : « Qui a-t-il attaqué quand il a eu le choix ? » Topher répond : « Lui-même. » Il a détruit l'enregistrement de sa version originale, pour annihiler tout espoir de résurrection restauratrice.

Revenu à l’état sauvage – si l’on peut dire – Alpha décide d’enlever Echo, pour la faire dialoguer avec son vrai moi, Caroline, et l'installe sur la chaise à chargement : « Tu sais, il va faire de moi une créature supérieure, un être transcendé. » Alpha veut qu'ensuite l'Echo sublimée sacrifie Caroline, car « les dieux sont de retour » (ceux qui exigent des sacrifices sanglants). Mais Echo se réveille en disant « Tout est clair » et elle frappe Alpha : « Tu penses qu'on est des dieux ? » lui jette-t-elle. Leur dialogue va alors mobiliser le substrat nietzschéen qui sous-tend le transhumanisme, puisqu’Alpha répond : « On n'est plus des humains ordinaires », reprenant la notion de surhomme dont Nietzsche a prédit l'ascension. Lui s’attend à un « Homme perfectionné, concrétisé, un nouvel avènement », tandis qu’Echo proteste : « On n'est pas nouveaux. On n'est rien ni personne parce qu'en réalité, on est tout le monde », en précisant « 38 personnalités, pourtant aucune n'est la mienne. »

C’est pour cela que le monologue intérieur schizophrène et shakespearien entre « Caroline » et « Echo » nous plonge dans les affres de la dissociation mentale : « Qui es-tu ? — Je suis Echo. — Qui est-elle ? — Elle n'est personne. Je suis là pour t'éclairer, pour te guider. J'ai 38 personnalités et aucune d'elles ne pense que tu devrais signer un contrat pour être esclave. » Labyrinthe où l’on s’égare, éclatement multiple du moi, perte de substance, perte de contrôle : pour Whedon, le résurrectionisme biomécanique nous fait divorcer de nous-même et nous précipite dans l’éternelle nuit de la dépossession.

À aliénation totalitaire, réponse violente : pour avoir trop fracassé la « monade insécable » que représente le noyau de l’être, les apprentis sorciers de Rossum déclenchent une apocalypse ; la moitié de l’humanité, brusquement « implantée » sans retour, essaie plus ou moins de massacrer l’autre moitié, résistant sans espoir et sans moyens à la plus grande dévastation neuro-technologique qui se soit jamais produite ; on peut d'ailleurs noter qu'il en va de même dans la sixième saison de The 100, quand les jeunes héros découvrent que leurs hôtes, sur une planète lointaine, se reproduisent de génération en génération en s'implantant dans des corps « incubateurs », dont ils détruisent l'esprit afin de mieux surmonter les épreuves du temps !

 

« Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres […] 18 »

En fin de saison II, Topher, en bon psychotique, a peine à assumer qu'il est à l'origine de la catastrophe, en ayant trouvé le moyen d'implanter les esprits à distance. Comme nous l’indiquions, deux clans se font la guerre : ceux qui ont répondu au téléphone (effacés ou implantés) et les autres, les résistants anti-high tech, qui se désignent comme « les authentiques ».

 

Topher. — Une armée tout entière en un seul et unique instant. C'est brillant, tellement brillant ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? N'y ai-je pas pensé ? L'ai-je fait ?

DeWitt. — Oui.

Topher. — Si je crois pouvoir trouver toutes les solutions, est-ce de la curiosité ou de l'arrogance ?

