Guerre de sécession et États-Unis d’Amérique dans <em>DMZ</em>, <em>Jericho</em>, <em>Marvel Civil War</em> et <em>The Second Civil War</em>

Guerre de sécession et États-Unis d’Amérique dans DMZ, Jericho, Marvel Civil War et The Second Civil War

Par ANDRE Danièle

Les États-Unis d’Amérique ont été, et sont sans doute encore, une des plus grandes puissances mondiales. Si leur état s’est construit par opposition à l’empire colonial britannique et autour de certaines valeurs qui définissent ce qu’est un état-nation,

 

[l]’état-nation est un domaine dans lequel les frontières culturelles se confondent aux frontières politiques. L’idéal de l’état-nation est que l’état incorpore les personnes d’un même socle ethnique et culturel. Cependant, la plupart des états sont polyethniques. Depuis les temps modernes, la nation est reconnue comme « la » communauté politique qui assure la légitimité d’un état sur son territoire, et qui transforme l’état en état de tous les citoyens. La notion d’état-nation insiste sur cette nouvelle alliance entre nation et état. Aujourd’hui, l’idée est que les nations devraient être représentées à l’intérieur d’un territoire défini  1[,]

 

ils semblent à leur tour avoir pris le chemin d’un certain impérialisme.

 

De manière générale, l’impérialisme suppose une asymétrie systémique entre des pays. Une nation est dite impérialiste lorsqu’elle en contrôle une ou plusieurs autres. Cette domination peut être politique ou institutionnelle, ce qui est généralement associé au colonialisme. L’impérialisme peut aussi avoir un caractère économique, par le contrôle des entreprises, des marchés, sur le contrôle des mouvements de capitaux ou plus généralement des systèmes de production ; on parle aussi de néo-colonialisme. Enfin, cette domination peut avoir un caractère culturel : cinéma, médias, etc  2.

 

Mais le passage de l’état à l’empire peut avoir, à long terme, des conséquences non négligeables sur la situation économique, sociale et politique des citoyens. La société nord-américaine pourrait se fissurer au point de voir ressurgir le démon de la guerre civile :

 

La guerre civile est lutte armée qui oppose, à l’intérieur d’un État, des groupes importants (classes sociales, ethnies, ou groupes religieux). Le contrôle de l’État est généralement l’enjeu d’une guerre civile. Pendant cette période, il existe habituellement une dualité des « forces armées », si bien que l’État n’a pas l’habituel « monopole des moyens de coercition  3. »

 

C’est ce que mettent en mots et images certaines œuvres de science-fiction. Ce sont ces lignes de démarcation, ces frontières entre une nation une et indivisible et une balkanisation (« processus par lequel un État se morcelle en plusieurs pays de taille réduite et autonome 4 ») de la nation étatsunienne qu’il convient de souligner et d’analyser dans DMZ, Jericho, Marvel Civil War (Civil War ci-après) et The Second Civil War 5.

La guerre de Sécession est un des grands traumatismes vécus par la population américaine. Le plus récent d’entre eux sont, sans nul doute, les attaques du 11 septembre qui ont atteint le cœur économique et symbolique de la nation américaine. Depuis lors, la peur est celle de l’autre, de l’invasion ou d’une attaque extérieure contre les États-Unis. Pourtant, un certain nombre d’attentats de la fin du vingtième siècle commis sur le sol états-unien étaient le fait d’Américains dont les raisons étaient étroitement liées à la notion de nation américaine – pour la suprématie blanche, contre le gouvernement fédéral ou les politiques progressistes. En outre, ils ont été perpétrés par des Américains fascistes ou chrétiens extrémistes, et non par des puissances ou des groupes terroristes extérieurs dont le but aurait été de déstabiliser le pays pour le conquérir ou pour le mettre à genoux. Il suffit alors à la culture populaire et à la science-fiction de se concentrer sur certains faits et discours pour imaginer que le plus grand danger pour la nation américaine ne vient pas d’une attaque extérieure mais bien d’une implosion.

La Guerre de Sécession est un sujet que la science-fiction, entre autres, a parfois pris pour imaginer soit ce qu’il serait advenu si le Sud l’avait emporté 6, soit un futur qui en reproduirait les circonstances7. Toutefois, plus récemment, certaines œuvres de science-fiction se sont attelées à dépeindre comment pourrait survenir une nouvelle guerre civile au sein de la société étatsunienne contemporaine 8. Le danger intérieur, tel que majoritairement identifié par les œuvres ici étudiées, est de deux types : d’une part celui d’une prise de pouvoir par ce qui est souvent désigné sous le terme de « complexe militaro-industriel », et d’autre part celui d’une fracture sociale entre le gouvernement et des citoyens qui ne reconnaissent plus l’état-nation comme un et indivisible, pour qui « l’idée d’état-nation devient problématique car l’état n’est plus considéré comme le principal refuge de la culture nationale. La crise de l’état-nation se rapporte à la séparation entre état et nation9. » La cartographie même du territoire peut s’en trouver alors modifiée.

