Les corps ressuscités de <em>Outlander</em>. Transmission d’une histoire et d’une identité

Les corps ressuscités de Outlander. Transmission d’une histoire et d’une identité

Par MILLOT Agnès

Je n'ai jamais eu peur des fantômes. Je vis avec eux tous les jours, après tout... Toute bibliothèque en est remplie. Je peux prendre un livre sur des étagères poussiéreuses, et être hantée par les pensées d'un mort depuis longtemps, toujours aussi vivant dans leur feuille sinueuse de mots... Regardez en arrière, tenez une torche pour éclairer les recoins de l'obscurité. Écoutez les pas qui résonnent derrière vous, lorsque vous marchez seul. Tout le temps, les fantômes passent et nous traversent, se cachant dans l'avenir. Nous nous regardons dans le miroir et nous voyons les ombres d'autres visages qui regardent en arrière à travers les années ; nous voyons la forme de la mémoire, debout, solide, dans une porte vide. Par le sang et par choix, nous faisons nos fantômes ; nous nous hantons  1.

 

C’est en ces termes que Claire Beauchamp, jeune infirmière anglaise durant la seconde guerre mondiale, définit sa relation avec les fantômes. Par le mystère des pierres, elle fait un voyage dans le temps de deux cents ans et se retrouve projetée dans la période tumultueuse de l’Écosse jacobite. Elle croisera sur sa route l’ancêtre de son mari, violent et déterminé à soumettre cette Ecosse encore indépendante au joug de la couronne d’Angleterre, ainsi que James Fraser, un highlander fier et courageux, épris de son pays, dont elle tombera amoureuse.

Dans cette série britannico-américaine adaptée des romans de Diana Gabaldon qui aborde le voyage dans le temps et par là même la présence/absence des personnages dans leur temporalité, il n’est guère étonnant de constater l’ubiquité de fantômes qui, selon la définition de Jacques Derrida 2, se caractérisent eux-aussi par leur présence/absence. Si la magie et le surnaturel sont des thèmes récurrents de la série, ils s’effacent et deviennent secondaires pour faire place à la construction des personnages et leur parcours initiatique au fil des épreuves morales et physiques qu’ils auront à surmonter. Ce parcours est jalonné de rencontres avec des figures spectrales de toute sorte et de toute nature ; elles vont tenir un rôle à part entière et peupler la série tout comme elles peuplent les rues d’Inverness à l’approche de Beltane 3, avec de bonnes ou de mauvaises intentions. Quelles sont les intentions de ces différentes figures dans la « résurrection » des personnages ?

Commence alors un autre voyage qui amènera la rencontre de fantômes dits historiques ou de mémoire collective. Ces figures furtives qui hantent le lieu de leur dernière demeure, font une incursion dans la petite histoire pour changer l’Histoire et tenter de délivrer un message afin de perpétuer leur culture et identité. Le voyage est parsemé d’expériences et d’histoires violentes et traumatisantes. Les spectres, bienveillants ou hostiles, accompagnent les personnages dans leurs combats contre leurs fantômes, leur lutte pour se libérer de leurs traumas et de leurs obsessions, leur quête d’identité et leur renouveau. Cette quête et ce parcours s’avéreront indispensables pour ceux qui reviennent d’entre les morts afin qu’ils parviennent à retrouver leur place et leur voie parmi les vivants. Corps spectraux mais également physiques accompagnent ce parcours.

 

1. Les fantômes historiques du passé, du présent et du futur

1.1. Perpétuer l’histoire

La bataille historique de Culloden fait quasiment office de personnage, avec notamment une saison 2 tout entière dédiée au séjour de Jamie et Claire en France pour tenter, en vain, de faire avorter la bataille de Culloden Moor. Elle aura cependant bien lieu le 16 avril 1746, une bataille éclair qui, en moins d’une heure, décima les catholiques highlanders fidèles à Charles Edouard Stuart (resté dans la mémoire populaire sous le nom de Bonnie Prince Charlie). Les quelques rescapés feront l’objet d’une répression sanglante et seront poursuivis avec acharnement 4. L’endroit où les rebelles highlanders ont été enterrés est à présent marqué d’un cairn géant de pierres en mémoire de ceux qui sont tombés sur le champ de bataille. Les pierres deviennent spectrales, attachées d’une certaine façon aux esprits des morts, faisant de la lande de Culloden la dernière demeure des fantômes de ces highlanders, une demeure de l’entre-deux, un lieu à la fois hanté et déserté, à la manière des êtres visibles/invisibles qui la peuplent.