 

On se souvient qu'en saison 1 (01x08, L’échappée belle) Echo et ses compagnons de « chambrée » s'éveillent avec leur personnalité initiale mais sans leurs souvenirs. Après avoir essayé de passer inaperçus, ils décident de s'enfuir ; il s'agit en fait d'un test de sécurité à la suite des incidents récents (souvenirs et évolution des réactifs). Ils découvrent alors les coulisses de la Dollhouse ; des bribes de souvenirs leur reviennent, en rapport avec des sentiments forts (Victor se sait un lien particulier avec Sierra ; celle-ci retrouve le nom de celui qui l'aurait livrée à Dollhouse, Nolan ; November pense avoir une fille). Ils se séparent, et Echo retourne dans la Dollhouse, pour se procurer une arme et mener l'enquête : « DeWitt. — On aurait dû s'y attendre. C'est tout à fait ce qu'aurait fait Caroline. » « Priya-Sierra » et Victor rencontrent Nolan : « Vous n'existez plus », menace le prédateur. « Je suis plus humaine que vous », rétorque la poupée retransformée en jeune femme autonome.

C’est pour cela que l’épisode intitulé Trahison en sous-sol (01x09), construit sur une multiplication des points de vue, inspire pour certains chercheurs des références à la philosophie de Wittgenstein, aux Pensées de Pascal ainsi qu’à l’ouvrage de Stéphane Chauvier, Qu’est-ce qu’un jeu ? D’une part Topher découvre qu'une puce a altéré les paramètres des réactifs lors des implantations, mais Echo lui propose de l’aider… pour ne pas elle-même voir sombrer dans le chaos le seul monde qu’elle connait désormais : « Vous transformez les gens, faites en sorte que je vous aide. » D’autre part, une autre réactive, Mellie toujours, revient auprès de Paul, mais la taupe (Alpha ?) l'utilise pour passer un message : « Dollhouse vend des fantasmes, mais ce n'est pas son objectif. Découvre le but qu'elle poursuit. »

La tenancière de la Dollhouse, Adelle, a elle-même pris l’habitude de s’offrir un intermède romantique avec l’une des poupées mâles, Victor alias Roger, sous le pseudonyme de « Cœur solitaire » (DeWitt) : il lui débite évidemment ce qu’elle rêve d’entendre, et qu’elle a fait implanter dans son « identité » du moment : « Tu es la perfection. Si je savais créer une femme, c'est toi que j'inventerais. » Oubliant qu’il n’est qu’un gigolo programmé, elle lui déclare « Je veux le vrai toi », lui dit qu'il est le plus réel de tous, et finit par cet aveu dérisoire : « Tu es tout ce que j'attendais 19.» En parallèle, Echo interroge le personnel de Dollhouse, et Boyd lui dit : « On est des proxénètes, des tueurs, mais notre mission est philanthropique. »

Elle découvre en outre que la taupe est Dominik, agent de la NSA, en analysant son langage corporel. Lors du combat, Echo se souvient que Dominik a déjà tenté de la tuer… Folle de rage, DeWitt le condamne au grenier. Pendant la confrontation, Dominik raille la naïveté de DeWitt: « À quoi ressemblera le monde quand Dollhouse échappera au contrôle du laboratoire Rossum ? Cette neuro-technologie exige un bon contrôle de son utilisation. » Réponse : « Par une organisation clandestine à peine supervisée par l'Etat ? » Malgré sa « défaite » temporaire, Dominik ne peut s’empêcher de prophétiser auprès d’Echo : « Un jour, c'est toi qui les effaceras, c'est pour ça que je souris. Tout le monde y passera. »

Comme dans Lost, l’épisode s’autorise de fréquents flash-forward, flash-sideways, ou flash-back : nous repartons dans le passé pour découvrir un certain M. Ambrose (« immortel » en grec, président de Rossum) dans le corps de Victor. On voit aussi Adelle être mise au courant de son affectation dans une Dollhouse, où elle vendra un : « corps anatomiquement parfait contre un forfait à 9 chiffres » ; l’esprit du client demandeur est implanté dans la poupée… : « Tout sera légal dans un an », assure-t-on à la tenancière, qui ose s’opposer : « Je vous parlais des lois de l'humanité. […] Ce corps appartient à une autre âme. » Alors Ambrose développe pour la première fois une sorte de manifeste idéologique post-humaniste : « Il est temps de faire un choix : ou vous voulez faire partie de ceux qui subsistent, en intégrant l'éternelle arche de l'histoire, ou vous restez à bord d'un vaisseau qui vieillira, se décomposera et enrichira le sol. »