 

Le complexe militaro-industriel

Les germes d’une sécession propagés par un pouvoir politique assujetti à des forces économiques et militaires n’est pas une idée récente. Elle date au moins des déclarations et/ou constats faits par Gerald Nye et repris de manière un peu différente par le Général Eisenhower dans son discours de fin de mandat présidentiel 10. La commission que G. Nye dirigeait en vint à conclure que l’économie américaine devait sa puissance à la guerre qui avait permis l’essor d’une industrie militaire qui, certes, armait la nation américaine mais qui, en même temps, l’assujettissait à des intérêts privés tout à la fois économiquement (une économie qui reposait en partie sur la vente et la production d’armes), politiquement (un lobby très puissant) et militairement (l’armée dépendait de ces industries privées). Si le discours d’Eisenhower a pu être mal interprété, et si les conclusions de cette commission peuvent être contestées ou remises en question, en revanche, ce qui est intéressant est l’impact et la persistance dans la culture nord-américaine de la notion de complexe militaro-industriel et de son influence néfaste. Cette peur semble se nourrir d’une autre, aussi ancienne que le pays : celle de la toute-puissance de l’état fédéral sur les états. Ainsi fleurissent çà et là des articles exprimant les inquiétudes de citoyens, par exemple sur le déploiement étrange de l’armée américaine dans leur état :

 

Les théories du complot vont bon train dans le sud des États-Unis à propos d’un important exercice militaire : certains craignent une « invasion » de l’armée fédérale ou pire, que cette diversion soit destinée à venir leur confisquer leurs armes  11.

 

Cette méfiance est renforcée par les coûts occasionnés par des guerres que le gouvernement américain semble mener sans que cela ne soit bénéfique au pays, mais qui demandent un effort financier alors même que les citoyens n’en ont plus les moyens. Les dépenses vont alors être imputées à ceux qui en tirent des bénéfices, à savoir le complexe militaro-industriel qui est perçu comme prêt à tout pour asseoir sa domination économique. Mais l’influence de ce complexe ne se limite ainsi pas à l’économie, mais bien aussi au politique qu’elle assujettit, donc qu’elle affaiblit, et par là même elle participe à l’affaiblissement de l’unité de la nation. Ces complexes militaro-industriels sont peut-être encore plus présents de nos jours qu’à l’époque d’Eisenhower. En effet, l’impossibilité pour une armée de ne pas avoir de pertes humaines a été compensée par l’utilisation de combattants civils volontaires au service d’une entreprise privée, ce qui a l’avantage de réduire les coûts officiels de la branche armée du gouvernement. Toutefois, ce faisant, les USA ont ainsi en partie mis leur sécurité nationale et leur vie entre les mains de sociétés militaires privées (des Private Security Contractors ou PSC tels que Blackwater, filiale de Academi, ou DynCorp, etc.).

 

Les producteurs et scénaristes de Jericho ont transformé le sursis [accordé à la série] (et la carte blanche donnée par CBS) en une occasion d’envoyer un message fort sur le complexe militaro-industriel de l’administration Bush et, plus précisément, de ses ratés monumentaux en Irak. […] Une chose de sûre cependant, c’est que l’histoire ne regardera pas avec bienveillance les liens étroits qui ont uni Dick Cheney dans ses fonctions de PDG de Halliburton, le double de Halliburton/KBR [Jennings & Rall] se concentre sur la sous-traitance de services pétroliers et militaires, et la décision de l’administration Bush/Cheney d’envahir l’Iraq, pays producteur de pétrole, sur la base d’une « valise » pleine de mensonges et d’une pile de contrats fructueux qui presque tous sont allés à … Halliburton  12.

 

Or ces entreprises ont une logique économique et servent des intérêts privés, ce qui va à l’encontre même des principes fondateurs de la nation. Ceci apparaît clairement dans DMZ, Jericho et Civil War qui, tous trois, de manière un peu différente, montrent l’impact négatif de ces groupes sur le pouvoir politique et sur l’unité de la nation.

Civil War est emblématique dans le sens où les personnages de l’univers Marvel existent depuis plus d’un demi-siècle et résonnent des préoccupations sociétales des Américains. Ainsi la guerre fratricide qui divise les super-héros oppose-t-elle d’une part Captain America et de l’autre Iron Man. Il faut rappeler que Tony Stark est à la tête d’une multinationale d’armement, et que si le personnage évolue pour devenir un défenseur de la nation américaine, il n’en reste pas moins un homme d’affaires avisé. Il a fait de l’argent grâce aux armes et à la guerre, il sait utiliser les nouvelles technologies et la science pour améliorer l’armement, dont sa propre armure (qui est finalement celle d’un guerrier). Par ailleurs, dans Civil War, il se met au service du président et demande aux super-héros de s’enregistrer auprès des autorités, de révéler leur identité et de se soumettre aux autorités qui vont désormais encadrer et contrôler leurs activités. Ceux qui refusent sont considérés hors-la-loi et sont donc pourchassés par Iron Man, ce afin de les mettre en prison. Toutefois, si Iron Man avait refusé (comme l’a par ailleurs fait Captain America), s’il n’avait pas mis son pouvoir (militaire et économique – il construit les prisons de super-héros, il mène la guerre avec des armes, etc.) au service du gouvernement américain, ce dernier ne serait pas en mesure de mettre en place une loi coercitive. Ainsi, en prenant partie, il conduit la nation des super-héros à une guerre civile.