Claire se rend à deux reprises sur le champ de bataille, une première fois en 1946 accompagnée de son mari Frank, puis elle y retourne en 1968 afin de se recueillir sur la tombe du Clan Fraser. Par deux fois elle ressent les fantômes qui continuent de hanter les lieux. Lorsque la fiction rejoint la réalité… Aujourd’hui encore, les visiteurs prétendent voir la forme sombre d’un Highlander près du cairn. Ce guerrier aux cheveux noirs, dont on dit qu’il porte le tartan Stuart rouge, a également été vu allongé sur les pierres du cairn, comme s’il se reposait 5. La plupart des récits actuels font effectivement mention des esprits rôdeurs de ces soldats tombés au combat ou de ce guerrier fatigué. Le professeur Julian Holloway mentionne des parapsychologues tels que T.C. Lethbridge, Paul Devereux et Don Robins qui ont suggéré qu’« une sorte d’enregistrement psychique peut être imprimée sur un lieu, peut-être en raison de la violence ou de l’émotion forte qui y est générée ». Ainsi, les lieux et les objets peuvent, d’une certaine manière, contenir ou stocker des émotions, des souvenirs, ou même une conscience 6. Diana Gabaldon elle-même, lors d’un entretien avec Cathy MacDonald pour la chaîne gaëlique Alba de la BBC, confie avoir visité de nombreux sites historiques et champs de bataille. Si la plupart ne sont pas hantés, il n’en est pas de même pour celui de Culloden Moor, et elle fond presque en larmes en parlant des fantômes qu’elle a pu y ressentir 7.

Si la bataille de Culloden fut tragique en pertes humaines, elle ne le fut pas moins quant à la perte identitaire et culturelle. Comme se plaisent à le rappeler différents personnages tout au long des saisons, après Culloden, les jacobites sont anéantis et, en guise de représailles, les britanniques détruisent la culture highlander. Qu’attendent les fantômes de Culloden, ces corps tombés sur le champ de bataille, si ce n’est que soient perpétuées leur histoire et leur identité, à l’instar de ce guerrier fantôme, vêtu du tartan rouge des Stuart ?

La reconstruction historique magistrale de la série permet de raviver les fantômes de la culture écossaise : Murtagh et le petit morceau de tartan aux couleurs des Fraser qu’il porte continuellement sur lui en dépit de l’interdiction formelle des Britanniques 8. Est ravivée également l’autorité des chefs de clans, elle aussi supprimée, ainsi que le gaélique écossais, fréquemment utilisé dans la série, comme pour revisiter cette langue désormais perdue et peu usitée. L’histoire des personnages permet de raconter non seulement l’histoire de l’Ecosse mais aussi de perpétuer des noms et des identités, à l’instar du personnage de James Fraser, inspiré par la véritable histoire d’un groupe de jacobites qui avaient trouvé refuge dans une ferme et qui ont tous été tués par la suite, à l’exception d’un seul, dont le nom de famille est Fraser 9. A travers la série ou près des cairns de Culloden Moor, l’esprit de la culture et de l’identité highlander ne cesse de planer.

 

1.2. Changer l’histoire

Si la saison 1 porte essentiellement sur les révoltes jacobites, la saison 4 Drums of Autumn est, elle, consacrée aux Amérindiens et à leurs relations avec les colons, un autre pan de l’histoire. L’épisode 3 de cette quatrième saison 10 montre Claire, perdue et effrayée dans les bois jusqu’à ce que surgisse face à elle la figure fantomatique d’un indien d’Amérique qui apparait et disparait, sans mot dire. Lorsqu’il se retourne, la fente visible de son crâne fait écho à un crâne qu’elle a précédemment trouvé à demi enterré, orné de plombages en argent. Ce procédé n’ayant été découvert qu’au XIXe siècle, Claire prend conscience que cette apparition est elle aussi un voyageur dans le temps, passé à travers les pierres afin de prévenir les Mohawks de l’extinction du peuple iroquois s’ils ne combattaient pas les colons 11. Ses prédications causèrent de grands troubles dans le village et les Mohawks n’eurent pas d’autre choix que de le bannir pour finalement le décapiter. Son fantôme continue cependant de hanter le village.

La hantise symbolise souvent la recherche d’accomplissements, avec des fantômes qui reviennent pour s’occuper d’affaires inachevées, ou parce que les torts qui leur ont été causés n’ont pas été réparés. Pour Steve Pile, les fantômes perturbent la temporalité parce qu’ils représentent « une injustice non révélée – une mort, une hantise : une tragédie pour laquelle il n’y a pas encore d’histoire12 ». Claire, à l’instar de son neveu Ian, ne manque pas de faire un parallèle entre le sort réservé aux Amérindiens et celui, guère différent, de ce que les Anglais ont fait aux Highlanders. Sandi Solis dresse d’ailleurs un parallèle entre Culloden et Wounded Knee, deux tentatives d’extermination de la population et de la culture avec, pour les sioux, la fin des rites connus sous le nom de « Danse des fantômes 13 ».

Le couple Jamie/Claire se trouve de nouveau confronté à la difficile tâche de changer l’Histoire, ils font partie d’une petite histoire dans l’Histoire. Si le fantôme d’Otter Tooth apparu devant Claire révèle son identité en dévoilant les stigmates que porte son crâne, c’est pour qu’elle se substitue à lui et continue de perpétuer les avertissements au peuple indien, ce dont elle est pleinement consciente lorsqu’elle explique à Wakhailosta, du peuple Mohawk : « Je crois que les esprits n’existent que quand il y a une chose à se rappeler. Une histoire digne d’être racontée ou un message digne d’être transmis14. » Même si le fantôme d’Otter Tooth reste muet, il est le dépositaire d’une histoire qu’il s’agit de transmettre et qu’il faut tenter de changer. Il fait partie des fantômes de mémoire collective, des produits culturels symboliques qui, pour Vinciane Despret, expriment les anxiétés et les tabous d’une époque, représentent une tragédie passée ou une injustice refoulée 15.