Ambrose, quant à lui, est présent dans dix corps à la fois : ainsi, en cas de « casse » dans l’un de ces/ses corps, un autre est immédiatement disponible, sans aucun besoin de réparer le premier. Mais comme dans la série Westworld 20 ou le film Mondwest 21, les réactifs finissent par comprendre ce qui leur arrive, ou bien à recevoir, du staff scientifique, une aide inattendue ; finalement choqué par les violences répétées dont Sierra est la victime de la part de Nolan, Brink prend une décision surprenante…

Comme c'est la vraie Priya que Topher a réimplantée à « Sierra », elle va se venger en retrouvant son prédateur, celui qui a payé pour qu’on la transforme définitivement en créature soumise et masochiste… le provoquant en lui parlant de Victor : « C'est absurde. Je ne sais même pas comment on s'est connus. Je ne me souviens même pas d'un moment passé avec lui, mais l'amour que je ressens est d'une force inouïe. Je l'aime infiniment. »

Ils se battent, et pendant l’altercation elle le poignarde enfin, puis appelle Topher. Boyd les aide à faire disparaître les traces : le corps est découpé, et dissout dans l'acide. Chacun réalise que dans ces conditions la place de Priya ne peut plus être à Dollhouse, mais Adelle ne lâche pas si facilement ses « créatures » les plus rentables, et ne semble guère dupe des mensonges de Boyd. Pourtant, toujours redevenue Priya, Sierra reconnaît dans Victor l’homme qu'elle aime. Priya : « Je l'aime. C'est bien réel ? » Topher : « Oui, c'est réel. Il vous aime aussi. » Priya demande alors qu'on efface de ses souvenirs la journée où elle a tué Nolan, mais Topher s'y refuse car ce serait du même coup effacer la déclaration d'amour de Victor... Aussi cette scène horrible reviendra la hanter dans ses plus affreux cauchemars : ce sera son châtiment, et son remords.

Enfin nous partons en incursion dans la Dollhouse de Washington, dans le laboratoire de Bennett, la « nerd », homologue du docteur Topher. Devant Echo qu'elle s'apprête à effacer, Bennett rappelle à Caroline leur passé commun : « Caroline, tu m'avais promis de revenir... » Le traitement s'apparente alors à une scène de torture, car elle lui reproche de l’avoir abandonnée : ce qui est partiellement exact, dans la nuit tragique de l’attentat manqué contre Rossum ; mais la vérité « globale » est bien sûr beaucoup plus complexe, comme nous le découvrons peu à peu.

L’autre grande acmé de la série, l’épisode intitulé Arcane (02x10) s’adosse à un imaginaire de la « relégation », puisqu’on ne « meurt » jamais – presque jamais – dans une Dollhouse, mais on est remisé dans un caisson isobare et mis au « grenier ». C’est là que les poupées révoltées, ou les personnels indélicats, se retrouvent emprisonnés : Echo simule (?) son décès sitôt branchée : elle tue deux gardiens et demande à un troisième où sont Victor et Sierra ; mais quand il lui dit qu'on utilise ici leurs vrais noms, elle répond « Mon vrai nom est Echo ». Elle les libère, puis presque aussitôt assiste à leur mort… Car tout cela n’était qu’un cauchemar. Nous le comprenons par le contre-champ, qui montre Topher expliquer à Boyd le principe du grenier : présenter à ses captifs un problème insoluble, pour les torturer jusqu’à ce qu’ils croient parvenir à une solution.