 

La Nation est davantage une construction idéologique qu’une réalité concrète, ce qui explique la difficulté de lui donner une définition pleinement satisfaisante. Son étymologie est liée à la notion de naissance (nascere). Ainsi, à l’époque médiévale, l’idée de nation renvoie ainsi à un groupe d’hommes à qui l’on attribue une origine commune. Mais la conception moderne de la nation dépasse largement le cadre ethnique ou tribal. Elle trouve plutôt sa source dans un ensemble complexe de liens qui fondent le sentiment d’une appartenance commune. Elle est ainsi à la fois extérieure aux individus, en même temps qu’elle est intériorisée et transmise d’une génération à l’autre. Pour s’imposer, elle suppose également l’existence d’une volonté durable de vivre au sein d’un même ensemble  13.

 

Ce conflit, qui rappelle la guerre de Sécession, est porteur de ségrégation (opposer les bons super-héros, qui se soumettent, aux méchants, qui se rebellent), et de peur (vivre caché, se sentir coupable d’être un super-héros, etc.) et renforce le pouvoir du complexe militaro-industriel. Associée au pouvoir politique, cette entité n’a plus d’opposants et apparaît comme dictatoriale. Mais cette guerre civile est bien plus qu’une guerre militaro-économique, elle oppose deux visions des USA. D’un côté, Iron Man représente et incarne le complexe militaro-industriel qui impose un pouvoir politique centralisé et liberticide, et un système économique néo-libéral à la nation. De l’autre, Captain America, héros de la guerre contre le totalitarisme est le chantre de la liberté individuelle et du capitalisme traditionnel. La fin de Civil War montre la défaite militaire de l’ancien monde, mais la naissance d’un esprit politique de résistance.

Cette mainmise du complexe militaro-industriel se retrouve dans DMZ et Jericho. Ainsi dans DMZ, la guerre civile éclate car certains états, qui se feront appeler les « États libres », se rebellent contre un gouvernement plus porté à mener des guerres à l’étranger qu’à s’occuper des problèmes économiques et sociaux de ses concitoyens. Par ailleurs, une multinationale, Trustwell, société militaire privée et entreprise de construction, se rend indispensable au gouvernement américain : dans la guerre menée contre les insurgés et pour la prise de la DMZ, et dans la reconstruction du pays (celle de New York City en particulier). Ainsi Trustwell agit en sous-main et use de méthodes non légitimes et violentes pour obtenir des marchés et renforcer son pouvoir. Alors même que la multinationale est reconnue pour sa participation à des exactions de tous genres 14, dont créer et utiliser une cellule terroriste pour rendre ses services indispensables auprès du gouvernement américain, elle remporte le marché de la reconstruction de NYC. Elle impose donc son influence politique et son pouvoir militaire et économique. Enfin dans Jericho, le même motif est à l’œuvre avec Jennings and Rall.

 

Née de la fusion entre Jennings, une société de construction navale de l’Amérique coloniale, et Rall, une entreprise pionnière dans l’armement américain qu’il soit de terrain ou tactique, Jennings and Rall est à présent l’un des meilleurs et des plus importants groupes industriels diversifiés au service de tous les échelons du gouvernement, du local au national  15.

 

Multinationale soupçonnée d’avoir voulu prendre le contrôle du gouvernement fédéral bien avant les attaques qui ont détruit 22 villes américaines, et dont elle semble être responsable, elle a par ailleurs subventionné la campagne de leur ancien employé et futur président, Tomarchio. Elle est commissionnée pour administrer les « États Alliés d’Amérique » dans ce qui devient une corpocratie car « [a]lors que l’ancienne démocratie se fondait sur trois pouvoirs constituants (législatif, exécutif et judiciaire), la corpocratie est quant à elle un régime à deux têtes, l’une financière, l’autre, politique16 », et la plupart des membres au pouvoir travaillent pour elle. En outre, elle prend aussi le pouvoir militaire puisqu’elle charge une de ses filiales, la société militaire privée de Ravenwood, de la sécurité du territoire. Or il s’avère que Ravenwood menait, bien avant les attentats, des opérations en Irak et en Afghanistan pour le compte du gouvernement américain et agissait déjà dans la plus totale impunité. Cette multinationale est l’incarnation du danger que représente le complexe militaro-industriel pour l’unité de la nation américaine 17.

 