À Claire d’achever ce qu’il n’est pas parvenu à accomplir : convaincre le peuple Mohawk de s’organiser entre tribus pour se défendre contre les colons et empêcher leur extinction prochaine. Claire et Jamie échoueront ; les fantômes de Culloden ou le fantôme d’Otter Tooth démontrent que les événements historiques ne peuvent être changés malgré la connaissance de l’avenir ; seules quelques modifications peuvent être opérées. Pour transformer leur petite histoire, les personnages de la série devront d’ailleurs opérer plus que des modifications pour surmonter les événements tragiques qui jalonnent leur parcours initiatique.

 

2. Spectres et hantise : vivre avec ses fantômes

2.1. La guérison de l’âme

Les fantômes hantent la série comme ils hantent les personnages principaux. Ainsi Brianna, fille de Claire et de Jamie, est hantée par le visage de son violeur, Bonnet, un souvenir douloureux qui dépasse l’obsession et se transforme en véritable hantise. Il hante ses rêves qui se transforment en cauchemars. Des scènes récurrentes la montrent retranscrire le visage de son tortionnaire en dessins très sombres, amenant sa servante Lizzie à lui demander si elle est possédée. Alors qu’elle reproduit ses traits, le visage fermé, tremblante, respirant fort, les réactions corporelles de Brianna trahissent une atteinte physique et psychologique. Le fantôme de Bonnet est une construction intérieure qui s’incarne et s’exorcise sous la forme d’un besoin impérieux de le dessiner, ravivant le traumatisme de son viol.

Par ses dessins, Brianna semble vouloir, pour reprendre les propos de Serge Tisseron 16, faire ressusciter le mort ; ainsi, ce n’est pas le mort qui s’impose au vivant, mais le vivant qui semble vouloir le ressusciter et entretient sa présence. Il vient troubler son monde intérieur sous la forme de pensées incessantes. Ainsi, l’obsession de Brianna à dessiner le visage de Bonnet ne permet pas sa conjuration mais son retour. Ce qu’il fera, en chair et en os alors qu’elle le pensait disparu après l’explosion de la prison.

On ne peut que relever un parallèle entre l’histoire de Brianna et celle de son père. Tous deux violés et atteints dans leurs corps, tous deux hantés par leurs violeurs, tous deux voyant réapparaître leurs tortionnaires alors qu’ils étaient voués à une mort certaine. Bonnet donc, et Black Jack Randall qui, lui, échappe à la mort à deux reprises, ce qui amènera Jamie à l’appeler « le chat aux neuf vies », que l’on peut également percevoir comme une allusion ironique à la propension de Black Jack à faire corps avec le redouté « chat à neuf queues ».

Père et fille ont subi la même agression de leurs corps, devenus les témoins des traumas de leur histoire et tous deux en subissent les conséquences : Brianna dont le corps a probablement porté l’enfant ayant résulté du viol, un enfant qui continuera à perpétrer l’histoire et l’identité de Bonnet ; Jamie, dont le corps a pris du plaisir, trahissant non seulement ce qui caractérise son identité, sa fierté et son honneur, mais également sa femme. Il ne peut plus faire l’amour à Claire sans voir apparaître le visage de Black Jack, responsable de son corps souillé. Outlander souligne la nécessité apportée par la hantise de spectres et de fantômes, à la fois absents et présents. Cette obsession de leurs tourmenteurs est en effet l’élément déclencheur pour que les personnages parviennent à mettre en place un processus de guérison suite au viol subi, qu’ils parviennent à se réconcilier avec leur corps, qu’ils cheminent vers la guérison de leur âme.

Outlander présente de nombreuses scènes de viols et la plupart des membres de la famille Fraser n’ont pu y échapper (Jamie, Claire, Brianna, Fergus, Ian) ; les auteurs de la série, y compris Diana Gabaldon, expliquent cette récurrence avec leur désir de vouloir mettre en scène les mécanismes de défense mis en place par les victimes pour faire face à ce traumatisme, « un catalyseur d’intrigues qui forgent les personnages, afin de traiter la façon dont ils se remettent de cet événement traumatisant et dommageable, ainsi que la résilience de l’esprit humain 17 ». Refaire vivre leurs tortionnaires et prendre le soin de mettre un terme à leurs fantômes en les tuant eux-mêmes achève la réconciliation. Il ne s’agit pas uniquement de vengeance mais bel et bien de ne pas mourir spirituellement et de revenir à la vie. Aussi douloureuse que peut être la hantise de ces traumatismes, elle apparait néanmoins nécessaire pour parvenir au travail de deuil et pouvoir poursuivre sa vie. Ils ont ainsi un caractère utile comme peuvent l’avoir d’autres fantômes, plus sécurisants.