Cet épisode onirique est très « buffyesque », si l’on songe à l’ultime épisode de la saison 4 ; ici aussi se glissent les visions d’un ennemi furtif, « Arcane », qui persécute dans leurs rêves tous les internés des greniers de toutes les Dollhouses, dont les cerveaux sont alors interconnectés ; c’est ainsi qu’Echo rencontre son vieil ennemi M. Dominik, provisoirement son allié pour déjouer les désirs criminels du « démon »… Leur collaboration s’établit, sans que l’on sache qui est dans le rêve de l’autre ; ils voyagent d'esprit en esprit, toujours traqués par Arcane, qui sent la peur et s’en nourrit. Il s'appelle en fait « Clyde », et explique que les captifs du grenier, dopés par l'adrénaline de leurs pires cauchemars, servent de processeur humain au gigantesque ordinateur de Rossum. C'est pour cette raison que lui tue les gens dont il visite les cerveaux : il veut affaiblir le consortium criminel, même s’il lui faut pour cela assassiner des innocents.

Son propre cauchemar est une vision terrifiante d’un futur apocalyptique (01x13, Los Angeles 2019) ; anéantissement dont il se dit responsable, car c’était son idée : c’est lui l'inventeur du « codage/communication/encéphalique », en tant que cofondateur de Rossum. Le premier cobaye avait la personnalité de Clyde, mais sans ambition et n'aspirant qu'à obéir ; aussi l'autre cofondateur (Ambrose?) a ordonné à Clyde « 2.0 » de trahir l'original. Il est depuis, de ce fait, le tout premier ordinateur humain du grenier depuis des années ; son obsession est de calculer les statistiques prévoyant l'avenir de sa technologie, aboutissant dans tous les cas de figure à un scénario de destruction totale, à 97 pour cent…

Désormais les enjeux sont clairs : il faut sauver ce qui peut l’être ! Echo migre dans le corps d'une petite fille, nouvelle « Caroline » dont le destin sera de tout recommencer, de reprendre le cours des choses là où Rossum a détruit les liens et les lieux de l’humain. L’enfant du miracle guide deux rebelles rencontrés à la frontière Canada-Nevada, à la recherche d’un refuge : ils manquent d'eau et d'essence, et sont attaqués par des « bouchers » (humanité dévoyée à la Mad Max, assez proche dans son déferlement aveugle et massacreur des plus récents Walking Dead) ; pourtant, ils gardent confiance :

 

La petite fille. — La technologie du refuge fonctionne. Personne n'a été imprimé au refuge depuis. On peut encore créer un monde authentique.

Les rebelles. — Un monde authentique ? Regarde autour de toi, petit Messie. La moitié du monde a été effacée et se fait étriper par l'autre moitié. Il ne reste qu'une poignée d'authentiques, et tu n'en fais pas partie.

La petite fille. — On est perdu, on n'est pas disparu.

 

Ils se font capturer et amener à Neuropolis (ex Tucson), en référence à Star Wars (étoile de la mort). C’est là que réside un « refuge », près de Tucson, où a été créé un vaccin « anti-implantation ». Enfin, après bien des errances, des combats à la Xénophon, l’humanité résiliente sera sauvée à cause du sacrifice de quelques-uns, exactement comme dans Les Tommyknockers et Les Langoliers, de Stephen King, ou dans Les 100 22, autre série post-apocalyptique. Certes, il est trop tard pour Echo et Paul, qu’elle avait appris à aimer, et qui se fait tuer presque au dernier instant (Echo alors s'effondre : « Paul est mort et je suis seule, je serai toujours toute seule »), mais cependant Topher finit par trouver la solution pour annuler l’effet de l’implantation universelle ; des rayons gamma qui ricocheront sur l'atmosphère, si l'artefact est déclenché manuellement en hauteur ; il décide alors de se sacrifier : « Je ne veux plus causer davantage de souffrance. »

Chacun des protagonistes marche ainsi sur son chemin de rédemption : Tony (ex Victor) brûle ses sauvegardes neuronales, devant Priya qui lui présente son fils T. (pour « Tony ») ; Alpha quitte la dollhouse de peur de redevenir un tueur psychopathe (même si Echo n'y croit pas : « Il a évolué. Il continuera. »). Et il revient à Adelle, l’ancienne maquerelle, de guider au dehors les réactifs (avec Zone et Echo-fillette) sauvegardés dans la dollhouse – métaphore biblique de la bergère qui mène son troupeau vers la lumière :

 

« Always the Shepherd ? » dit Echo. Les deux femmes ont alors une ultime conversation :

— C'est drôle que le dernier fantasme que la dollhouse accomplisse soit le tien. 