État et citoyens : La fracture sociale et culturelle

Toutefois, d’autres facteurs sont aussi à prendre en compte pour expliquer cette mainmise des conglomérats militaires sur le pouvoir politique et économique. Les Américains depuis l’origine de leur état se méfient du pouvoir central fédéral, et même si le système de gouvernement instauré fonctionne assez bien, en période de crise, le citoyen semble faire confiance pour le gouverner à ceux qui sont proches de lui : les élus au niveau de l’état et au niveau local, plutôt qu’à ceux qui sont à Washington. Ainsi le sentiment de n’être pas compris, de n’être pas représenté ou d’être lésé par l’état fédéral est récurrent. Ce sentiment est renforcé par le constat que la société nord-américaine est devenue très inégalitaire : quand bien même les citoyens américains sous-estiment l’ampleur de l’inégalité, ils se rendent compte que le rêve américain est bien plus difficile à concrétiser qu’auparavant, qu’il ne suffit plus de travailler dur pour réussir et faire de l’argent, et que ce sont majoritairement les nantis qui réussissent. Même s’ils pensent que chacun doit subvenir à ses propres besoins, ils n’en considèrent pas moins que l’état doit veiller à une plus juste répartition des richesses (sur le principe d’un idéal fondé sur la méritocratie). L’inégalité ambiante et les problèmes économiques de la nation creusent une fracture entre les gouvernants et les gouvernés, ce qui pourrait mener à des désordres sociaux (vols et violence à l’encontre de classes sociales favorisées, de certains groupes ethniques, etc.), ou/et à un refus de certains états de reconnaître le gouvernement fédéral comme légitime. Dans les deux cas, le pays se trouve plongé dans une guerre civile. C’est une hypothèse sur laquelle repose, par exemple, La Parabole du semeur 18 d’Octavia Butler. Dans ce roman, la cohésion sociale a éclaté, la violence est à son paroxysme dans une société qui n’est plus égalitaire : le fossé riches-pauvres est énorme. Il s’agit tout d’abord d’une scission économique (ceux qui ont un travail vivent dans des gated communities pour se protéger de la majorité pauvre de la population), à laquelle s’ajoute une crise écologique (le roman est annonciateur de la situation contemporaine). Le gouvernement ne sait pas gérer la crise et se désintéresse d’une situation qui dégénère au point de voir les citoyens s’entretuer. De même dans The Postman 19, un flashback radiophonique semble indiquer que la situation résulte d’une guerre civile dans laquelle le pays aurait été entraîné par des religieux fanatiques en lutte contre une politique d’excès et de surconsommation. Dans DMZ, c’est l’incompétence du gouvernement et son manque d’intérêt pour les citoyens qui conduisent le Montana, auquel d’autres états se rallieront, à se soulever contre l’état fédéral.

Il serait toutefois erroné de penser que la seule situation économique du pays pourrait conduire à un soulèvement du peuple. D’autres phénomènes sont à l’œuvre au sein de la société, et les divisions ethniques et culturelles du pays ne sont pas des moindres. La fracture culturelle est inhérente à l’état américain par la nature même de sa construction. L’une de ses représentations archétypales est une opposition géographique de deux types : d’une part entre le Nord et le Sud (l’urbain industriel opposé au rural agricole), mais aussi entre l’Est et l’Ouest (la vieille bourgeoisie européenne traditionnelle et la jeunesse libre et créative). Si ces divisions schématiques semblent fonctionner en partie, d’après Colin Woodward 20, il en existe d’autres, bien plus nombreuses et réparties de manière bien moins marquée, qui dessinent un visage différent des USA et qui le morcellent selon d’autres frontières. Ainsi, Woodward explique que les États-Unis ne constituent pas une nation au sens ethnoculturel du terme, mais plutôt un agglomérat de nations dont la culture et les valeurs divergent parfois grandement. Le pays est en grande partie, encore de nos jours, un héritage de la colonisation et en particulier de l’origine ethnique des colons et des valeurs que chaque vague avait apportées avec elle. Les regroupements ethnoculturels qu’il propose permettent d’imaginer comment et pourquoi certains états ou régions pourraient se regrouper en fonction de leur héritage culturel commun pour protéger leur identité et leur idée de la nation américaine. Ils pourraient ainsi se scinder du reste de la nation ou se soulever contre ceux qui n’ont pas su préserver ce qu’ils pensent être les fondements culturels de la nation.

L’autre type de fracture culturelle est celle née des vagues successives d’immigration. Le rôle et l’importance des enclaves ethniques, et l’hispanisation d’une partie du pays qui s’en est ensuivie, sont autant d’éléments qui pourraient conduire à une balkanisation de l’état américain. D’une part parce que la place visible de ces groupes au sein de la société et la transformation qu’ils opèrent sur cette dernière (la culture évolue au fil des immigrations et des apports culturels et linguistiques) exacerbent la méfiance, voire l’hostilité, d’une partie de la « majorité » blanche qui s’en réfère aux origines de la nation américaine pour justifier un état WASP ou tout du moins blanc occidentalisé :

 

Le New York Times affirmait dans un sondage fait en 2010 que les 18% d’Américains qui s’identifiaient comme supporters du Tea Party étaient plutôt des hommes blancs, mariés, de plus de 45 ans et qui votaient Républicains. L’histoire nous indique que la dernière fois où des hommes blancs ont voulu détruire l’économie et peut-être même le pays, c’était bien évidemment à la guerre de Sécession. Alors, il s’agissait pour eux d’essayer de préserver l’esclavage et le droit des États. Aujourd’hui, il s’agit de ne pas donner d’autres droits aux minorités et aux pauvres  21.

 

D’autre part, parce que les USA se sont construits sur l’idée du melting pot, d’une nation qui se nourrissait des différentes immigrations pour créer un « homo americanus », une culture nouvelle qui serait née de ces immigrations. Or les USA ne sont pas un melting pot, qui suppose une assimilation complète, et ils s’éloigneraient même du salad bowl ou mosaïque culturelle, qui indique le multiculturalisme, pour tendre vers d’autre « synthèses [culturelles] désignées sous le nom de browning 22. »

 

En lieu et place de l’assimilation version melting-pot dans laquelle les immigrants perdent leur identité ethnique pour devenir américains, les Américains actuels se considèrent Afro-Américains, Hispano-Américains, Indiens d’Amérique et autres types d’Américains. Le genre et les orientations sexuelles ont presque acquis le même statut que les groupes ethniques au point que la communauté gay réclame les droits des minorités. La société américaine a encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre le climax de la balkanisation en ex-Yougoslavie, pourtant les dissensions actuelles sont déjà empreintes d’une hostilité considérable. Ni les Américains ni leurs partenaires commerciaux occidentaux (la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne) n’ont tendance à s’éterniser sur des exemples similaires de haine ethnique et d’autres signes précurseurs de la balkanisation au sein de leur territoire  23.