 

2.2. L’émulation de la bénédiction du père

Une autre rencontre spectrale permet à Brianna d’entamer son voyage vers sa quête d’identité. Alors qu’elle s’apprête à quitter l’Ecosse pour un long périple pour l’Amérique, elle voit le fantôme de son père adoptif, Frank, sur le quai du port 18, une figure rassurante. Un sourire et un signe de tête signifient son accord pour sa quête de retrouver son père biologique et donnent à Brianna le courage de poursuivre sa route. Une scène émouvante où le langage du corps prend tout son sens, le seul moyen de communiquer avec le fantôme de Frank. Son sourire et son assentiment montrent toute la chaleur et l’amour paternel bien qu’il ne soit pas biologiquement lié à Brianna, et lui confèrent une véritable corporalité. Sa fille lui répond par ces mêmes codes – un sourire et un signe de tête – avant que son corps tout entier ne dévoile le courage et la force insufflés par cette apparition : profonde respiration, sourire radieux qui illumine son visage, port de tête altier et démarche assurée, Brianna est prête à entreprendre la traversée non seulement de l’océan atlantique, mais aussi de son voyage initiatique qui la mènera à découvrir sa véritable histoire et identité.

Le fantôme de Frank correspond à la définition du « médiateur » de Vinciane Despret : « Les vivants s’adressent aux morts et les morts leur répondent par des signes, qui s’inscrivent dans leur corps, dans un rêve ou dans une apparition, dans un sourire 19. » Les signes adressés aux vivants sont vécus par ces derniers comme une marque d’attention du mort et, dans le cas de Brianna, le signe qu’elle attendait pour poursuivre sa route.

Brianna a toujours entretenu une forte relation avec son père non biologique ; même mort, elle a continué d’entretenir un lien avec lui, dont la présence/absence planait constamment dans les souvenirs de sa fille. Une relation extrêmement forte, plus forte même qu’avec sa mère qui n’est jamais parvenue à aimer à nouveau Frank, incapable de suivre les conseils de Madame Graham, employée du Révérend Wakefield, qui lui suggérait de « ne pas passer le reste de ses jours à chasser un fantôme, alors qu’il y a un homme, un homme réel de chair et de sang, qui l’aime encore de tout son cœur 20 », incapable de vivre sans le fantôme de Jamie.

 

2.3. Duo de rêves hallucinatoires

Frank (à Claire).— Nous élèverons cet enfant comme le nôtre [Brianna]. Le nôtre. Le tien et le mien.

Claire.— Elevé dans un mensonge.

Frank.— Non avec un père. Vivant. Un homme qui respire.

Claire.— Pas un fantôme.

Frank.— Exactement. Tu dois le laisser partir.

Claire.— Il m’a fait promettre de le laisser partir. Alors je le ferai  21.

 

En dépit de cette double promesse faite à Jamie comme à Frank, Claire ne parvient pas à vivre sans le fantôme de Jamie, hantée par son souvenir pendant leurs vingt années de séparation, comme elle le confesse à plusieurs reprises après leurs retrouvailles. Comment pouvait-elle y parvenir alors que leur fille Brianna lui ressemble tant, même chevelure et même caractère impétueux ? Cette ressemblance est accentuée par les scénaristes ; la caméra montre Claire regarder sa fille dormir de dos, se pose sur ses cheveux et sa nuque pour ensuite nous projeter directement au 18e siècle et se poser sur le dos et la nuque de Jamie 22. Ils réitèrent avec un fondu enchaîné entre deux plans : la pierre du clan Fraser où est censé reposer Jamie et le visage de Brianna 23 ; difficile de dissocier le père de la fille.

Claire ne peut honorer ses promesses de faire son deuil de Jamie et n’essaie guère d’échapper à sa hantise en se nourrissant d’hallucinations. Que ce soit lorsqu’elle revient à Lallybroch dans les années 1960 où le fantôme de Jamie apparait furtivement, vêtu de son tartan 24, ou lorsqu’il vient jusqu’à s’immiscer dans le lit conjugal et prendre la place de Frank 25, l’homme réel fait de chair et de sang.

Il y a une forte similitude entre le désir de Claire de vivre avec le fantôme de Jamie et l’impossibilité pour lui de mourir en raison de la persistance des souvenirs de Claire. Le premier épisode de la troisième saison 26 s’ouvre sur Jamie, gravement blessé après la bataille de Culloden. Il prend une respiration rauque, un souffle qui indique qu’il est bien vivant, « un homme qui respire » pour reprendre les propos de Frank. Nous le rejoignons dans ses souvenirs de cette bataille : sa brève rencontre avec son parrain Murtagh, qu’il pense désormais mort ; les quelques instants pris pour sentir la cape de Claire après qu’elle est partie rejoindre son mari Frank avec leur futur bébé ; la mort de son clan, décimé par les anglais et la bataille finale avec son tortionnaire Black Jack Randall, dont le corps s’est effondré sur lui, ce corps inerte si détesté qui lui sauve probablement la vie en faisant compression sur la plaie. Souffrant et agonisant au milieu du charnier, hanté par ces images de mort et de disparition, il n’a plus de raison de vivre. C’est au moment où il est sur le point de succomber qu’apparait la figure spectrale de Claire, vêtue de blanc, en contraste total avec le sang et la mort qui l’environnent.

Seuls ceux qui sont prêts à accueillir un fantôme sont capables de le voir, comme le montre Martine Delvaux dans son analyse sur le spectre du père d’Hamlet 27. La fragilité de Jamie ouvre la porte au fantôme de Claire et lui permet de le voir ; il pense même qu’elle le touche en lui demandant s’il est encore en vie, mais c’est finalement le visage de Rupert MacKenzie qui se superpose à celui de sa femme 28.

