La présence cachée du Mal dans les espaces dystopiques de la littérature pour adolescents. Ambiguïtés du motif et richesse des possibles didactiques

La présence cachée du Mal dans les espaces dystopiques de la littérature pour adolescents. Ambiguïtés du motif et richesse des possibles didactiques

Par MULLER Eric

Le champ de réflexion programmé par ce titre mérite d’être précisé. Le syntagme « les espaces dystopiques » fait référence à des romans pour adolescents des domaines francophone et anglophone. S’il nous est permis de prolonger la célèbre – et féconde 1 – assertion de Leibniz : « il y a une infinité de mondes possibles dont il faut que Dieu ait choisi le meilleur, puisqu’il ne fait rien sans agir suivant la suprême raison 2 », les auteurs pour la jeunesse, eux, imaginent souvent les pires mondes possibles. Ceux-ci répondent par exemple à la définition de la dystopie que donne Valérie Stiénon ; ce qu’elle nomme « le récit d’anticipation négatif » :

 

Qu’on le considère comme le double inversé ou la face cachée de l’utopie, le récit d’anticipation négatif présente au moins un invariant structurel : il développe l’histoire fictive d’une communauté dont l’organisation et les bases sociales sont menacées, fragilisées, détruites  3

 

Les romans qui nourrissent notre réflexion représentent un échantillon minimal de l’imaginaire générique en question – la parution de nouveaux titres de littérature pour adolescents est incessante – mais on peut y reconnaître les principaux axes du traitement de l’espace dystopique. Comment celui-ci accueille-t-il, en revivifiant certains motifs archétypaux, les manifestations d’un Mal caché que le personnage devra dévoiler et le lecteur décrypter ?

 

La dystopie pour les adolescents : diversité des mondes imaginaires

L’espace dystopique relève de la littérature d’anticipation, et s’inscrit principalement dans des fictions post-apocalyptiques dont le genre de la science-fiction a fondé l’imaginaire, de Rosny Ainé (La Mort de la Terre, 1912) à Pierre Bordage (Les Derniers Hommes, 2000), en passant par Richard Matheson (I Am Legend, 1954). Le cataclysme ultime peut accompagner une guerre nucléaire, chimique, bactériologique, ou résulter d’un bouleversement climatique, comme dans Divergente de Veronica Roth et dans la trilogie des Hunger Games 4 de Suzanne Collins. Mais le genre de la science-fiction autorise d’autres modes de création romanesque, comme l’uchronie, la construction d’un univers fictif en fonction d’une modification de certaines données historiques antérieures à la narration, ainsi l’explosion de bombes biologiques en 1954 aux USA, dans la trilogie Meto 5 d’Yves Grevet. La construction de la dystopie peut aussi s’inscrire dans l’invention d’un monde sans lien avec le nôtre, quoique conservant des similitudes de civilisation, une « exotopie » – si le néologisme nous est autorisé – prenant place dans un espace qui n’existe pas, en un temps a-historique, comparable par exemple au monde de Tolkien ; c’est le cas du premier volume de la trilogie de William Nicholson, Les Secrets d’Aramanth (The Wind Singer, 2000). L’imaginaire de la dystopie permet enfin de fonder des fictions hypothétiques s’inscrivant dans notre époque ou dans un futur proche, comme dans la volumineuse série de Michael Grant, Gone 6.

Le genre autorise donc l’écriture d’une infinité de « mondes possibles », et la poïétique de l’auteur, apparemment, n’obéit qu’à la seule logique qui anime l’univers fictionnel ; mais certaines aspérités, certaines inquiétudes de notre monde peuvent fournir à l’imaginaire romanesque de sombres motifs.

 

Dystopie et mondes clos

Le Mal de l’imaginaire romanesque se nourrit souvent de la clôture de l’espace, le creuset où se concentrent l’affrontement et la violence, où se développe la volonté de nuire. Ce chronotope de l’enfermement, illustré entre autres par les châteaux et les couvents du roman gothique, investit l’espace dystopique 7 de la littérature pour adolescents, « un monde, comme l’analyse Roger Bozzeto, dont l’altérité se veut totale 8 ». Ainsi, les communautés dont il est question dans les romans vivent-elles entourées de limes qu’il est difficile – voire impossible – de franchir, comme Aramanth et ses murs :

 

La ville d’Aramanth était construite en forme de cercle, ou plutôt de tambour, car elle était entourée de hautes murailles qui avaient été élevées il y a longtemps pour protéger les habitants des tribus guerrières des plaines  9.

 

Autres espaces clos : l’île de la trilogie de Meto d’Yves Grevet, la « Zone » de Perdido Beach dans Gone de Michael Grant ou encore le district 12 dans Hunger Games de Suzanne Collins. La clôture n’est pas uniquement destinée, comme l’explique Roger Bozzeto, à « empêcher les citoyens de s’enfuir 10 » : elle figure l’enfermement de l’espace, du temps et donc de la pensée. La dystopie du monde clos induit l’oubli, la négation d’un ailleurs possible dans l’étrange « maison » de Meto, sorte de pensionnat qui regroupe des enfants et des adolescents, arrivés frappés d’amnésie et emmenés ailleurs dès qu’ils ont atteint un certain poids qui signale la fin de l’adolescence. L’absence d’un espace à parcourir est accompagnée d’une minéralisation du temps historique ; la mémoire du passé est occultée ou fabriquée, confiée, comme dans le roman éponyme de Lois Lowry, à un « Passeur », un « dépositaire de la Mémoire 11 », chargé de la conserver et de la transmettre à son successeur. Les communautés ont pour seul objectif leur propre pérennité, ou celle de la fédération à laquelle elles appartiennent.