 

La question qui se pose est celle de la représentation que la majorité dirigeante se fait des états du sud des USA, tout particulièrement de ceux près de la frontière mexicaine dans le sud-ouest, mais aussi de la Floride et de certaines villes à présent majoritairement hispanophones (dans lesquelles des radios, des chaînes de télévision et des magasins sont uniquement hispanophones et centrés sur une culture latino-américaine). Ainsi cette « mexicanisation » des USA, ou cette « revanche du Mexique » qui récupérerait, par une immigration continue depuis des décennies, les territoires que le gouvernement américain lui avait jadis pris, exemplifie cette hétérogénéité.

Ce sont ces fractures culturelles visibles aussi bien dans le découpage intra-étatique qu’inter-étatique qui posent la question de l’état américain et que la science-fiction exploite :

 

La vraie question qui se pose est : les États-Unis vont-ils rester une seule nation, ou sommes-nous sur le chemin de la balkanisation et de la scission en enclaves ethniques ? Car, comme l’a dit un jour Ronald Reagan, une nation qui n’a pas le contrôle de ses frontières n’est plus vraiment une nation  24.

 

Ainsi Civil War peut se lire comme la vision d’un état qui, se sentant menacé par l’apparente fragmentation de son identité, imposerait une assimilation forcée. La guerre civile qui éclate entre les super-héros de Civil War est celle d’une scission opérée par l’état entre ceux qui, parmi les groupes ethniques, nient leur différence et appellent à l’assimilation culturelle et ethnique, et ceux qui veulent conserver leur identité et leurs spécificités, entre ceux qui veulent effacer les différences, et ceux qui demandent à ce que la différence ne soit pas stigmatisée. C’est parce que l’état se sent débordé et menacé par des citoyens qui ont profondément marqué la culture américaine (modes de vie, modes vestimentaires, apparences physiques, etc.) qu’il décide de les mettre au pas. C’est la peur de la majorité dirigeante d’être dépossédée de son pouvoir et de son autorité qui la pousse à condamner ceux qui l’ont aidée mais qui menacent à présent ses habitudes et modes de vie. C’est à une assimilation forcée que l’état contraint ses citoyens, ce qui n’est pas sans rappeler les heures sombres de nombreux pays dont les USA (le sort réservé aux Amérindiens) et c’est à un questionnement sur l’état que se livre Marvel Civil War.

DMZ, lui, offre une vision multiple des divisions qui fractionnent la nation américaine, de manière indirecte et allusive d’une part, lorsqu’il est dit que la rébellion contre le gouvernement officiel est le fait de groupes sécessionnistes qui ont formé un gouvernement provisoire au Montana, donc loin des centres décisionnels, dans ce qui était un regroupement culturel et d’idéaux :

 

Des milices du Midwest se révoltent contre le gouvernement local pour protester contre l’aventurisme endémique des USA à l’étranger et, en l’absence d’une Garde Nationale, ils parviennent à gagner plus de terrain qu’ils ne le croyaient possible. De petits groupes d’insurgés éclosent dans des villes à travers tout le pays, et un rassemblement assez important, appelé l’Armée des États Libres, avance jusqu’à Manhattan. La ville est bien trop grande pour qu’ils s’en emparent et pour que l’armée des USA la défendent. La guerre s’enlise dans ce qui devient une impasse, aucun des adversaires ne pouvant faire avancer la partie  25.

 

Le pays se scinde donc selon des lignes qui ne sont plus les frontières géographiques que les armées dépassent et reconfigurent, mais bien selon des regroupements culturels. D’autre part, cela passe par une description continue et détaillée du lieu où se situe le nœud du conflit : la ville de New York City, et tout particulièrement l’île de Manhattan. Brian Wood voulait certes rendre hommage à sa ville, suite aux attentats du 11 septembre, mais par ailleurs NYC est emblématique des États-Unis. Elle est le haut lieu du pouvoir économique (Wall Street et les grandes entreprises qui dirigent le pays), et elle est aussi celui du spectacle (Broadway et les médias). Et, surtout, elle est l’histoire de la construction du pays et son visage multiculturel : elle est le lieu où se sont déversées et où continuent d’affluer des vagues d’immigrés. NYC est à l’image du pays et, tout comme lui, elle se redessine perpétuellement au gré des nouveaux arrivants et des déplacements des différents groupes et minorités. Ainsi la DMZ est-elle un foisonnement d’enclaves ethniques et politiques, chacune se distinguant des autres et vivant presque en monde clos. Chaque communauté a son propre fonctionnement, ses propres hiérarchies et ses propres buts. Ainsi, dans cet éclatement, se lit l’éclatement de la nation : autant de petits états qui se retrouvent agglomérés au sein d’une même aire géographique. Ces communautés qui sont au sein de la DMZ n’appartiennent à aucun état, ce qui les place ainsi dans une situation hors normes et hors cadres, dans un ailleurs qui les emprisonne et les rend libres. Toutefois, il apparaît aussi clairement que la communauté est ce qui permet de survivre : l’entraide est indispensable, et le nombre fait force. En outre, il n’y a pas de réelle opposition entre les communautés tant que chacun respecte les frontières des autres. Et, surtout, elles ont en commun leur situation de victimes de guerre (et/ou de la situation économique et sociale), et de laissés pour compte (les habitants ont été abandonnés lorsque la ville a été évacuée). La frontière peut uniquement disparaître lorsque se pose la question de la représentation politique. Les communautés se regroupent pour élire un représentant qui pourrait permettre à un nouvel état de naître ou à ce non état qu’est la DMZ d’être intégré dans un état souverain.