— Je n'ai aucun fantasme, Adelle.

— C'est dommage.

 

…pendant que Topher, monté dans l’ex-bureau d'Adelle, installe son invention près du mur où sont affichées toutes les photos des disparus vues dans Epitaph One (dont Mellie-November), et déclenche l'onde qui se propage instantanément sur le globe (le tuant évidemment au passage) !

De son côté, Alpha a laissé pour consigne de détruire toute la technologie présente dans la Dollhouse, en commençant par le fameux fauteuil. Mais il a juste laissé l'empreinte de Paul pour Caroline, qui se l'implante : ils sont ainsi réunis dans son esprit, jusqu'à la mort. Elle est enfin complète puisqu'elle a en elle celui qu'elle aime (renouant avec le mythe platonicien de l'amour parfait, et de l’androgyne reconstitué) ; aussi le dernier plan voit-il Echo, heureuse, retourner s'allonger dans sa couchette des commencements ; la boucle est bouclée : l’hybridation violente et forcée a laissé place à la (con)fusion amoureuse de deux âmes, et le résurrectionisme dysphorique régresse devant l’humanité d’une communion érotique.

 

« I'm not her. My name is Echo. »

C’est la richesse et l’importance de ce tissu sensible, de ces échos et de ses reconnaissances puissantes autant qu’inattendues, que Sandra Laugier et Alexandre Gefen 23 s’attachent à explorer et à illustrer, dans Le pouvoir des liens faibles. C’est ce qui légitime, d’une certaine façon, notre propre investissement dans l’empathie que nous éprouvons pour Echo et son périple post-apocalyptique, qui la mène au bord du néant – comme Buffy à la fin de la cinquième saison : « Je me souviens de tout. Quelquefois, je suis quelqu'un d'autre et ensuite je reviens, mais je sens toujours l'autre, tous les autres. J'ai été beaucoup de personnes. Il m'arrive parfois de les entendre, toutes ces âmes, elles sont là. Je suis toutes ces âmes, mais aucune d'elles n'est moi » (02x01, Serments).

L'insurrection, pas la résurrection, semble nous intimer Echo, choisissant elle-même la brièveté d'un destin « tout-humain », en lieu et place d'une survie permanente, et donc haïssable. Oui, la mort est une fin... et parfois, tant mieux.

 