 

Le péché originel de l’apocalypse

Nombre de ces communautés inscrivent leur naissance – et justifient leur existence – dans une apocalypse fondatrice : catastrophe écologique ou naturelle, violentes éruptions solaires et effondrement de l’écosystème (James Dashner, L’Épreuve 12), guerres biologiques et chimiques (Yves Grevet, Meto ; Joelle Charbonneau, L’Élite, 2013 13), une époque quasi mythique résumée par des expressions consacrées comme « la grande panique 14 » ou « la Catastrophe 15 ». L’apocalypse peut prendre la forme d’une palingénésie figurée par la broderie de la robe du « Chanteur », chargé, dans L’Élue, de rappeler un passé sacralisé :

 

Catastrophe. Reconstruction. Catastrophe encore et encore. Renouveau. La jeune fille continuait à suivre du doigt les différentes scènes : au fur et à mesure que surgissaient de nouvelles villes, plus grandes, plus belles, la destruction poursuivait son œuvre, toujours plus étendue, toujours plus radicale. Le cycle était si régulier qu’il semblait obéir à un schéma très précis : c’était toujours le même mouvement de haut en bas et de bas en haut, pareil à une vague  16

 

Les ruines de l’ancien monde parsèment l’espace que parcourent les personnages : les « Ruines rouillées » dans Uglies ou celles de Chicago dans L’Élite. L’évocation historique du cataclysme emplit véritablement le discours des dirigeants et masque toute référence aux époques antérieures :

 

La guerre était la conséquence du manque d’intelligence et de compétence des dirigeants de l’époque. […] ils étaient incapables de prendre des décisions sous la pression et c’est la raison pour laquelle ils n’ont pas su nous sortir du conflit. […] L’idée [d’un test de sélection des futurs dirigeants] n’est pas seulement de revitaliser le pays mais de garder le peuple en sécurité  17

 

Cette apocalypse est révélée par le discours du pouvoir et donne alors naissance à une nouvelle Genèse, et les anges aux épées flamboyantes sont les gardiens d’une parole de l’injonction. Le Mal originel et désigné sacralise l’instauration et le maintien d’un régime dirigiste dont le projet exprimé est la reconquête d’une planète dévastée et, partant, le bien-être social. L’anamnèse prend alors la forme d’un dogme prescriptif prétendant justifier une organisation sociale qui paraît insensée au lecteur, telle cette division, dans Divergente, en « factions » (les Sincères, les Altruistes, les Audacieux, les Érudits et les Fraternels) ; des factions « dont chacune s’est donné pour mission d’éradiquer le travers qu’elle considère comme responsable des désordres de ce monde 18 ». Les zones décontaminées, dans Meto, sont dirigées par « un collège de sages gérant chaque zone avec raison et fermeté 19 ». Même interprétation et utilisation du passé par Panem, c’est-à-dire la « fédération », dans Hunger Games :

 

Il [le maire du district de la narratrice] rappelle l’histoire de Panem, le pays qui s’est relevé des cendres de ce qu’on appelait autrefois l’Amérique du nord. Il énumère les catastrophes naturelles, sécheresses, ouragans, incendies, la montée des océans qui a englouti une si grande partie des terres, la guerre impitoyable pour les maigres ressources restantes. Voilà d’où vient Panem, un Capitole rayonnant bordé de treize districts, qui a apporté paix et prospérité à ses citoyens  20.

 

Mais, comme le Grand Inquisiteur Torquemada de Hugo, « figure non historique, transposable à toutes les époques 21 », le pouvoir, dans les dystopies, prétend sauver les êtres par la douleur, et, pour reprendre la désignation de Paul Ricœur 22, conjurer le retour du « mal commis » par le « mal souffert ». Si l’écriture de la dystopie, par la mise en avant des objectifs vertueux du pouvoir, rappelle le modèle utopique, elle fait cependant signe au motif de la souffrance.

 

Les formes du pouvoir ; anonymat de l’oppression 

Quelle apparence adopte le pouvoir au sein de ces mondes imaginaires ? Il est désigné souvent par un substantif qui signale la puissance et l’anonymat : « Le Grand Ordonnateur » dans le diptyque de Linus Hoppe, le « Capitole » dans Hunger Games, la « Compagnie » dans De l’autre côté de l’île, Le « Conseil des Seigneurs », dans LÉlue, « Le Conseil des examinateurs » dans Aramanth, etc. Les personnages qui incarnent ce pouvoir font l’objet d’un brouillage narratif : cette « Mère nourricière », qui a fondé et dirige encore la « Compagnie » dans De l’autre côté de l’île, existe-t-elle vraiment ou son portrait qui orne les murs a-t-il pour seule fonction de donner un visage humain à la dictature, comme le « Big Brother » d’Orwell ? La « Grande Sage », dans Le Passeur, n’a pas d’autre nom. Où est le Mal, où est le Bien dans LÉlite ? Le professeur Barnes, organisateur des « Tests » meurtriers, est plein de bonhommie. Le Mal – outre ses manifestations – peut se résumer en un mot dans la trilogie du Labyrinthe : « WICKED », « mauvais » ou « méchant », en anglais. C’est en fait l’acronyme de « World In Catastrophe : Killzone Experiment Department » (« Monde sinistré : département expérience de la zone mortelle »). Mais ceux qui parlent au nom de cette organisation sans visage ne sont que des instruments. Ce jeu des révélations, des masques et des mensonges, qui nourrit l’effet de « tension narrative », « une anticipation teintée d’incertitude qui confère des traits passionnels à l’acte de réception » selon Raphaël Baroni 23, interroge la nature même du Mal qui, généré par le pouvoir et le dogme prescriptif issu du récit mythique du cataclysme originel, s’empare des êtres et les rend autres, les altère.