Même s’il a tout perdu, cette apparition fantomatique de Claire vient l’encourager à vivre. Revenu à la vie, il passera lui aussi les vingt années suivantes à vivre avec le fantôme de sa femme, hanté par son souvenir. Si Claire superpose le visage de Jamie à celui de Frank, Jamie, lui, superpose celui de Claire à celui de sa sœur Jenny 29. Le fantôme de leur amour ne cesse de les hanter ; le couple Claire/Jamie perdure en dépit de la séparation à travers les fantômes de l’un et de l’autre.

Dans Outlander, les fantômes ont une fonction essentielle et curative pour guérir les blessures de l’âme, des apparitions qui permettent de réparer et de se relever d’un traumatisme ou qui donnent la force de se rétablir et de poursuivre son histoire et sa quête d’identité ; ces corps spectraux ont toute leur utilité. Qu’en est-il de celle des corps faits de chair et de sang ?

 

3. Revenir d’entre les morts

Si de nombreux personnages frôlent la mort à plusieurs reprises, à l’instar de Claire, Murtagh, Black Jack Randall, Bonnet…, Roger MacKenzie et Jamie ont la particularité de revenir d’entre les morts.

 

3.1. La figure du pendu

La série offre de nombreuses scènes de pendaison, une exécution courante au XVIIIe siècle 30, des scènes qui s’accompagnent du bruit des cous qui craquent et des corps qui oscillent longuement entre la vie et la mort lorsque celle-ci n’est pas instantanée, avant de cesser de se balancer en une immobilité qui signifiera la fin de ces corps et de leur histoire. Pris pour un membre de la milice des Régulateurs, Roger est condamné à la pendaison, sans même avoir la chance de s’exprimer avant qu’on ne lui passe la corde autant du cou, sans savoir qu’il ne pourrait prononcer de derniers mots 31. En se protégeant le cou d’une main, il échappe à la mort mais la corde a réussi à tuer un morceau de lui : sa voix. Il revient, muet, d’entre les morts. Sa nouvelle identité lui apparait pleinement lorsque Marsali lui tire les cartes : la figure du pendu, symbole et signe d’un corps inactif et impuissant 32. Est-il condamné à être le pendu toute sa vie, à se balancer entre ciel et terre ?

Il ne peut plus s’exprimer, ne peut pas remercier Ian qui a pris sa place chez le peuple Mohawk, ni même chanter pour son fils. Il est l’ombre de l’homme qu’il était avant, tel un fantôme ambulant. Les autres personnages et tout particulièrement sa femme Brianna essaient de communiquer avec lui et d’entendre les paroles muettes qu’il semble articuler mais il ne peut plus compter que sur son regard, ses mimiques, le langage corporel.

Il n’a pas seulement perdu sa voix, mais également ce qui façonne son identité : professeur qui transmet l’histoire grâce à sa voix et ses mots, mais aussi chanteur s’accompagnant à la guitare ; érudit et musicien dans son passé. Quelle est sa valeur sans sa voix ? Nous retrouvons le thème récurrent du trouble post-traumatique cher aux producteurs de la série et c’est au tour de Roger de souffrir. Afin d’insister sur l’expérience traumatique de la perte de sa voix, l’épisode 8 de la saison 5 est accentué comme un film muet, rejouant la scène de la pendaison en noir et blanc et permettant de pénétrer ses pensées 33. Ce sera finalement Ian qui amènera Roger à parler à nouveau. Tous deux traversent une période très sombre et détestent leur nouvelle identité. Ils décident mutuellement de quitter cette enveloppe maudite et de sortir du gouffre dans lequel ils s’enlisaient.

Roger n’essaie pas de retrouver son ancienne identité. Il se rend compte qu’il est un homme nouveau et transformé après sa « presque mort ». Il a achevé son processus de guérison. Ce changement d’histoire montre qu’il a surmonté son traumatisme et sa voix redeviendra audible. Il a retrouvé sa voix et par là même sa voie et sa place dans l’histoire au milieu des Frasers.

Si la perte historique et identitaire de Roger s’est uniquement portée sur son organe vocal, Jamie, lui, sera atteint sur une autre partie corporelle et portera à même la peau son histoire et son identité.

 

3.2. La marque du diable 34

La première expérience de « presque mort » de James Fraser correspond à sa rencontre avec Black Jack Randall et le fouet, le terrible chat à neuf queues (cat-o’-nine tails). La flagellation à l’aide de cet instrument était une punition courante au XVIIIe siècle, généralement publique, avec le double objectif de punir le criminel mais aussi de dissuader le public présent de commettre tout délit. Black Jack ne s’arrête pas à ce double objectif ; il entend marquer ce corps rebelle afin que son état de servitude soit démontré. Le marquage (ou toutes autres marques provoquées par les châtiments corporels) désigne non seulement la propriété mais également une déchéance et une dépossession de soi 35. Randall mettra tout en œuvre pour effacer la personnalité de Jamie. La scène de la seconde flagellation est à la limite du soutenable pour le public présent (le père de Jamie, d’ailleurs, succombera à un accident cérébral de voir son fils ainsi fouetté et voué à une mort certaine) : grimaces à chaque coup de fouet asséné sur son dos déjà meurtri, sang qui coule de ses blessures et s’accumule sur le pilori, sa peau écorchée gardera à vie les stigmates de ce terrible événement 36. Black Jack ne parvient cependant pas à le faire flancher, à lui faire courber l’échine car Jamie ne crie ni ne supplie, mais son dos portera à jamais les marques infligées par son tortionnaire, des cicatrices que ce dernier qualifie comme étant son plus grand chef d’œuvre 37.