 

Cartographie du territoire : découpage et/ou redécoupage des frontières

Dans DMZ, la cartographie des frontières est celle des territoires au niveau national, mais aussi celle de la DMZ : des communautés dans un territoire lui-même devenu un non-état, enjeu d’une guerre entre états. La zone de front apparaît aussi comme une ligne qui définit l’état / les états et un conflit dans lequel les frontières bougent sans cesse : celles de l’état fédéral se rétrécissent sous l’effet de l’implosion du pays, mais elles définissent de nouvelles limites qui fluctuent sous l’avancée des troupes et le déroulement de la guerre. Toutefois, la guerre civile dans DMZ est représentée à travers une guérilla urbaine, sorte de microcosme de la situation générale dans laquelle les diverses frontières au sein du territoire dessinent celles du pays, tout à la fois multiples et une lorsque les circonstances encouragent leur disparition.

La notion d’état-nation est très étroitement liée au découpage des frontières sur la carte : ce qui délimite un territoire, mais aussi l’entité politique qu’est un état. Les frontières sont donc de première importance comme le montrent encore à l’heure actuelle les guerres en divers lieux du globe pour défendre des frontières ou en imposer certaines (Israël / Palestine, par exemple). Les USA ont construit leur nation sur ces frontières : Jefferson achète la Louisiane à Napoléon en 1803, permettant ainsi à la jeune nation américaine d’élargir son territoire, de progresser vers l’Ouest et de se consolider face aux nations européennes qui la menacent (Espagne, Grande-Bretagne, France). De même, le secrétaire d’État William Seward achète l’Alaska à la Russie en 1867 et permet là encore une expansion économique et géographique des États-Unis et une consolidation face à la Grande-Bretagne et à la Russie. L’état américain s’est tout d’abord imposé en unissant treize colonies et en se faisant reconnaître comme état-nation avec des frontières délimitées, puis a continué à définir son territoire par opposition aux forces qui l’entouraient : l’état naît quand il impose des frontières et montre celles qu’il convient de ne pas franchir sous peine de conflit armé (la Doctrine Monroe a ainsi imposé la domination des USA sur le continent américain). La menace sur la frontière ou son renforcement est aussi symbolique de la menace ressentie par un état. Ainsi la frontière physique qui sépare les USA du Mexique représente la peur que peut avoir l’état américain de se trouver submergé par une arrivée massive de migrants. Mais l’état américain a des frontières plus politiques : celles qui définissent l’état fédéral – les USA – et celles qui définissent chaque état – des états dans un état. Ce sont ces frontières qui posent en soi le problème de la fragmentation du territoire puisqu’il s’agit d’états constitués (lors de la formation du pays) qui fonctionnent donc déjà avec un gouvernement propre et des lois adaptées à la population et au territoire. Par ailleurs, ces états gardent encore une certaine indépendance par rapport au pouvoir fédéral et une certaine méfiance vis-à-vis d’un pouvoir perçu comme potentiellement autoritaire :

 

La frontière est l’objet géopolitique par excellence, car elle manifeste le plus clairement l’articulation étroite entre le politique et le territoire. […] Une frontière est une ligne de partage de souverainetés : c’est là qu’expire une souveraineté, nous disent les juristes du droit international, et qu’en commence une autre. […]

Dans les États en formation, hétérogènes, sujets au défi du récit commun et qui ont un régime de conscription, les frontières sont valorisées. À l’inverse, dans les ensembles ouverts, comme l’Union européenne, les métaphores du pont et de la couture font florès, et souvent la frontière sert de point de départ à une construction régionale.

Si l’on transpose cette définition en termes géopolitiques, poser une limite signifie que l’on sait que l’autre existe ; la frontière identifiée mais franchissable fonctionne comme un repère structurant. La borne, en revanche, est un marqueur territorial ; le mur, un bornage linéaire, c’est-à-dire de négation, d’invisibilité. Les bornages linéaires s’étendent, niant l’un des principes de la coexistence entre les peuples : la légitimité procède en fin de compte du regard de l’autre  26.

 

Ces rappels sont importants dans le contexte d’une possible balkanisation des USA : les attentes des citoyens et/ou gouvernants d’un état sur un territoire dont les caractéristiques géographiques, culturelles, et économiques entrent en conflit avec les décisions fédérales pourraient les amener à faire scission comme ce fut le cas au XIXe siècle (ou à la révolution).