C’est l’adolescent, analogon du lecteur, qui, dans le roman, est la victime majeure de la société dystopique, par l’organisation de divers tests de sélection. Le motif est répétitif dans les romans : Divergente, Le Passeur, Le Destin de Linus Hoppe, Les Secrets d’Aramanth et L’Élite 24 proposent des scènes de sélection aboutissant à une hiérarchisation des compétences et donc des futurs statuts sociaux. Dans Les Secrets d’Aramanth, les résultats scolaires des enfants déterminent l’affectation de la famille entière dans une zone plus ou moins prestigieuse et confortable de la cité. L’école rappelle incessamment l’objectif : « Mieux faire aujourd’hui que la veille. Mieux faire demain qu’aujourd’hui. Voilà le secret de la grandeur de notre ville 25. » À l’inverse, pas de réelle sélection dans Uglies : à 16 ans, tous les adolescents font l’objet d’une très lourde opération de chirurgie esthétique qui leur attribue une beauté parfaite ; ils quittent alors leur statut de « Uglies » pour passer à « New Pretty Town » pour vivre dans le plaisir des fêtes perpétuelles et le mépris envers les « Uglies ». Comme on l’affirme à l’héroïne, Tally : « Cette ville est un paradis. Elle te fournit nourriture, éducation et protection. Elle te rend belle 26. » C’est l’accomplissement du rêve utopique…

Mais la communauté fermée est surtout le foyer d’une oppression violente qui élimine les individus déviants comme dans De l’autre côté de l’île ou Le Passeur. Dans ce dernier roman, Lois Lowry introduit la figuration de ce que Marcel Conche nomme « le mal absolu 27 » : la souffrance et la mort de l’enfant. Les couples ne pouvant avoir que deux enfants, les bébés surnuméraires sont tout simplement « élargis », euthanasiés – à l’instar des vieillards, sans que cela provoque aucune émotion chez l’exécuteur, car, comme l’explique Le Passeur au jeune héros, Jonas, qui va lui succéder : « Ils n’y peuvent rien. Ils ne connaissent rien. […] C’est leur façon de vivre. C’est la vie qu’on leur a fabriquée 28. » Car les habitants de la communauté où vit Jonas se voient amputés littéralement de toute émotion : pas de guerre, de faim, de chômage, de souffrance physique mais pas non plus d’affection ni de sexualité. Le relief géographique a été supprimé, raboté ; les individus ne voient plus les couleurs. Une population anesthésiée et heureuse parce que la notion même de Mal lui est étrangère.

Or, paradoxalement, le Mal n’est pas seulement voilé par l’opacité d’un pouvoir anonyme. Il se révèle dans la nature même de ceux que l’imaginaire de l’auteur investit de la mission de combattre la société dystopique : les adolescents.

 

L’adolescent : lutte pour la survie et violence

Un motif majeur s’investit dans les fictions dystopiques pour adolescents : la lutte pour la survie lors des tests d’une part et au sein de communautés d’enfants et d’adolescents isolées des adultes d’autre part. Dans les fictions comme Divergente ou les trilogies du Labyrinthe, de Hunger Games, ou de L’Élite, une extrême violence parcourt les chapitres. Une violence qui est souvent le fait des jeunes entre eux ; beaucoup plus que de la part des adultes envers les jeunes, bien que les premiers, en tant qu’organisateurs des tests, en soient les initiateurs. C’est le WICKED, en effet, qui enferme plusieurs dizaines de jeunes garçons, plus une fille, au centre d’un labyrinthe d’où ils ne peuvent sortir qu’après avoir affronté d’abominables monstres-machines. Cette violence peut sembler paradoxale si l’on considère le public de destination, mais les adolescents consacrent une bonne partie de leur temps à s’entretuer, soit pour faire partie des futurs dirigeants dans L’Élite, soit pour survivre aux Hunger Games, jeux du cirque télévisés.

L’éclairage du mythe peut accompagner la lecture de ces romans : comme dans la légende mythologique, les jeunes sont offerts par chaque district, pour une tuerie mutuelle au public du Capitole. Ces jeunes gens nommés « tributs » sont envoyés par chacun des douze districts pour les punir d’un soulèvement, de même que le roi de Crète, Minos, exigeait un tribut de quatorze jeunes Athéniens et Athéniennes en expiation de la mort de son fils Androgée. Le monstre qui se dévoile à eux dans les arènes du Capitole n’est pas un bovidé mais leur propre férocité, révélée par l’action masquée d’un pouvoir maléfique. Cette férocité détermine chez les spectateurs, comme l’écrit Andrew Shaffer, le « plaisir de voir souffrir autrui » car « rien ne grandit autant un individu par rapport à un autre que d’assister à la mort de ce dernier  29».