Jamie aurait dû succomber à ses blessures mais seules des parties physiques de son corps sont mortes et son dos restera mutilé, recouvert de cicatrices et de boursouflures de la nuque jusqu’au bas des reins, amenant Black Jack à lui demander « quel effet cela fait-il d’être vivant et de porter autant de chair morte 38 ». Il achève sa tentative de possession en le marquant au fer, une marque que Jamie arrivera à extraire mais son dos restera une preuve éternelle de son histoire. « La marque produit du sens, elle interpelle, désigne, énonce et dénonce 39 » ; ses cicatrices et sa peau marquée sont des inscriptions visibles qui suggèrent un vécu et révèlent des blessures identitaires. Ses peaux mortes, au même titre que ses marques corporelles, montrent le rite initiatique accompli par Jamie : de l’adolescent qui n’osait pas montrer son dos à la demande de son oncle Duncan, il a appris à ne pas avoir honte de son corps et à exhiber son dos lacéré sans se sentir avili, un corps qui deviendra d’ailleurs un objet de convoitise pour Randall comme pour Claire. Cette peau qui fait signe fait partie de son identité, témoin de ses relations avec Black Jack, l’oppresseur et l’envahisseur anglais et le Highlander écossais opprimé, mais aussi la preuve identitaire de son sens de l’honneur et de son courage d’avoir supporté et survécu au fouet. C’est presque avec fierté qu’il exhibe son dos lacéré, où est inscrit à jamais son acte d’héroïsme individuel ; cette partie pourtant morte renforce son identité et sa position de chef de clan de Ridge.

 

3.3. Le corps pour redonner vie

Si son corps a survécu, il lui faudra cependant lutter pour surmonter l’épreuve du viol par Black Jack. Comme il l’avoue à Claire : « Randall m’a fait ramper, m’a fait supplier ; avant qu’il n’ait fini, il m’a donné très envie de mourir 40. » Jamie perd toute volonté de vivre au point de songer à mettre fin à ses jours et se meurt spirituellement. Secoué par sa femme qui le menace de mourir avec lui, il revient à la vie grâce à son amour. Elle le sauvera une deuxième fois alors qu’il vit une nouvelle expérience de mort imminente. Mordu par un serpent et en dépit des soins prodigués par Claire, l’infection gagne du terrain. Il ne peut se résoudre à accepter qu’elle l’ampute de sa jambe, préférant la mort au handicap. Au fur et à mesure que ses forces le quittent, il n’est plus que l’ombre de lui-même et devient de plus en plus transparent. Sur le point de succomber à ses blessures, il demande à Claire de le toucher, sachant qu’elle seule peut le ramener à la vie 41. D’une manière peu conventionnelle, grâce au corps et aux mains de sa femme, le souffle revient dans le corps de Jamie42. Il ne fait pas de doute qu’il revient de l’au-delà, ressuscité par le pouvoir quasi surnaturel de Claire43. Il peut poursuivre son histoire, plus fort que jamais. « Se confronter à la mort, c’est renforcer son rapport à la vie. C’est un levier puissant de transformation de soi, d’intensification de nos relations aux autres et un outil permettant d’identifier ce qui est essentiel 44 » et l’essentiel semble être, pour lui, d’endosser son rôle auprès de sa famille et de sa communauté. Il choisit de ne pas aller jusqu’au bout du tunnel aperçu et décide de retourner auprès de sa femme.

Il pourra à son tour, une fois de plus, sauver Claire, enlevée par les Brown. Pour échapper à la tragédie du viol, elle dissocie son corps de son esprit, un mécanisme de défense pour mettre son corps à l’abri. Elle s’évade pour se retrouver en sécurité et son rêve dissociatif l’emmène dans les années 1960, entourée de tous les êtres qui lui sont chers (même Murtagh revient d’entre les morts pour être présent 45). Dérivant dans et hors de la réalité, elle aperçoit Jamie et son corps de guerrier qui se mettra entre elle et ses agresseurs/violeurs, il reste à ses côtés, comme un rempart, alors que les corps de ses agresseurs tombent les uns après les autres. Le corps de Jamie lui servira aussi de protection où elle peut se sentir en « sécurité 46 », seul mot qu’elle prononce. Les toutes dernières images de la scène finale montrent leurs deux corps nus, enlacés, Claire en position fœtale, sous sa protection. Ils ne font plus qu’un, presqu’indissociables.