Dans The Second Civil War, la frontière peut devenir physique lorsque l’affrontement éclate entre les troupes de l’état de l’Idaho et celle du gouvernement fédéral. La frontière intérieure entre les états de l’état fédéral devient visible et lieu de conflit. La frontière est ce qui permet l’échange, mais elle est aussi ce qui permet le morcellement et la scission. The Second Civil War souligne combien les différences culturelles, les décisions imposées par un état fédéral sur des décisions locales et les calculs politiques peuvent conduire à un éclatement de la nation parce qu’elle est déjà elle-même composée de territoires dont les frontières sont préexistantes. Ces frontières propres aux territoires sont aussi montrées dans Jericho. Tout d’abord, il apparaît clairement qu’un état peut non seulement être constitué de plusieurs états aux frontières délimitées, mais que ces états sont eux-mêmes sous-divisés en agglomérations, communes, etc., autant de territoires dont les frontières définissent leur pouvoir au niveau local. Ces frontières sont âprement disputées en cas de conflit car elles délimitent aussi à qui appartiennent les richesses du territoire et elles deviennent objets de convoitise (prédation), donnant lieu à d’autres conflits et à des frontières qui se redessinent au gré des batailles. Jericho montre un redécoupage des cartes, les scissions d’un pays, et la métamorphose du drapeau national : le symbole de l’état-nation se scinde lui-aussi sous le coup de la guerre civile. Enfin, dans DMZ, la zone tampon entre les deux camps est un sas dans lequel sont enfermés des citoyens prisonniers d’une situation qu’ils ne contrôlent pas, mais aussi un lieu dans lequel les camps cherchent à pénétrer ou qu’ils cherchent à contrôler. C’est la conquête de ce territoire qui fera basculer la guerre, conquête qui se fait au détriment de la population civile et qui n’a de justification que des frontières qu’il faut repousser.

 

Conclusion

Au final il apparaît que dans les œuvres ici étudiées, et particulièrement dans le type de guerre civile dépeint par DMZ ou Jericho, la cartographie des territoires et des états se redessine ; ce faisant, un des camps, sinon les deux, cherche(nt) à conquérir ou reconquérir des territoires. Ils sont ainsi amenés à franchir des frontières d’états légitimes (états américains au sein de l’état fédéral) dans ce qui ressemble à une guerre de conquête impériale. Quand bien même il s’agit de reprendre un territoire qui a échappé à son contrôle, qu’un état puisse reconquérir par la force un territoire soulève un problème éthique et politique : user de la violence sur ceux qu’il considère comme ses citoyens et imposer son autorité sur ceux qui ne la reconnaissent plus démontrent une dérive impérialiste et/ou dictatoriale. La question pourtant se pose de savoir si un état peut se (re)construire sans guerre unificatrice.

 