Les adolescents enfermés dans Le Labyrinthe de Dashner réécrivent à l’inverse le mythe du Minotaure, mais il ne s’agit pas pour Thésée de pénétrer au cœur de l’édifice pour voir et tuer le monstre : il faut à Icare fuir l’espace central et clos pour affronter, à l’extérieur de cette construction gigantesque et insensée, non seulement le feu des éruptions solaires, non seulement les dieux manipulateurs du WICKED, le plus souvent cachés, mais, dans une rencontre spéculaire, la réalité de leur propre violence meurtrière dont le déchaînement incessant lasse parfois le lecteur et effraie son auteur. Par exemple, le héros du roman, Thomas, vient de se débarrasser à coups de couteau d’un habitant contaminé et agressif de la « Terre brûlée » : « Thomas avait bien agi. Malgré tout, la culpabilité le rongeait. Le meurtre d’un être humain… Ce n’était pas facile à accepter 30. » L’auteur, dans la figuration de la violence, a recours au réalisme le plus manifeste, comme dans la lutte qui oppose Cia, dans L’Élite, à un autre concurrent : « J’abats de toutes mes forces le couteau serré dans mon poing. Il s’enfonce. Damone laisse échapper un cri étouffé. Il desserre son étreinte autour de mon cou. Du sang coule sur mes mains. J’enfonce le couteau. Encore 31. » On peut être tenté d’imputer ce réalisme de l’écriture pour adolescents à une forme de mimésis : la violence est omniprésente aujourd’hui dans les films comme dans les jeux vidéo ; la flaque de sang est – et on se doit de le déplorer – un topos obsédant de la culture médiatique de nos jours.

Dans l’imaginaire romanesque dont il est question, la violence des adolescents s’exprime dans un monde régi par des adultes qui la déterminent. Cette origine du Mal nous conduit à évoquer un type de dystopie particulier : le monde sans adultes, sans parents, sans profs (une utopie pour beaucoup d’adolescents !). Cette dystopie est actualisée en 1937 par le romancier allemand Henry Winterfeld sous le titre Les Enfants de Timpelbach (Timpetill, Die Stadt ohne Eltern). William Golding dépeint, en 1954, dans Sa Majesté des Mouches (Lord of the Flies), une robinsonnade anti-utopique qui connaît son climax dans la lutte mortelle de deux groupes rivaux de jeunes naufragés qui avaient entrepris auparavant une « chasse au monstre ». Mais qui est le monstre ?

Dans la longue série de Michael Grant, Gone, un mur opaque isole subitement une zone de la Californie d’où tous les individus de plus de quinze ans disparaissent comme par magie. Donc nul adulte susceptible de construire et diriger une société dystopique et coercitive. Pourtant, la dégradation des conditions d’existence des enfants va amplifier ce que Claudie Bernard nomme la « dualité » qui « mine ce qui se donne pour individu, indivis, totalité 32 », l’« imperfection originale des créatures 33 », selon Leibniz, qui fait affirmer à Oscar Wilde que « chacun de nous porte en soi le ciel et l’enfer 34 ». Une part du Mal qui resterait donc tapie au fond de chaque individu, ici de chaque enfant. La violence et la mort – jusqu’à l’anthropophagie – règnent dans cette petite communauté dont certains membres, les « mutants », développent des pouvoirs physiques et mentaux extraordinaires et souvent meurtriers. Les quelques centaines d’enfants et adolescents se scindent en plusieurs groupes rivaux dont les chefs s’affrontent, non pas vraiment pour la nourriture, mais pour le pouvoir, et contre l’autre. Ils réalisent ainsi ce que René Gérard désigne par « le désir mimétique » : « Pour qu’un vaniteux désire un objet il suffit de le convaincre que cet objet est déjà désiré par un tiers auquel s’attache un certain prestige 35 ». Et il précise par ailleurs : « Si les individus sont naturellement enclins à désirer ce que leurs prochains possèdent, ou même simplement désirent, il existe au sein des groupes humains une tendance très forte aux conflits rivalitaires 36. »

Ainsi, le Mal s’impose dans cette communauté d’enfants qui apprennent à se servir d’armes automatiques et fabriquent, pour l’achat d’une nourriture rationnée, une monnaie en or. Ce Mal altère profondément les personnages : « Dans la Zone, dix ans, c’était l’équivalent de la quarantaine. Lui-même était un vieux alors qu’il n’avait pas quinze ans 37. » Cette altération de la personnalité d’enfants et d’adolescents contribue à la construction d’une image d’enfer sur terre où, selon la formule de Paul Ricœur, « péché, souffrance et mort expriment de manière multiple la condition humaine dans son unité profonde » et conduisent au « brouillage de la frontière entre coupable et victime 38 ». Bien sûr, le récit, qui marie les esthétiques science-fictionnelle et fantastique, place dans cette Zone une entité extra-terrestre monstrueuse, « le gaïaphage » qui se nourrit de radiations nucléaires et s’approprie la personnalité de certains adolescents. Est-ce une écriture du Malin ? Peut-être, dans la mesure où, comme l’explique René Girard : « Le diable n’a pas de fondement stable, pas d’être du tout. Pour se donner une apparence d’être il lui faut parasiter les créatures de Dieu. Il est tout entier mimétique, autant dire inexistant 39. » En fait, cette longue fiction est traversée par une vision assez sombre de l’humain, qui illustre la réflexion d’Umberto Eco : « Il n’est pas nécessaire d’atteindre les délires de 1984 pour reconnaître en nous des êtres ayant besoin d’un ennemi 40. »