 

Leurs deux corps ont eu, tout au long des saisons, une place prépondérante dans la construction de leur histoire et de leur identité. Il ne fait aucun doute que le dernier événement tragique subi par Claire aura des conséquences et fera apparaître de nouveaux fantômes qui devraient se manifester dans la dernière saison de la saga. Sera aussi levé le mystère toujours inexpliqué du fantôme de Jamie qui apparait dès le premier épisode, observant Claire à Inverness en 1946. Frank est le seul à le voir ; il le décrira comme un homme grand, écossais, qui porte des vêtements typiques des vestiges de son passé culturel et identitaire, dont un sporran et une broche qui tient le tartan à l’épaule. En dépit d’un fort vent, ni le kilt ni le tartan ne bougent, semblant comme figés. Sa rencontre est apparentée à celle d’un fantôme, une substance qui ne peut être touchée ou frôlée et qui disparait subitement. Ebranlé par cette rencontre, Claire le questionne et lui demande s’il a vu un fantôme, « il n’est pas sûr de ne pas en avoir vu un 47 ».

Cette apparition ne sera plus évoquée et, en dépit des nombreuses théories des spectateurs chez qui le souvenir du spectre plane constamment, le mystère reste entier. Diana Gabaldon a laissé entendre qu’il s’agissait bien du fantôme de Jamie qui a une « affaire inachevée 48 » à régler. A l’instar des autres fantômes qui peuplent la série, il est certain que cette apparition n’est pas fortuite et a son utilité. Vinciane Despret relève la thématique commune à de nombreuses séries mettant en scène des spectres : les morts s’obstinent à rester parce qu’ils attendent quelque chose des vivants 49. Si cette thématique est fortement présente dans Outlander, la réciproque l’est tout autant : les vivants attendent quelque chose des morts. Les corps faits de chair et de sang ou les corps spectraux ont toute leur importance dans la série. Les fantômes sont des mystères qu’il faut résoudre ; une fois résolus, la quête sera achevée, le parcours initiatique terminé et la série pourra se clôturer.

 