  1.  Roger Caillois, « Au cœur du fantastique », in Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2008 [1965], p. 837.
  2.  Une maison de poupée (Et Dukkehjem) est une pièce de théâtre du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, créée en 1879. Elle est inscrite au registre international Mémoire du monde de l'UNESCO.
  3.  Joss Whedon, Dollhouse, 2 saisons, 26 épisodes, © Fox, 2009-2010.
  4.  La série produite par Steven Soderbergh, The Girlfriend Experience (2 saisons, 13 épisodes, © Starz, 2016-en production) raconte par exemple comment Christine Reade, une étudiante en droit bien sous tous rapports le jour, devient Chelsea la nuit, une prostituée de luxe, se louant à de riches protecteurs, et amassant les dollars avec une relative indifférence.
  5.  Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Pour Peter Sloterdijk le transhumanisme, encore mal défini, serait une transition vers le posthumanisme. Il se veut international, avec une association World Transhumanist Association créée en 1988 puis renommée « Humanity+ ».
  6.  L'alphabet phonétique de l'OTAN est le nom que l'on donne parfois à l'alphabet radio international qui a été normalisé par l'Union internationale des télécommunications. Il est utilisé notamment par l'OACI et l'OTAN.
  7.  Steven Spielberg, A.I. Intelligence artificielle [Artificial Intelligence: A.I.], © Warner Bros - DreamWorks SKG, 2001. Le film, conçu d’après une idée de Stanley Kubrick, est adapté de la nouvelle de Brian Aldiss, Les Supertoys durent tout l'été [Supertoys Last All Summer Long].
  8. Lars Lundström, Real Humans : 100 % humain [Äkta människor], 2 saisons, 20 épisodes, © SVT1, 2012-2014.
  9.  Nils C. Ahl et Benjamin Fau (dir.), Dictionnaire des séries télévisées, éditions Philippe Rey, 2011, Paris, p. 299.
  10.  Il est parfaitement loisible d’y lire une allusion à l’auteur science-fictionnel James Graham Ballard, plus connu sous la signature J. G. Ballard (1930-2009), écrivain de science-fiction et d'anticipation sociale anglais. Rappelons à ce propos la communication mémorable consacrée à Ballard par Hervé Lagoguey, « Dangereuses unions : l’homme et la machine, le désir et la mort dans Crash ! de J. G. Ballard », lors du colloque Au-delà des frontières (Hybridation des formes et des genres dans l’imaginaire contemporain), Bordeaux, 2014.
  11.  « On ne désire pas ce qu'on ne connaît pas », aphorisme d'Ovide (L'Art d'aimer, III, 397).
  12.  A l’arrivée de Boyd Langton, nouveau protecteur d'Echo, la confiance aveugle de la réactive en son protecteur est implantée selon un cérémonial technique impliquant l'usage de clé/récepteur ; toucher, regard, programmation neuro linguistique : « N'ayez crainte, tout ira bien. — Maintenant que vous êtes là ? — Vous me faites confiance ? — À la vie à la mort. »
  13.  Cf. la série créée par Joss Whedon, Buffy the Vampire Slayer, 7 saisons, 144 épisodes, © The WB - UPN, 1997-2003.
  14.  Robert Maggiori, « Techno parade : Luc Ferry analyse l’homme augmenté », Libération, 14-15 mai 2016, p. 42.
  15.  Nils C. Ahl et Benjamin Fau (dir.), Dictionnaire des séries télévisées, op. cit., p. 299.
  16.  « Chacun pense et travaille à son propre talent ; et la mort aussi ne manquera pas de la faire à sa manière. » Giacomo Leopardi, Dialogo di un fisico et di un metafisico, Operette morali, 1927.
  17.  « Philoséries », sous la dir. de Sandra Laugier et Sylvie Allouche, Institut des sciences de la communication du CNRS, Paris. 24 et 25 juin 2015.
  18.  Léopold Sédar Senghor, « Femme noire », Chants d’ombre, suivi de Hosties noires, poèmes, 1948.
  19.  Joss Whedon songe certainement à la saison V de Buffy, où Spike se fait fabriquer un « robot-Buffy » qui lui débite des fadaises amoureuses à longueur de journée (et se laisse sexuellement aimer), dans la mesure où la « vraie » Buffy n’a pour lui (à ce moment-là) que mépris et que haine.
  20.  Jonathan Nolan et Lisa Joy, Westworld, 3 saisons, 28 épisodes, © HBO, 2016-en production. Voici la présentation qu’en fait le critique Romain Nigita : « Lisa Joy et Jonathan Nolan ont mis au point une série élégante et fascinante qui adopte le point de vue des androïdes, y compris dans sa structure narrative : les sauts dans le temps sont autant de rêves vécus par ces êtres synthétiques dont on efface régulièrement la mémoire. » (JDD, 22 avril 2018). Sur voir également les articles de B. Picart-Hellec, B. Campion, F. Favart, S. Lefait, D. Lemonnier-Texier, É. Mullen, dans TV Séries, no 14 : « Posthumains en série », 2018.
  21.  Michael Crichton, Mondwest, © MGM, 1973.
  22. Jason Rothenberg, Les 100 [The 100], 7 saisons, 100 épisodes, © The CW, 2014-2020.
  23. Sandra Laugier et Alexandre Gefen, Le Pouvoir des liens faibles, Paris, CNRS éditions, 2020.