 

Transgression et franchissement des limites : quand les masques tombent

La littérature de jeunesse – et particulièrement celle destinée à l’adolescence – donne source au processus d’identification analysé par Jauss ; plus précisément, le tableau d’une société oppressive doit conduire, chez le lecteur – jeune et moins jeune – au rejet du monde dystopique proposé à la lecture et à une « identification par sympathie 41» envers un jeune héros ordinaire, « imparfait, plus familier 42», victime d’un monde sans rationalité. Ces jeunes gens de papier ne sont donc pas d’emblée des héros selon l’acception mythologique. L’horizon d’attente du lecteur sera dessiné par les motifs de la transgression et de la révolte contre l’intolérable. Cia, Katniss, Honor, Thomas, Tris et Meto, des constructions spéculaires d’adolescents, vont participer à une rébellion destinée à renverser le pouvoir qui régit le monde dystopique. Le processus d’identification fait alors l’objet d’un autre éclairage : le héros – très souvent l’héroïne – a acquis au fil des épisodes des pouvoirs exceptionnels ; Cia, Katniss, Thomas, Tris et Meto sont devenus de redoutables combattants et l’identification par sympathie fait place à « l’identification admirative 43 ». La révolte violente aboutit à un dévoilement du Mal, dévoilement qui peut révéler d’autres masques et désorienter héros et lecteur : Symon, qui semblait mener la révolte dans LÉlite, était le complice du Professeur Barnes qui, lui, à la fin du roman, ne paraît plus aussi antipathique ; l’épilogue du premier volume du Labyrinthe est exprimé par la dirigeante du WICKED, l’organisation qui a programmé l’élimination brutale de nombreux personnages adolescents :

 

J’ignore comment l’histoire jugera l’action du WICKED, mais je tiens à consigner ici que notre organisation a toujours poursuivi un seul et même but, qui était la préservation de l’espèce humaine. Et en cela, au moins, nous avons réussi.

Comme nous n’avons cessé de le répéter à chacun de nos sujets, le méchant était bon  44

 

Quant à Coin, la dirigeante rebelle qui a mené la révolte contre le Capitole dans Hunger Games, elle se propose d’organiser de nouveaux jeux du cirque avec les enfants des dirigeants vaincus. Heureusement, à la place de l’ex-président Snow, dont l’image s’humanise quelque peu à la fin, elle sera tuée d’une flèche par Katniss, comme résurgence d’un Mal porteur d’un nouveau masque.

Si nous avons parlé de la clôture du monde dystopique, dans certaines fictions, le franchissement des frontières du Mal peut représenter une forme de transgression initiatique, et aboutit – à l’issue de la quête – au dévoilement attendu. Kestrel et son frère Bowman décident de quitter la cité d’Aramanth pour retrouver la « Voix d’argent » qui doit la délivrer du Morah, une entité maléfique. Le Morah, quand ils le découvrent, offre un masque qui construit une représentation inattendue du Mal, un oxymôron : une vieille femme alitée. Elle n’en est que plus dangereuse car elle génère une armée fantastique, les Zars, que Bowman va rejoindre :

 

Qu’avait-il à craindre ? Tant qu’il regardait ces millions d’yeux, il faisait partie du plus grand pouvoir au monde. […] Il entendit le son d’une musique lointaine […] Le son, reconnaissable entre tous d’une fanfare, accompagné par le bruit sourd de pas marchant en cadence  45

 

La réception de cette figuration multipliée du Mal par une armée de jeunes gens beaux et blonds, qui chantent leur soif de meurtre, peut évoquer, même fugitivement, les images de propagande d’un régime aujourd’hui heureusement disparu. L’association du Mal au masque de la beauté physique traverse la série des Uglies : les membres des « Special Circumstances », la police chargée de surveiller les jeunes « Pretties » et de réprimer leurs désirs d’indépendance, arborent une « beauté merveilleuse et terrible 46 » et les pensées de l’héroïne, Tally, jeune « Ugly » devenue « Pretty » puis « Special », interrogent la dualité de la nature humaine : « Elle aimait cette assurance d’être Special, de se retrouver à la marge, glaciale, supérieure aux autres 47. » Le Passeur nous propose également le motif du franchissement de la frontière : Jonas fuit pour sauver un bébé de l’élargissement ; l’esthétique science-fictionnelle, au cours de l’écriture de la tétralogie, adoptera une symbolique spirituelle que l’on peut qualifier de biblique : né d’une procréation artificielle, d’une mère vierge, Gabriel, ce bébé, cet enfant sauvé, que Jonas emmène dans une communauté utopique deviendra, adolescent, l’enfant sauveur, en terrassant un être démonique (Le Fils, vol. IV). On se souviendra que Gabriel est le gardien du jardin d’Éden et l’ange qui démasque Satan dans Paradise Lost (Le Paradis perdu, 1667) de John Milton. Cette figuration du Malin a déjà sévi dans le troisième volume de la tétralogie, Messager : « Commissaire troqueur », c’est le nom de cette réécriture de Méphistophélès, a empoisonné l’âme du village en proposant aux habitants, jusqu’alors accueillants envers les étrangers réfugiés, de troquer des Machines à jeux contre leur âme. Cette communauté rurale accueillante et utopique deviendra alors un village inhospitalier aux réfugiés, dystopique 48. Les quatre volumes de cette fiction tissent ainsi une dénonciation du Mal en entremêlant mythes bibliques et imaginaire post-apocalyptique.