  1. Diana Gabaldon, Drums of Autumn, New York, Random House, 1997. Je traduis. Extrait du prologue du 4e livre Drums of Autumn. Cet extrait sera le seul tiré du roman de Diana Gabaldon, l’article se concentrant ensuite exclusivement sur la série télévisée de Ronald D. Moore, saison 1 à saison 5, diffusée de 2014 à 2020. « I’ve never been afraid of ghosts ; I live with them daily, after all… Any library is filled with them. I can take a book from dusty shelves, and be haunted by the thoughts of one long dead, still lively as ever in their winding sheet of words… Look back, hold a torch to light the recesses of the dark. Listen to the foot steps that echo behind, when you walk alone. All the time the ghosts flit past and through us, hiding in the future. We look in the mirror, and see the shades of other faces looking back through the years; we see the shape of memory, standing solid in an empty doorway. By blood and by choice, we make our ghosts, we haunt ourselves. »
  2. Jacques Derrida, Spectres de Marx, Paris, Galilée, 1953, p. 25.
  3. Cette phrase fait référence aux propos de Frank à Claire dans le tout premier épisode de la série. Ronald D. Moore, Outlander, 01x01, Sassenach, ©Sony Pictures Television, 2014, 08:25. Belthane est le nom celtique gaélique de la troisième des quatre grandes fêtes religieuses de l’année celtique protohistorique (période qui va jusqu’à la conquête romaine et la christianisation de l’Irlande). Cette fête se célèbre le 1er mai.
  4. Murray Pittock, Great Battles Culloden, Oxford, University Press, 2016.
  5. Carol Kean, « Men in kilts, Ghosts of Culloden inspired Diana Gabaldon’s Outlander », Carolkean, 14 octobre 2016, https://carolkean.wordpress.com/2016/10/14/men-in-kilts-ghosts-of-culloden-inspired-outlander-by-diana-gabaldon.
  6. Julian Holloway, James Kneale, « Locating, haunting: a ghost-hunter’s guide », Cultural geographies, SAGE publications, 2008, p. 297-312, p. 299. La géographie de la hantise et de la spectralité étudie de manière scientifique des lieux hantés par des spectres attachés à ces lieux et qui ne peuvent se résigner à l’oubli ou le déni.
  7. Cathy MacDonald, Outlander, BBC & MG Alba, Glasgow, 29 janvier 2020, https://.
  8. Le Dress Act de 1746 interdisait le port du tartan et, par extension, tout symbole s’y rapportant.
  9. Relevé par Carol Kean, « Men in kilts, Ghosts of Culloden, inspired Diana Gabaldon’s Outlander », op. cit.
  10. Ronald D. Moore, op.cit., 04x03, The False Bride, 2018.
  11. Il faudra attendre la fin de la saison 4 pour en savoir plus sur l’identité de ce mystérieux fantôme amérindien, qui s’avère être un membre de Montauk Five, un groupe de cinq hommes qui cherche à promouvoir les droits des Amérindiens au XXe siècle. En 1968, Robert Springer, rebaptisé Otter Tooth (Dent de Loutre) n’a eu de cesse de se présenter au campement des Mohawks, les enjoignant à tuer les hommes blancs.
  12. Steve Pile, Real Cities : Modernity, Space and the Phantasmagorias of city life, London, SAGE publications, 2005, p. 139.
  13. Sandi Solis, « Culloden and Wounded Knee, Genocide, Identity and Cultural Survival », p. 17-30, in Valerie Estelle Frankel (dir), Outlander’s Sassenachs, Essays on Gender, Race, Orientation and the Other in the novels and television series, Jefferson, North Carolina, McFarland and Company, 2016.
  14. Ronald D. Moore, op.cit., 04x13, Man of worth, 2019, 18:09. « I believe that spirits exist only when there is something to remember, a story worthy of being told or a message worthy of transmission ».
  15. Vinciane Despret, Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent, La Découverte, Paris, 2015.
  16. Serge Tisseron, « Quand les revenants et les fantômes hantent le corps », Le Journal des Psychologues, vol. 238, n° 5, 2006, p. 55-58, p. 55.
  17. Propos de Diana Gabaldon recueillis par Jennifer Vineyard, « How the ‘Outlander’ team managed that shocking season Finale », New York Times, 10 mai 2020.
  18. Ronald D. Moore, op.cit., 04x07, Down the rabbit hole, 2018.
  19. Vinciane Despret, « Les morts utiles », Terrain, n°62, mars 2014, « Les morts utiles », Vinciane Despret (dir.), p. 4-13, p. 11.
  20. Ronald D. Moore, op.cit, 02x01, Through a glass, darkly, 2016, 14:37. « Don’t spend the rest of your days chasing a ghost. Not when there’s a man, a real flesh and blood living man, who loves you still with all his heart ».
  21. Ibid., 31: 38.
  22. Ronald D. Moore, op.cit., 02x13, Dragonfly in Amber, 2016, 12:27.
  23. Ibid, 01:24:79.
  24. Ronald D. Moore, op.cit., 02x13, Dragonfly in Amber, 2016, 19:05.
  25. Ronald D. Moore, op.cit., 03x02, Surrender, 2017, 09:92.
  26. Ronald D. Moore, op.cit., 03x01, The Battle Joined, 2017.
  27. Martine Delvaux, « Les spectres de Derrida », p. 15-24, in Martine Delvaux (dir.), Histoires de Fantômes, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, « Espace littéraire », 2005, p. 15.
  28. Ronald D. Moore, op.cit., 03x01, The Battle Joined, 12:17.
  29. Ronald D. Moore, op.cit., 03x02, Surrender, 2017, 07:31.
  30. Lorsque la menace jacobite s’est intensifiée avec la venue à maturité de Charles Edward Stuart, la loi sur la trahison (considérée comme la plus grave infraction jusqu’au XIXe siècle et qui condamnait à la pendaison tout crime de déloyauté envers la Couronne) s’est intensifiée. L’ouvrage de Frank McLynn, Crime and Punishment in eighteenth century England, Routledge, 1989, analyse parfaitement que l’échec des révoltes jacobites n’a pas seulement entraîné les procès les plus spectaculaires, mais a aussi permis d’intégrer d’autres crimes classés dans la catégorie de haute trahison, passibles de la pendaison, dirigés à l’encontre de tous ceux qui adhéraient à la maison des Stuarts.
  31. Ronald D. Moore, op. cit., 05x07, The Ballad of Roger Mac, 2020.
  32. Ronald D. Moore, op. cit., 05x08, Famous last words, 2020, 24:24.
  33. Ibid.
  34. Référence au titre de l’épisode 11 de la saison 1, The Evil’s mark, 2015.
  35. Agnès Millot, Discours et débats sur les châtiments corporels en Angleterre, thèse pour l’obtention du grade de docteur de l’Université Paris Diderot, 2010, p. 101. Ajoutons aussi que le marquage était également utilisé pour montrer la possession d’un animal ou de tout humain considéré comme du bétail, ainsi les esclaves noirs au XVIIe siècle.
  36. Ronald D. Moore, op. cit., 01x12, Lallybroch, 2015, 26:24.
  37. Ronald D. Moore, op. cit., 01x15, Wentworth Prison, 2015, 47:22.
  38. Ibid., 45:75. « How does it feel to be alive yet wear so much dead flesh ? »
  39. Frédéric Baillette, « Inscriptions tégumentaires de la loi », Quasimodo n°7, 2003, « Modifications corporelles », p. 61-88, p. 62.
  40. Ronald D. Moore, op. cit., 01x16, To ransom a man’s soul, 2015, 15:28.
  41. Ronald D. Moore, op. cit., 05x09, Monsters and heroes, 2020, 55:63
  42. Ibid., 46:18.
  43. L’acteur Sam Heughan évoque d’ailleurs cette résurrection dans le journal Glamour du 20 avril 2020 et laisse entendre des répercussions de cet événement dans les épisodes à venir, https://www.glamour.com/story/sam-heughan-on-outlander-season-five-finale.
  44. Thibaut de Saint Maurice, Des philosophes et des héros, First, 2019, p. 254.
  45. Ronald D. Moore, op. cit., 05x12, Never my love, 2020.
  46. Ibid., 48:35, « safe ».
  47. Ronald D. Moore, op. cit., 01x01, Sassenach, 2014, 01:05:45. « I’m not all sure that I haven’t. »
  48. Helen Kelly, « Outlander ending : Jamie Fraser’s ghost to make devastating final act for Claire », Express, A août 2020, https://www.ex.
  49. Vinciane Despret, « Être ou ne pas spectre », Libération, Libé des philosophes, novembre 2008, p. 15.