  1. « Nation-State », UNESCO, http://www.unesco.org/new/en/social-and-human-sciences/themes/international-migration/glossary/nation-state/.
  2. « Impérialisme », Perspective monde,
  3. Ibid.
  4. « Balkanisation », Le Dico du Commerce International, http://www.glossaire-international.com/pages/a-propos-du-dico-du-commerce-international/.
  5. Brian Wood, Ricardo Burchielli, DMZ, DC Comics, 2005-2012 ; Stephen Chbosky, Jon Turteltaub, Jericho, © CBS, 2006-2008 ; Dan Shotz, Robert Levine, Alejandro F. Giraldo, Jericho, Devil’s Due Publishing, IDW Publishing, 2009-2014 ; Mark Millar, Steve McNiven, Leandro Fernandez, Marvel Civil War, Marvel Comics, 2006-2007. Joe Dante, The Second Civil War, © HBO, 1997.
  6. Par exemple Ward Moore, Autant en emporte le temps [1953], Jane Fillion (trad.), Paris, Denoël, « Présence du future », 1977 (Bring the Jubilee, New York, Ballantine Books, 1953).
  7. Par exemple Robert Charles Wilson, Julian Apostat, fugitif, conquérant [2009], Denoël, « Lunes d’Encre », 2011 (Julian Comstock : A Story of 22nd-Century America, New York, Tor Books, 2009).
  8. Principalement DMZ, Jericho, Marvel Civil War et The Second Civil War.
  9. « Nation-State », UNESCO, http://www.unesco.org/new/en/social-and-human-sciences/themes/international-migration/glossary/nation-state/.
  10. Pour plus de détails, se reporter à Paul A. C. Koistinen, « The “Industrial-Military Complex” » in « Historical Perspective: World War I », The Business History Review, vol. 41, no. 4 (Winter, 1967), President and Fellows of Harvard College, p. 378-403.
  11. Rick Ungar, « Texas Governor, Fearing USA Gov Invasion, Orders State Guard To Monitor US Military Games in State », Forbes, April 30th, 2015, http://www.forbes.com/sites/rickungar/2015/04/30/you-might-be-a-right-wing-nut-job-if/ ; AFP, « États-Unis : l’armée américaine est-elle en train d’envahir le Texas ? », Le Midi Libre, 20 juillet 2015, http://www.midilibre.fr/2015/07/20/etats-unis-l-armee-americaine-est-elle-en-train-d-envahir-le-texas,1192899.php.
  12. Jon Cummings, « Political Culture: ‘Jericho’ Walls Come Tumbling Down … Again », PopDose, March 20, 2008, http://popdose.com/political-culture-jericho-walls-come-tumbling-downagain/. « […] Jericho’s producers and writers have turned their reprieve (and the free rein allowed by CBS) into an opportunity to make a Big Statement about the Bush administration’s military-industrial complex and, specifically, its monumental screw-ups in Iraq. […] One thing is certain, however, and that is that history will not look kindly on the nexus between Dick Cheney’s tenure as Halliburton CEO, Halliburton/KBR’s twin focuses on oil and military-services contracting, and the Bush/Cheney administration’s decision to invade oil-rich Iraq based on a suitcase full of lies and a stack of lucrative contracts that pretty much all went to … Halliburton. » (notre traduction).
  13. « L’Idée de nation », Vie Publique, http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/approfondissements/idee-nation.html.
  14. Se référer aux numéros « Public Works » n° 13, 14, 15, 16, 17.
  15. [Notre traduction] “Built from the merger of Jennings, a shipbulding enterprise in early America, with Rall, an arms manufacturer of our nation’s earliest field and tactical weaponry, Jennings & Rall is today one of the best and biggest multiple industries groups serving all levels of Government from local to national.”, « History/About us », Jennings and Rall, http://www.jenningsandrall.tomtooman.com/index.php?cle=1194464257.
  16. Claude Vaillancourt, « Vivre en corpocratie », à babord revue sociale et politique, n° 39, avril/mai 2011, http://www.ababord.org/Vivre-en-corpocratie.
  17. Pour une analyse plus détaillée, se reporter à Isabel Pinedo, « ‘Things in this country are gonna change pretty fast’ Dissent, Mobilization, and the Politics of Jericho » in Timothy Dale, Joseph J. Foy (eds.), Homer Simpson Marches on Washington : Dissent Through American Popular Culture, Lexington, The University Press of Kentucky, 2010.
  18. Octavia Butler, La Parabole du semeur, J’ai lu, 1995 (Parable of the Sower, New York, Four Walls Eight Windows, 1993).
  19. Kevin Costner, The Postman, © Tig Productions, © Warner Bros, 1997.
  20. Colin Woodward, American Nations : A History of the Eleven Rival Regional Cultures of North America, New York, Viking, 2011.
  21. Harlan Green, « A New Civil War? », Huffington Post, The Blog, 10 July 2013, http://www.huffingtonpost.com/harlan-green/a-new-civil-war_b_4057545.html. « The New York Times stated in a 2010 poll that the 18 percent of Americans who identify themselves as Tea Party supporters tend to be Republican, white, male, married and older than 45. History tells us the last time white males were willing to destroy the economy and maybe country. It was the United States Civil War, of course. Then it was about such men attempting to preserve slavery and state rights. Today, it is about not giving more rights to minorities and the poor » [notre traduction].
  22. Gérard-François Dumont, « La diversification du peuplement et la géopolitique interne des Etats-Unis », in « Les enjeux géostratégiques entre les Etats-Unis et l’Iran », Géostratégiques, n° 23, mai 2009, p. 43-70, p. 66-67.
  23. Stjepan G. Mestrovic, The Balkanization of the West - The Confluence of Postmodernism and Postcommunism, New York, Routledge, 1994, p. 109. « Instead of the melting pot version of assimilation in which immigrants lost their ethnic identities to become Americans, contemporary Americans refer to themselves as African Americans, Hispanic Americans, Native Americans and other sorts of Americans. Gender and sexual preference have practically assumed the status of ethnic groups to the extent that gays demand minority rights. American society still has a long way to go before it reaches the pitch of balkanization in the former Yugoslavia, yet the existing divisiveness is already tinged with considerable hostility. Neither Americans nor their Western partners in trade (Britain, France and Germany) tend to dwell on similar instances of ethnic hatred and other precursors of Balkanization within their borders » [notre traduction].
  24. Cette citation est extraite de l’article « Balkanization Beckons » écrit par le paléoconservateur Patrick J. Buchanan et publié sur le site cnsnew.com, 15/07/2014, http://www.cnsnews.com/commentary/patrick-j-buchanan/balkanization-beckons. « The real issue: Will America remain one nation, or are we are on the road to Balkanization and the breakup of America into ethnic enclaves ? For, as Ronald Reagan said, a nation that cannot control its borders isn’t really a nation anymore » [notre traduction].
  25. Chris Arrant, « War Torn: Brian Wood’s DMZ and Supermarket », Publishers Weekly, October 3, 2006, archived from the original, May 30, 2008. Retrieved October 4, 2006. « Midwestern militia groups revolt against their local governments in protest of rampant US adventurism overseas and in the absence of the National Guard, are able to gain far more ground that they thought possible. Small insurgent groups pop up in towns and cities across the country, and a sizable force, the Free States Army, pushed toward Manhattan. The city proves too big for them to take, and also for the US army to defend. The war stalls there, a stale mate, neither side being able to shift things » [notre traduction].
  26. Michel Foucher, « Actualité et permanence des frontières », Médium 3/2010, n°24-25, p. 12-34, www.cairn.info/revue-medium-2010-3-page-12.htm.