 

Le Mal sans visage et le lecteur-élève

Il faut parler d’un personnage clé des romans que nous avons évoqués, le lecteur, l’adolescent et, ne l’oublions pas, l’élève. Pourquoi faire lire de telles fictions aux élèves ? Nous nous plaçons ici dans le contexte de la classe – car les élèves lisent des romans pour adolescents – et d’un échange entre ces jeunes lecteurs et l’enseignant, lui aussi lecteur. Pour Christian Chelebourg et Francis Marcoin, les fonctions majeures de cette littérature sont « l’édification, l’éducation et la récréation 49 ». Monique Noël-Gaudreault parle, quant à elle, d’une fonction de « dessillement 50 ». La singularité du champ fictionnel précis – la dystopie – dont nous avons essayé, sans viser l’exhaustivité, de désigner quelques traits saillants, est son éloignement d’une certaine forme de réalisme romanesque, ancré dans le quotidien des élèves, et qui se déploie dans des récits interrogeant des problèmes du quotidien tels que la phobie scolaire, l’amitié, le collège, l’orientation sexuelle, les relations avec les parents, etc. Alors comment le jeune lecteur d’aujourd’hui peut-il distinguer le rapport entre notre réalité socio-historique et l’imaginaire – souvent hyperbolique – de la dystopie ?

Que recherchent les adolescents-élèves en choisissant ces romans d’anticipation ? L’effet de « tension narrative » que nous avons évoqué plus haut et donc, tout simplement, le plaisir de lire des récits d’aventures ? Thomas parviendra-t-il à échapper au labyrinthe et nouera-t-il une relation amoureuse avec Teresa 51 ? Les limites de la « zone » de Perdido disparaîtront-elles un jour avant que périssent tous les enfants qu’elle retient prisonniers 52 ? Cette posture de l’attente passionnée, tendue vers la catharsis du dénouement n’est absolument pas négligeable mais ne peut épuiser les richesses de l’imaginaire dystopique qui donne à penser. Il ne peut suffire, bien sûr, de relever systématiquement, entre l’univers imaginaire et notre propre espace spatio-temporel, les marques, même anamorphiques, d’une mimesis plus ou moins limpide ; la dystopie ne reproduit pas la réalité mais suscite des regards qui transcendent la diégèse pour amorcer un questionnement ontologique sur les personnages – individus ou sociétés – et penser à un horizon temporel qui ne soit ni dystopique… ni utopique. L’image ambiguë, mais assez réaliste, de certains héros peut nourrir la réflexion des élèves : que penser du personnage de Tally qui, d’un volume à l’autre revendique son statut d’« Ugly » puis, après son opération chirurgicale, devient elle-même « Pretty » avant d’être enrôlée au sein des « Specials » 53 ? Proposer une telle héroïne qui n’arbore pas, contrairement à beaucoup d’autres, une immuable et totale perfection morale peut conduire à une réflexion sur la difficile construction de l’individu. Ainsi, la lecture du roman dystopique est souvent une lecture scopique.

L’actualité et sa médiatisation permettent de déceler des échos que nous renvoie l’imaginaire du roman d’anticipation. Les programmes français de l’enseignement du français en collège – nous pensons surtout à ceux du cycle 4, de la cinquième à la troisième 54 – peuvent accueillir cette mise en perspective. Les programmes officiels prescrivent un enseignement dans le cadre de « questionnements », cinq par an, lesquels peuvent éventuellement être croisés ou s’intégrer à un « Enseignement Pratique Interdisciplinaire » (EPI). Certains questionnements pourraient s’appuyer sur la lecture, cursive ou séquentielle de romans évoqués ci-dessus, entre autres : « Imaginer des univers nouveaux » (5e), « La ville, lieu de tous les possibles » ? (4e), « Dénoncer les travers de la société » (3e), « Agir dans la cité, individu et pouvoir » (3ème), « Progrès et rêves scientifiques » (3ème)… Les EPI possibles sont aussi, pour certains, riches de travaux en commun croisant les disciplines, de débats, de comptes rendus de lecture, de réflexion écrite ou de création artistique : mêler fiction et explications scientifiques en s’appuyant sur des lectures ; mener un projet de recherche documentaire autour de questions comme « l’avenir de la planète ».

Notre monde ne voit-il pas surgir des inquiétudes nées d’un Mal souvent sans visage, et qui se colorent vaguement des terreurs éprouvées par les jeunes héros des romans ? L’apocalypse ? Elle nous est promise pour demain et on nous affirme parfois que nous la vivons déjà. Existe-t-il des guerres justes ? La question est posée dans le dernier volume de Hunger Games. Une actualité récente pourrait amener les élèves à s’approprier l’imaginaire science-fictionnel, celui de Uglies, notamment : le nombre croissant de jeunes adultes faisant appel à la chirurgie esthétique pour que leur apparence physique « colle » davantage à celle que leur renvoie les selfies par le biais des logiciels de retouche 55. Un monde où la beauté – plutôt une idée de la beauté – serait la marque d’appartenance à une élite ne serait-il pas une dystopie où, loin d’être sans visage, le Mal serait trop beau ? Si l’imaginaire dystopique destiné à la jeunesse ne prétend pas apporter des réponses formatées aux questions que se posent – et se poseront – les adolescents, il peut contribuer à aiguiser leur regard sur le Bien et le Mal.

 

  1. 1 Elle a inspiré, entre autres, la fameuse trilogie de Philip Pullman, À la croisée des mondes (His Dark Materials), Jean Esch (trad.) : Les Royaumes du Nord (Northern Lights), Paris, Éditions Gallimard Jeunesse, « Folio Junior », 2000 [1995] ; La Tour des Anges (The Subtle Knife), Paris, Éditions Gallimard Jeunesse, « Folio Junior », 2000 [1997] ; Le Miroir d’ambre (The Amber Spyglass), Paris, Éditions Gallimard Jeunesse, « Folio Junior », 2002 [2000].
  2. Gottfried Wilhelm Leibniz, Essais de Théodicée, Paris, Garnier-Flammarion, 1969 [1710], p. 108.
  3. Valérie Stiénon, « La Dystopie française d’Émile Souvestre à Léon Daudet », p. 111-123, in Jean-Paul Engélibert, Raphaëlle Guidée (dir.), Utopie et catastrophe, Revers et renaissances de l’utopie, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2015, p. 111.
  4. Suzanne Collins, Hunger Games, Guillaume Fournier (trad.), tome 1 : The Hunger Games, Paris, Pocket Jeunesse, 2009 [2008] ; tome 2 : L’Embrasement, Paris, Pocket Jeunesse, 2010 [2009] ; tome 3 : La Révolte (Mockingjay), Paris, Pocket Jeunesse, 2011 [2010].
  5. Yves Grevet, Meto, tome 1 : La Maison, Paris, Éditions Syros, 2008 ; tome 2 : L’Île, Paris, Éditions Syros, 2009 ; tome 3 : Le Monde, Paris, Éditions Syros, 2010.
  6. Michael Grant, Gone, Julie Lafon (trad.), tome 1, Paris, Pocket Jeunesse, 2012 [2008] ; tome 2 : La Faim (Hunger), Paris, Pocket Jeunesse, 2013 [2009] ; tome 3 : Mensonges (Lies), Paris, Pocket Jeunesse, 2014 [2009] ; tome 4 : L’Épidémie (Plague), Paris, Pocket Jeunesse, 2015 [2011] ; tome 5 : La Peur (Fear), Paris, Pocket Jeunesse, 2015 [2011] ; tome 6 : La Lumière (Light), Paris, Pocket Jeunesse, 2016 [2013].
  7. De façon symétrique, l’utopie aussi appelle la clôture : Thomas More fonde le motif dans un espace insulaire (L’Utopie, 1516) et la France-Ville de Jules Verne est construite sur un espace désert de l’état nord-américain de l’Oregon (Les cinq cents millions de la Bégum, 1879).
  8. Roger Bozzeto, « Utopie et Dystopie », p. 69-78, Raison présente, n° 36, octobre-décembre 1975, p. 72.
  9. William Nicholson, Les Secrets d’Aramanth (The Wind Singer), Diane Ménard (trad.), Paris, Gallimard Jeunesse « Folio Junior », 2002, p. 30. La circularité des villes est un motif récurrent dans l’imaginaire mythique, de la capitale des Atlantes décrite par Platon dans son Critias (115) à la Stahlstadt du Dr Schultze dans Les cinq cents millions de la Bégum de Jules Verne.
  10. Roger Bozzeto, « Utopie et Dystopie », op. cit., p. 75.
  11. Lois Lowry, Le Passeur (The Giver, 1992), Frédérique Pressmann (trad.), Paris, L’école des loisirs, 1994, p. 102.
  12. James Dashner, L’Épreuve, Guillaume Fournier (trad.), tome 1 : Le Labyrinthe (The Maze Runner), Paris, Pocket Jeunesse, 2016 [2009] ; tome 2 : La Terre brûlée (The Scorch Trials), Paris, Pocket Jeunesse, 2016 [2010] ; tome 3 : Le Remède mortel (The Death Cure), Paris, Pocket Jeunesse, 2016 [2011].
  13. Joelle Charbonneau, L’Élite (The Testing), Amélie Sarn (trad.), tome 1 : Résilience, Paris, Librairie Générale Française, « Le Livre de Poche Jeunesse, 2018 [2013] ; tome 2 : Sous surveillance (Independant Study), Paris, Librairie Générale Française, « Le Livre de Poche Jeunesse, 2019 [2014] ; tome 3 : Dernière épreuve (Graduation Day), Toulouse, Éditions Milan, 2016 [2014].
  14. Sott Westerfeld, Uglies, Guillaume Fournier (trad.), Paris, Pockett Jeunesse, 2011, p. 221.
  15. Lois Lowry, L’Élue (Gathering Blue), Bee Formentelli (trad.), Paris, Gallimard Jeunesse, « Folio junior », 2002, p. 97.
  16. Id., p. 122.
  17. Joelle Charbonneau, L’Élite (The Testing), tome 1, Amélie Sam (trad.), Paris, Librairie Générale Française, « Le Livre de Poche Jeunesse », 2018, p. 144.
  18. Veronica Roth, Divergente, tome 1, Anne Delcourt (trad.), Paris, Nathan, 2011, p. 44.
  19. Yves Grevet, Meto, tome 3 : Le Monde, Paris, Syros, 2010, p. 90.
  20. Suzanne Collins, Hunger Games, tome 1, op. cit., p. 25.
  21. Caroline Julliot, Le Grand Inquisiteur, naissance d’une figure mythique au XIX ͤ siècle, Paris, Honoré Champion, 2010, p. 44.
  22. Paul Ricœur, Le Mal, un défi à la philosophie et à la théologie, Genève, Labor et fides, 2004, p. 22.
  23. Raphaël Baroni, La Tension narrative, Paris, Seuil, 2008, p. 18.
  24. Les titres choisis par Joelle Charbonneau pour sa trilogie montrent bien la prégnance du motif de la sélection (cf. note 17).
  25. William Nicholson, Les Secrets d’Aramanth, op. cit., p. 16.
  26. Scott Westerfeld, Uglies, op. cit., p. 114.
  27. Marcel Conche, Orientation philosophique, Paris, Les Belles Lettres, 2011, p. 38.
  28. Lois Lowry, Le Passeur, op. cit., p. 246-247.
  29. « Nothing elevates one person above another quite like watching him or her die. » Andrew Shaffer, « The Joy of watching others suffer. Schadenfreude and the Hunger Games », p. 75-89, in : George A. Dunn & Nicolas Michaud (dir.), The Hunger Games and Philosophy. A Critique of Pure Treason, Hoboden (New Jersey, USA), John Wiley & Sons, 2012, p. 78 (notre traduction).
  30. James Dashner, La Terre brûlée, Paris, Pocket Jeunesse, 2016, p. 261.
  31. Joelle Charbonneau, L’Élite, tome 2 : Sous surveillance, op. cit., p. 252.
  32. Claudie Bernard, Le Passé recomposé, Hachette, 1996, p. 223.
  33. Leibniz, Essais de théodicée, op. cit., p. 205.
  34. Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray), Edmond Jaloux, Félix Frappereau (trad.), Paris, Stock, 1965 [1890], p.197.
  35. René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, p. 29-292, René Girard, De la violence à la divinité, Paris, Grasset, 2007, p. 39.
  36. René Girard, Je vois Satan tomber comme l’éclair, Paris, Grasset, 1999, p. 25.
  37. Michael Grant, Gone, tome 2 : La Faim, op. cit., p. 180.
  38. Paul Ricœur, Le Mal, op. cit., p. 24-25.
  39. René Girard Je vois Satan tomber comme l’éclair, op. cit., p. 65.
  40. Umberto Eco, Construire l’ennemi, Paris, Grasset, 2014, p. 40.
  41. H.R. Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, 1978, p. 167.
  42. Id., p. 165.
  43. Ibid.
  44. James Dashner, Le Remède mortel, Paris, Pocket Jeunesse, 2016, p. 442.
  45. William Nicholson, Les Secrets d’Aramanth, op. cit., p. 255.
  46. Scott Westerfeld, Specials, Paris, Pocket Jeunesse, 2012, p. 8.
  47. Id., p. 10.
  48. Lois Lowry, Messager (Messenger), Agnès Desarthe (trad.), Paris, L’école des loisirs, « Médium », 2005, chap. 7-10.
  49. Christian Chelebourg, Francis Marcoin, La Littérature de jeunesse, Paris, A. Colin, 2007, chap. 3.
  50. Monique Noël-Gaudreault, Miroir ou arme de persuasion : que peut la littérature de jeunesse ?, p. ,17-27, in Kodjo Attikpoé (dir.), Les Pouvoirs de la littérature de jeunesse, Berlin, Peter Lang, 2018, p. 17.
  51. James Dashner, Le Labyrinthe, op. cit., 2016.
  52. Michael Grant, Gone I à VI.
  53. Scott Westerfeld, Uglies, Pretties, Specials, op. cit.
  54. Ministère de l’Education Nationale (France), Programme d’enseignement du cycle des approfondissements (cycle 4), Culture littéraire et artistique, Croisements entre enseignements, s.d. https://www.education.gouv.fr/sites/default/files/2020-02/t-l-charger-les-programmes-48461.pdf.
  55. On peut lire à ce sujet, entre autres : Camille Gaubert, « La “dysmorphie Snapchat” : quand les patients veulent se faire opérer pour ressembler à leurs selfies retouchés », Sciences et avenir, 20/10/2019, https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/la-dysmorphie-snapchat-quand-les-patients-veulent-se-faire-operer-pour-ressembler-a-leurs-selfies-retouches_127133.